Les Piqueurs de St-Jean-des-Ollières - II

Deuxième partie - À lire précédemment : partie I

Au 18ème siècle : autres seigneurs

Au 18ème siècle, dans le royaume de France, le nombre d’aristocrates, d’origine ancienne ou anoblis, avait fortement augmenté. Il n’était point de paroisse qui ne comptât une ou plusieurs habitations nobles.
À St-Jean-des-Ollières vivaient De Bournat, seigneur de la Cruche, De Bard de la Garde au château du Viallard et Maximilien Duclaux, baron de l ’Estoille à la Gardette. Ces petits propriétaires voulaient mener la vie des grands seigneurs et pouvoir se présenter à leur cour dilapidant ainsi parfois tous leurs biens, tel le baron de l ’Estoille qui, résidant seul, fut trouvé mort le 31 août 1780 dans sa maison de la Gardette vide de meubles.

Avant la Révolution de 1789

Le territoire de la paroisse de St-Jean était sous la dépendance de plusieurs châtellenies.
La Fabrique (l’Eglise) de St-Jean percevait le cens des terres de Tialez, Louche (vers le cimetière), les Quérettes, le Viallard, le champ de Rouet, Soubre et la Font des Chaux (sans doute, actuellement, nommé « Champ de la Cure »). Ces redevances furent sanctionnées en 1753 et 1754 par divers actes reçus par Maître Barisson, notaire à St-Jean.

Les villages de La Tallerie, La Bâtisse, La Vie, Miodet, La Boissière, Le Mas, Ischamp, Artheyre, La Plagne, La Chabanne, La Cruche, La Collange, La Bénardie, Le Theil, Chaboulet, Le Viallard, Le Vacher, Rosnet, Les Chaux, Le Pic, Chalus et Le Bourg payaient le cens au seigneur de Boissonnelle.

Chavarot, Le Couderchet, La Broussas et La Garde payaient des redevances au seigneur de Boissonnelle et au baron de l ’Estoille, seigneur de Chabanne (commune de Brousse).

L’Eglise de St-Jean

On a vu dans les paragraphes précédents qu’au Moyen-âge la plus grande partie des terres de St-Jean-des-Ollières appartenait aux seigneurs de Montboissier et de Boissonnelle-Veauméode ; ils n’étaient toutefois pas les patrons temporels de l’église.
L’église, datée du 12ème siècle -r emaniée au 17ème et 19ème siècles- fut fondée par l’évêque de Clermont. Comme beaucoup d’églises de nos villages, elle a sans doute été construite des mains des fidèles, aidés de maçons étrangers qui parcouraient les campagnes, et sous la conduite d’un maître d’oeuvre. En 1225, l ’évêque de Clermont en fit don à l ’abbaye de la Chaise-Dieu. Elle est attestée dépendance de St-Dier-appartenant également à la Chaise-Dieu-en 1373, 1640 et 1682. Elle est classée à l ’inventaire des monuments historiques du 12 juillet 1963.
La nef latérale nord fut construite, sans doute, au 17 ème siècle, mais la construction de l ’église telle qu’elle est actuellement fut terminée seulement en 1853-(cf. délibération du conseil municipal du 3 mai 1846.)
Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal :
« Le trois du mois de mai mille huit cent quarante-six à sept heures du matin, le conseil municipal de la commune de Saint-Jean-des-Ollières s’est réuni au lieu ordinaire de ses séances et en cession ordinaire du mois de mai, conformément à l’article vingt-trois de la loi du vingt et un mai 1831. Sous la présidence du maire, étaient présents MM. Pierre Fouris, Benoît Chevalier, Michel Laroche, Antoine Foulhoux, Antoine Dupic, Claude Loubaresse, Antoine Rochette, Gilbert Dischamp, Antoine Dépailler, Benoît Chevalier dit Bailly, Pierre Chognon, Régis Gerle, maire.
Les plus forts contribuables ont été appelés à la réunion en nombre égal
conformément aux articles 39 et 40 de la loi du 15 mai 1818. Etaient présents MM. Claude Dupic, Benoît Chavarot, Claude Chevalier, Julien Couderchet, Claude Lagarde, Jean Laroche, Pierre Chavarot, Mathieu Chabrol, Jean Chalut, Joseph Gidon, Julien Rodilhat, Antoine Chevalier, Julien Labbé.
Le maire a exposé que l ’église paroissiale n’ayant jamais été achevée en ce jour, qu’elle n’avait pas encore la confection que paraît indiquer le plan qu’elle présente et selon lequel elle aurait dû être terminée, que composée d’une grande nef et seulement d’une petite collatérale à l’aspect du nord, le coeur non compris, le vaisseau se terminait au sud par le mur dans lequel se trouve la grande porte d’entrée et que la petite collatérale qui aurait dû être faite à cet aspect, comme celui du nord, a été négligée de manière que l’église est non seulement d’une irrégularité choquante, mais encore elle est loin de pouvoir suffire à contenir le nombre des fidèles qui tous les dimanches quoiqu’il y ait deux messes sont jonchés (sic) les uns sur les autres, ce qui cause toujours un manque de respect à l ’exercice du culte.
Que cette position bien comprise avait toujours soulevé et soulevait encore de justes et nombreuses réclamations de la part de MM. les desservants qui se sont succédés et de celle des habitants qui pressaient le maire de viser un moyen de faire agrandir l ’église en édifiant la collatérale qui a été négligée et dont il vient d’être parlé.
Que la position financière de la commune avait été si mauvaise qu’il avait été indéfinitivement (sic) ajourné la proposition de telle dépense laquelle ne pouvait se faire que par imposition extraordinaire.
Que cependant pressé de nouveau il avait cru de faire de son devoir de satisfaire un voeu général, particulièrement celui du M. le desservant qui offre de donner pour venir en aide à cette dépense la somme de deux mille cinq cents francs qu’il déclare avoir reçu en don pour cet objet de différentes personnes pieuses.
En conséquence le maire a mis sous les yeux :
1) le plan de l ’église telle qu’elle existe aujourd’hui et qu’elle existera lorsqu’elle sera agrandie et réparée de la manière ci-devant expliquée
2) le devis détaillé et estimatif des ouvrages à faire pour cette construction
3) les derniers budgets de la commune, ceux de la fabrique de l ’église, les
chapitres additionnels et les comptes du percepteur qui n’offrent aucune
ressource.
4) enfin le cahier des charges auquel devra se soumettre l’adjudicateur des travaux.
Il résulte des devis dont il vient d’être parlé que la dépense à faire pour l ’objet en question doit s’élever à la somme de quatre mille sept cent soixante-quatre francs dix centimes, y compris celle de deux mille cinq cents francs offerte par M. le Curé ici présent et qu’il promet de verser aux époques et à la personne indiquée au cahier des charges.
Le maire a ensuite fait connaître à l’assemblée que, d’après les explications qui précèdent, il serait urgent de voter une imposition extraordinaire de ladite somme de quatre mille sept cent soixante-quatre francs dix centimes mais que celle de deux mille cinq cents francs offerte par M. Daubat, desservant ici présent, et qui est acceptée venant en diminution, il lui resterait à imposer extraordinairement que celle de deux mille deux cent soixante-quatre francs dix centimes, que néanmoins dans la crainte d’une estimation trop faible et que par suite il ne se présenterait pas d’adjudicataire, il est d’avis d’ajouter à cette somme celle de quatre cents francs, ce qui ferait imposer celle totale de deux mille six cent soixante-quatre francs dix centimes. L’excédent de laquelle, si excédent il y a, servirait à payer les dépenses communales de l ’exercice 1848.
Ceci posé, le conseil municipal et les plus forts contribuables ci-dessus nommés invités à délibérer sur tout ce qui vient d’être expliqué ont unanimement déclarés qu’il y avait urgence à agrandir l ’église de la paroisse sus indiquée. En conséquence, ils approuvaient le plan, devis, et cahier des charges dont il vient d’être parlé. Enfin, ils votent pour faire face à cette dépense la dite somme de deux mille six cent soixante-quatre francs dix centimes, mais comme les revenus sont chaque année insuffisants pour faire face aux dépenses ordinaires, et qu’on est obligé d’avoir recours tous les ans à une imposition extraordinaire, ils sont d’avis, afin de ne pas interrompre le service, que l ’imposition extraordinaire dont il s’agit soit faite en deux annuités moitié fera partie de l ’exercice 1847 et l’autre moitié de l ’exercice de 1848.
Ainsi délibéré à St-Jean-des-Ollières les dits jour, mois et an ci-dessus tous ceux des conseillers et plus forts contribuables qui ont pu le faire ont signé. Vu M. Daubat présent à la séance pour les offres acceptées de la dite somme de deux mille cinq cents francs qu’il s’oblige de payer à la personne qui lui sera légalement indiquée et à la première réquisition qui lui sera faite.
Suivent les signatures : Chognon, Chevallier, Laroche, Gerle, Chevalier, Fouris,
Dépailler, Loubaresse, Foulhoux, Dupic, Dischamp, Rochette, Chevalier,
Chavarot, Daubat desservant, Dupic, Couderchet, Laroche. »
Remarque : La syntaxe et l ’orthographe de l ’original ont été retranscrites textuellement.
Cette construction sera terminée en 1853 et on aura aussi modifié le clocher pour y placer une cloche de 1550 kg qui sera brisée accidentellement en 1883 et refondue en 1884. La plus petite cloche actuellement utilisée fut brisée lors des sonneries annonçant l ’armistice de 1918 et refondue en 1957.

À suivre... partie III.

Ce texte est inspiré d’un article fort documenté de M. A. Achard paru en 1916 dans la Revue d’Auvergne (Bibliothèque municipale de Clermont-Ferrand). Tous les passages cités entre guillemets ont été reproduits intégralement. Nous remercions M. Jacques Dauphin d’Artheyre commune de St-Jean-des-
Ollières qui nous a aidé à rassembler ces documents.
Rédaction : Marie-Jeanne Couret et Sabine Cros.