La Commune, elle souffla aussi à Thiers - 10 : interrogatoire d’Antoinette Douris

À lire précédemment : Le procès : interrogatoire de la femme Saint-Joannis, femme Lauradoux

Suite de l’audience du 22 août

D. Vous avez une triste réputation sous le rapport des mœurs. Vous avez quitté le domicile conjugal pour vivre avec un ouvrier.
R. Oui.
D. Vous vous livrez à la boisson. Et quand vous êtes dans l’ébriété vous êtes querelleuse et l’on vous voit partout où il y a du désordre. Avez-vous pris part à l’insurrection ?
R. Mon mari se trouvait de garde. Je suis allée le voir. J’ignorais qu’il y eut une émeute, je vis beaucoup de monde, on demandait des journaux au sous-préfet et je lui dis : donnez-les, on ne vous fera pas de mal. Je n’ai pas fait ni dit autre chose.
D. Alors vous n’avez pas jeté de pierres aux gendarmes et au procureur de la République, et vous n’avez pas frappé le maire ?
R. Je n’ai frappé personne et je n’ai jeté aucune pierre.
D. Les témoins vous diront que vous avez insulté les gendarmes, en leur disant : allez-vous en, vous êtes des lâches, des fainéants, des assassins ; nous ne voulons plus de vous ; nous voulons la Commune.
R. Non, Monsieur, quand les gendarmes sont arrivés, j’en vis un qui brandissait beaucoup son sabre ; cela me fit une sensation et je dis seulement : on n’a pas tué les Prussiens et on veut tuer les Français.
D. La femme Guérin a dit que vous vous étiez vantée d’avoir jeté une pierre au procureur de la République et d’avoir démoli son castor, de plus d’avoir frappé, insulté et poursuivi M. Guionin.
R. Elle ne dira pas cela devant moi (s’adressant à la femme Guérin) : vous aurez le toupet de le dire ?

Sur les questions réitérées de M. le Président, la femme Guérin, malgré une certaine hésitation, répète les propos.

La femme Douris. Cette femme n’est pas dégoutée de dire cela, mais vous savez bien ce qu’elle est.
M. le président. Nous savons bien ce que vous êtes aussi.

À suivre : Le procès - Interrogatoire de Chomette.