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Histoire de la construction du barrage de Sauviat - La bataille de l’énergie

1903-2023, 120ème anniversaire du barrage de Sauviat. Un texte de Patrick Aujard.

Histoire de la construction du barrage de Sauviat - 1ère partie : La bataille de l’énergie.

La fin du dix-neuvième siècle, riche en avancées scientifiques, voit la mise en pratiques de nombre de ses découvertes, parmi celle-ci, l’électricité .
En 1881 l’exposition internationale d’électricité met en évidence l’arrivée de ses applications qui annoncent de grandes mutations dans la vie de tous les jours.
Inventeurs, ingénieurs, particuliers, elle agite tous les fantasmes de progrès et de modernité et aiguise aussi l’appétit des investisseurs.

Si la plupart des secteurs d’activités se servent du charbon, du pétrole et du gaz comme sources d’énergie, il reste encore dans notre région des ateliers utilisant la force motrice de l’eau : rouets, scieries de montagne, moulins.

Les fournisseurs de gaz ont largement investi dans le développement de leurs réseaux de stockage et de distribution au sein des villes et assurent l’éclairage et l’apport en énergie pour le chauffage et la cuisine.
Ils ont obtenu des municipalités des concessions exclusives pour l’installation des gazoducs et des canalisations et voient d’un très mauvais oeil l’apparition de jeunes compagnies qui cherchent à développer l’électricité comme nouvelle source d’énergie.

Articles, affiches, caricatures déclarations, une guerre intense va alors se livrer entre les tenants de l’électricité et les partisans du gaz. De nombreux accidents ont jeté la suspicion sur les dangers du gaz auxquels les tenants du gaz opposent leur vision apocalyptique de l’avènement de l’électricité. Les décideurs vont être confrontés à des enjeux et des choix sûrement pas évidents qu’ils vont prendre avec prudence.

La bataille de l’énergie autour de Thiers

En 1888 le conseil municipal de Thiers étudie un projet d’éclairage public électrique de la ville qui lui est proposé.
Les avis sont partagés, les couteliers dont les ateliers possèdent de grandes façades vitrées et ceux qui travaillent dans les rouets et bénéficient de la force motrice de l’eau n’en voient pas trop l’utilité immédiate, par contre les commerçants espèrent, avec l’éclairage, valoriser leurs marchandises.
L’opinion publique est tiraillée entre son désir de modernité et sa résistance au changement.
La bataille va alors opposer les compagnies distributrices de gaz et les jeunes compagnies ou des particuliers qui échafaudent des projets électriques.
La promesse de gains possibles attire de nouveaux investisseurs plus ou moins sérieux. Autour de Thiers, la Durolle, la Credogne et la Dore sont identifiées comme des rivières potentiellement exploitables sur le plan énergétique.

En 1889 la « Société Fontsauvage-Faure-Kessler » de Clermont envisage le rachat de quelques-unes des 40 chutes répertoriées sur la Durolle pour installer des générateurs d’électricité afin d’alimenter Thiers pour l’éclairage public.
La compagnie distributrice du gaz, pour contrer ce projet propose à la municipalité de Thiers d’étendre son réseau de distribution gratuitement en contrepartie d’une prolongation de cinq ans de son contrat de concession avec la ville.

En 1895 un projet global, présenté par Mr Charton, architecte à Lyon, propose l’alimentation de la ville de Thiers en eau, en électricité, et la création d’une ligne de tramway entre Saint Rémy-sur-Durolle et Thiers dont l’électricité serait produite par un barrage érigé sur la Credogne.

Autour de Thiers déjà d’autres Municipalités tentent de répondre à des projets liés à l’arrivée de l’éclairage électrique comme à Maringues et Lezoux. Mais les garanties financières entre capitaux à mobiliser et revenus futurs difficilement évaluables font en sorte que certains projets ne sont pas acceptés et ne peuvent aboutir. De nombreuses municipalités restent dans l’expectative.

En 1899 seule la commune de Courpière donne un accord pour la distribution d’électricité à Mr Mesnadier, propriétaire du Moulin de Lasdonnas, puis à la société Hydroélectrique de Courpière qui lui succède.

En 1900, le conseil municipal de Thiers prend acte du rejet définitif par la préfecture du projet Charton et étudie une nouvelle proposition émanant
de la « Société Anonyme d’éclairage du bassin de Mons », concessionnaire pour la distribution du gaz à Thiers associée à la "Société des Forces Motrices d’Auvergne ». Le projet bien établi sur le plan financier garantit des revenus corrects par rapport à l’amortissement de l’investissement engagé pour la construction du barrage et de la centrale hydro-électrique.

L’homme à l’origine de ce projet et qui le mènera à sa réussite s’appelle Francisque Fay.

À suivre : Histoire de la construction du barrage de Sauviat - Francisque Fay.