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Léon BOUDAL, peintre, barbu et abbé !

Si certains ont une propension à s’emmêler les pinceaux, Léon BOUDAL né à Saint-Dier-D’Auvergne le 23 janvier 1858 avait, lui, la sale habitude de les mâcher comme certains tirent sur leur jus de coco. Sauf que le bougre finit par attraper une nécrose de la bouche qui l’obligea à porter la barbe ! Et quelle barbe, bien fleurie ! Il est de ces petites coquetteries qu’il convient de cacher surtout lorsque l’on officie avec soutane, crucifix et vin de messe. Du coup, c’est avec une dérogation spéciale que l’abbé BOUDAL – car il était abbé – fut autorisé à laisser la nature envahir son visage de poils aussi drus que ceux que l’on peut caresser sur le pelage d’un ours du Livradois-Forez lorsque l’on a la chance d’en croiser un, ce qui arrive, j’en conviens, peu souvent.

Ceci dit Léon BOUDAL qui retourna ad patres le 23 août 1934 eut dans l’intervalle la brillantissime idée de se consacrer – en complément de son ministère- à la peinture.
Et avec quel talent !
Fils d’un meunier, né en plein Livradois, Léon BOUDAL fut un des trois instigateurs de l’école de peinture de Murols - avec Victor CHARRETON et Wlodzimierz TERLIKOWSKI - rayonnante au début du XIXème siècle et qui continue de faire l’affaire de petits malins à l’occasion de telle foire au grenier pour peu qu’ils sachent dénicher les oeuvres de ces peintres si peu connus - du moins jusqu’à présent – qui excellaient dans la manière de rendre –entre autre – les reflets changeants des paysages sous la neige.
C’est dès les années 1910 que le Massif du Sancy - où officiait Léon BOUDAL - commença à accueillir une foultitude de peintres paysagistes venus de partout et marqués du sceau de l’impressionnisme. Alors, il en vint de pleins wagons des émules de VAN GOGH : de Paris, de Pologne et même d’Amérique. Léon BOUDAL, qui était là depuis 1890, abbé à plein temps trouva aussi le temps d’écrire un guide touristique qu’il illustra lui-même, de créer le…premier syndicat d’initiative et de déposer un brevet pour la fabrication d’un fromage pompeusement nommé "le Grand Murols double crême".
Un homme aussi éclectique ne pouvait être qu’un homme d’exception. Il fut d’ailleurs reconnu comme tel, lui dont le charisme aida les peintres à se rassembler, à échanger, pour finir par être un des éléments essentiels de cette école de Murols maintenant reconnue.

Et si aujourd’hui, les œuvres de barbu original sont suspendues aux murs de la mairie de Murols, si l’église du même bourg porte les traces colorées de son imagination, si la mairie de Sauxillanges peut s’enorgueillir de posséder deux de ses toiles, il est une chose que peu de gens savent et qui mérite d’être connue.
En 1901, de passage au "pays", Léon BOUDAL s’est mis à peindre des scènes religieuses sur les murs de l’église d’Olmet tout près de sa commune de naissance. Etait-ce-ce le divin qui lui tint la main ou lui tira la barbe pour peindre ces moments tranquilles où le temps semble s’arrêter ? Nul ne le sait.

En attendant la visite vaut le détour. Le bonhomme aussi.

Tout l’intérieur de l’église de Murol a été orné par lui de grandes compositions et de motifs décoratifs, oeuvre qui lui a pris plus de trente années. Une chronique de Jean-Luc Gironde.


Voir en ligne : Musée de Murol