La vie de Philibert Du Croc : un diplomate français du XVIe
À lire précédemment : Philibert Du Croc : un diplomate français du XVIe siècle
On ne connaît pas exactement la date de naissance du futur ambassadeur. Le chevalier de Courcelles n’en dit rien ; non plus que M. Jourda de Vaux ; par contre L. Sandret 1 ainsi que le comte de La Ferrière dans son édition des Lettres de Catherine de Médicis 2, la fixent aux environs de 1515, date qui paraît fort vraisemblable : en effet, dans les preuves de Malte fournies par son fils Guillaume, en 1562, Guillaume de Tournebise, parrain du candidat, déclare que Philibert « a trente-cinq ans passés suyvy la armée », tandis que les autres déposants, Jacques de Ravel et Antoine de Neuville, certifient qu’il a continué le service des rois de France depuis vingt à vingt-deux ans.
À en croire ces témoignages, — et leur exactitude n’est pas douteuse pour d’autres points, — Philibert aurait commencé l’exercice des armes dès 1527 et serait entré à la cour du roi vers 1540-1542.
Qu’il l’ait dû à la renommée de son père ou bien à sa valeur personnelle, le fait est que le jeune du Croc se fit rapidement une brillante situation.
Le 25 juin 1542 3, il épousait Renée de Malvoisin, dont l’aïeul,
Bernard, et le père, François, avaient fait campagne l’un aux côtés de Bernard, bâtard de Bourbon, l’autre avec le fameux Connétable4.
Nommé échanson du Dauphin, duc de Bretagne, le 25 juillet 1544 5, il prête serment le 1 er août suivant, à Amiens. Il succède dans
cette charge à François de Coligny, seigneur d’Andelot, frère cadet de
l’illustre Amiral de Châtillon. C’est un fait décisif dans la biographie de
Philibert du Croc : dans la suite, le second Dauphin de Bretagne deviendra le roi François II, il épousera Marie Stuart, et le gentilhomme auvergnat demeurera pour la vie leur fidèle et dévoué serviteur.
Le 15 mars 1546, nouveau style, du Croc est en son château, à Thiers, où il donne dénombrement 6 au roi pour le fief noble de Trigneux 7, relevant de la châtellenie d’Usson 8.
Le 9 août 1547, à Villers-Cotterets, Henri II, lui fait don 9 , à
partager avec le seigneur de Cherlas, comme lui gentilhomme servant
de la maison du roi, de l’amende et confiscation auxquelles semble
devoir être bientôt condamné le sieur de Jardon, de la Basse-Marche,
pour les vols et autres crimes dont il s’est rendu coupable.
Ensuite, c’est une période de dix années, de 1548 à 1558, pendant lesquelles nous ne trouvons aucune donnée sur les faits et gestes de notre héros. Non pourtant qu’il fût demeuré inactif, loin de là : c’est la trace seule de ces actions qui nous manque et nous ne pouvons nous en faire quelque idée qu’en recourant, une fois de plus, aux preuves de Malte de son fils. A cette occasion en effet, Jacques de Ravel dépose, le 27 avril 1562, que le père du postulant « a esté envoyé en plusieurs ambassades par les Roys, mesmes en Anglaterre, en
Piémond, en Escousses, en Flandres, à Callaix, à Bollogne et plusieurs autres voiages.... »
Or nous retrouverons du Croc en Piémont, en 1558, et il licenciera des bandes piémontaises en 1560 ; la négociation relative à Calais concerne certainement la préparation, ou l’application, du traité du Cateau-Cambrésis (1559) ; dès 1559 aussi, il est chargé de porter à Édimbourg des lettres de François II et de Marie Stuart à la Régente, mère de la jeune reine, pour lui annoncer l’arrivée des troupes françaises envoyées à son secours contre les protestants insurgés 5 ; en septembre et novembre de cette même année, il est chargé de diverses
missions diplomatiques par la régente Marie de Lorraine 10, et nous verrons Marie Stuart, quittant la couronne de France pour celle d’Ecosse (1561), garder du Croc comme premier échanson.
Reste donc l’Angleterre, ou du Croc devait par conséquent être allé dès avant 1558 et où il paraît avoir fait ses débuts dans la carrière sous la direction d’un des plus illustres diplomates français : le comte de La Ferrière assure en effet qu’il fut secrétaire d’Antoine de Noaillles, ambassadeur en Angleterre de 1553 à 1556 11. Nous regrettons vive ment que cette affirmation ne soit appuyée d’aucune référence et, tout en adoptant cette opinion 12, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que du Croc n’est pas cité dans les Ambassades de Messieurs de Noailles en Angleterre, rédigées par feu M. l’abbé Verlot (Paris, 1763, 5 vol. in-12).
Cette hypothèse est d’autant plus vraisemblable qu’aussitôt après le mariage de Marie Stuart, des témoignages plus fréquents nous permettent de jalonner la carrière de du Croc.
A la fin de 1558, au moment des conférences de Cercamp, il est envoyé auprès du maréchal de Brissac, gouverneur du Piémont, dont on connaît l’opposition tenace aux négociations qui devaient aboutir au traité du Cateau-Cambrésis. Et ce n’est pas un des moindres signes du temps qu’il ait soin de se munir, outre la lettre de service signée par le roi, d’un mot de recommandation émanant de François de Guise 13. L’ancien secrétaire de Noailles avait déjà solide réputation et valeur éprouvée : Guise lui reconnaît la suffisance 14, terme qu’il ne faudrait pas interpréter au sens péjoratif où l’ont fait tomber nos contemporains ; le roi le recommande, comme « homme qui saiche parler, respondre et retenir » ; en définitive, c’était dès lors un person
nage de marque : c’est tout naturellement que Gonnor, ne pouvant aller le voir avant son départ du Piémont, lui envoie un secrétaire chargé d’instructions orales et d’un billet tout amical 15. François de Montmorency lui accorde un entretien qui paraît bien avoir été de quelque importance et, ayant omis de lui parler d’un de ses secrétaires qu’il désirait voir entrer au service du Connétable, son père, ne néglige pas de lui faire écrire à ce sujet une missive appuyée de quelques lignes autographes 16.
L’année 1559 s’écoule presque tout entière, sans nous fournir aucun renseignement : à ce moment, le rôle du diplomate est achevé, puisque le traité du Cateau-Cambrésis est signé dès le début de l’année. D’autre part, l’avènement au trône de François II n’a pu manquer d’entraîner un surcroît d’obligations pour son premier échanson qui, le 12 novembre 1559 17, est nommé premier échanson de la reine Marie Stuart, en remplacement du défunt seigneur de Layac 18. Nous avons vu qu’en septembre et novembre il est chargé de diverses missions par la reine-régente d’Écosse. De retour en France, il est chargé, le 22 juillet 1560, d’aller licencier quatre bandes françaises, venues de Piémont, cantonnées à Beaugency 19, Illiers 20, Bonneval 21 et Olivet 22 ; il rendra compte au roi du refus, par la ville de Beaugency, de recevoir la bande qui y avait été envoyée 23.
Du Croc était-il au nombre des quelques fidèles de Marie Stuart, qui l’accompagnèrent en juillet 1561, lorsqu’elle partit pour l’Écosse au mépris de la marine anglaise ? Nous croyons plutôt qu’il fut laissé à Paris pour servir d’intermédiaire entre la reine d’Écosse et les Guise : c’est ainsi qu’il retourne en Écosse, apportant une lettre du connétable de Montmorency, lettre dont Marie Stuart accuse réception le 10 novembre 1561 24. Mais Catherine de Médicis n’était pas reine à perdre un diplomate aussi éprouvé, d’autant que les occasions de l’utiliser ne manquaient pas, loin de là. Du Croc rentre en France au début de juillet 1562 25. Au débotté, la reine-mère l’envoie en mission auprès du duc de Savoie, qu’il quitte vers le 10 septembre 26.
A la suite de l’assassinat du duc de Guise par Poltrot de Méré (18 février 1563), du Croc fut envoyé en Écosse par Catherine de Médicis pour annoncer à Marie Stuart la mort de son oncle et lui exprimer les condoléances de la Cour de France 27. Deux mois plus tard (15-20 mai), il est encore en Écosse, à l’occasion d’un projet de mariage entre l’archiduc Charles, le plus jeune fils de l’empereur Ferdinand I er , et Marie Stuart 28. Au début de juin, nous le trouvons en Savoie, portant à la Duchesse une lettre de Catherine de Médicis 29.
Au commencement d’août, il est à Vienne, accompagnant l’évêque de Rennes 30, ambassadeur de France auprès de l’empereur, et, au milieu
de septembre, il est de retour à Paris 31.
Mais du Croc ne pouvait perdre de vue les affaires d’Écosse et, les choses lui paraissant s’y gâter, il proposa à Marie Stuart de retourner auprès d’elle : mis au courant, le cardinal de Lorraine approuve entièrement son projet et ne néglige pas, au milieu des négociations du Concile de Trente, de lui envoyer de Rome ses félicitations pour les services rendus dans le passé et ses promesses pour l’avenir ; le cardinal lui donne le titre de gentilhomme servant de la rogne d’Escosse 32.
Nous ignorons quelle suite fut donnée à ce projet : tous renseignements nous manquent, en effet, sur les faits et gestes de du Croc jusqu’à 1565 33. Encore n’est-ce qu’une brève mention d’un mémoire en italien adressé, en août de cette année, au grand-duc de Toscane, Côme I er de Médicis : « Il re mandô per risedere appresso di lei [ Marie
Stuart], con titol d’Ambasciatore, Monsignor Croch 34 » Du Croc aurait-il, à ce moment, été chargé de représenter officiellement le roi de
France, lors du mariage de Marie Stuart avec Darnley, célébré le 29 juillet 1565 ? Le fait est possible et cela expliquerait le titre d’ambassadeur. En tout cas, il n’y demeura pas, puisqu au début de 1566, dès la nouvelle reçue de la mort de Riccio et des complications que cet assassinat ne pouvait manquer d’entraîner, il est envoyé en Angleterre 35, avec mission de passer en Ecosse pour y ménager la réconciliation des divers partis. La reine Élisabeth ne se décida que vers le 1 er mai à lui accorder le passeport dont il avait besoin 36. Au début de juillet, nous trouvons du Croc auprès de Marie Stuart 37.
Il n’y avait pas alors, en Écosse, d’ambassadeur français en titre, mais l’importance des événements qui s’y précipitaient obligeait la Cour de France à se tenir au courant par le moyen d’émissaires familiers avec les traditions locales. Du Croc a simplement le titre de Conseiller et maistre d’hostel ordinaire du Roy très chrestien, en Escosse 38, ou bien de gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy 39 . Castelnau de Mauvissière qui, en 1565, avait été envoyé en mission officielle auprès de Marie Stuart, retourne l’année suivante, au mois de juillet, à Édimbourg, visiter le roy et la royne de par Leurs Majestés 40.
En fait, ces formules officieuses et vagues ne font que déguiser des réalités tout à fait substantielles ; il s’agit avant tout de maintenir la tradition des bons rapports entre l’Écosse et la France et, pour y parvenir, le meilleur moyen paraît être d’apaiser, au pays qui devait être célébré par Walter Scott, les querelles intestines qui l’ont si long temps désolé. C’est ce qu’avait fort bien compris du Croc, et c’est à quoi il s’efforce de tout son possible ; qu’il ait ou non la charge officielle d’ambassadeur, il agit comme s’il en était revêtu et, d’ailleurs, nous
verrons que tout le monde le traite comme tel.
La naissance du fils de Marie Stuart (19 juin 1566) parut à du Croc l’occasion opportune pour commencer sa mission de réconciliation générale par la restauration de la bonne intelligence dans le ménage royal. Le comte de Lennox, père de Darnley, s’était tenu à l’écart de la Cour depuis le meurtre de Riccio : du Croc lui écrivit et lui fit écrire par le roi de France ; la réponse, assurément très déférente à l’égard de Charles IX et de son représentant, n’atteste qu’une fidélité hautaine et froide envers la reine d’Écosse 41.
Du Croc ne fut nullement découragé par ce demi-succès : il ne cessa de persévérer dans le rôle de conciliateur qui lui avait été assigné. S’il ne put aboutir à la restauration de la bonne harmonie dans le ménage royal, du moins doit-on constater qu’il réussit à grouper autour de la reine toute la noblesse écossaise 42. Lennox lui-même quitta sa hautaine réserve et ne négligea pas d’aider, vainement hélas ! à la réconciliation des époux royaux43. Mais si, de ce côté, les événements se déroulaient de façon satisfaisante, par ailleurs de gros soucis vinrent à du Croc, du fait de la santé chancelante de la reine.
Nous avons vu que Castelnau de Mauvissière, le 12 juillet 1566, avait été envoyé en Écosse pour visiter le roy et la royne de par Leurs Majestés : c’était, en réalité, sous couleur d’apporter les félicitations de la France à l’occasion de la naissance de l’héritier présomptif, un moyen de s’enquérir avec précision de ce qui se passait à la cour d’Édimbourg. Or, à l’arrivée de Castelnau, Marie Stuart, malade, venait de quitter cette ville pour le château d’Alloa, d’où elle écrivit à du Croc (28 juillet), en le priant de lui faire connaître si la réception de
l’envoyé de Charles IX ne pourrait être remise à deux ou trois jours 44.
Trois mois après, en octobre 1566, la reine retomba malade et, cette fois, assez gravement pour que son entourage eût à redouter une issue fatale : elle reçut l’extrême-onction et manda du Croc auprès d’elle pour le prier d’écrire à la Cour de France qu’elle mourait dans la foi de ses pères, la foi catholique 45. L’ambassadeur reçut à ce moment pleins pouvoirs d’agir pour le mieux, auprès des nobles écossais, dans l’intérêt du prince héritier 46. Cependant, la reine se remit, non toutefois sans demeurer souffrante longtemps encore, autant de chagrin que de maladie ; c’est ainsi que, le 2 décembre 1566, elle se trouve à Craigmillar et du Croc écrit d’elle : « Elle est entre les mains des médecins et je vous assure qu’elle n’est pas du tout bien.
Je crois que la plus grande partie de son mal consiste dans un profond
chagrin.... 47. »
C’est au milieu de telles conjonctures que s’effectuaient les préparatifs du baptême. Dès le 28 septembre 48 Charles IX avait annoncé
qu’il se faisait représenter par Jean de Luxembourg, comte de Brienne. Mais la santé chancelante de la reine fit reporter la cérémonie jusqu’au 17 décembre. Du Croc, accompagné du comte de Brienne, porta le petit prince de sa chambre à la chapelle 49 et, dans une lettre à l’archevêque de Glasgow 50, il donna un récit fort intéressant de cette solennité. Jean de Luxembourg ne tarda pas à revenir en France ; mais, durant son séjour en Écosse, il avait pu apprécier la valeur de du Croc et nous savons, par deux lettres de lui 51, en quelle estime il tint l’ambassadeur de France.
Or quelques semaines seulement après le retour en France du comte de Brienne, qui rapportait au roi des nouvelles plus favorables de la situation en Écosse 52, subitement la mort de Darnley (10 février 1567) venait mettre le comble aux troubles qui désolaient ce malheureux pays. Où se trouvait du Croc à ce moment ? Sandret 53 conteste l’une des affirmations de Keith (History of Scoiland) suivant lesquelles l’ambassadeur se serait trouvé à Londres le jour même de l’assassinat et se serait hâté de regagner Édimbourg, où il serait arrivé le 21 février. Mais les documents aujourd’hui connus permettent de réformer les affirmations de Keith et l’assertion de Sandret lui-même, d’après laquelle du Croc, peu de temps après le baptême du prince d’Écosse, serait revenu en France après un séjour indéterminé à Londres. Nous savons en effet que, par dépêche du 19 janvier 1567, Charles IX exprimait à son ambassadeur le désir qu’il avait de le voir demeurer à son poste jusqu’à la Saint-Jean 54 et ce désir royal, — ou cet ordre pour mieux dire, — lui était rappelé par une lettre de Jean de Luxembourg, du 27 janvier 55.
D’autre part, comment interpréter ce passage d’une lettre de Catherine de Médicis adressée, le 27 février 1566 56, au connétable de
Montmorency ? Lui annonçant la mort de Darnley, « set jeune fu », la reine-mère écrit : « C’eyt grent heur pour la royne ma tille d’enn estre
defayste au condision que nous avons entendu par le Croc qué la voyt. » Bien souvent, il est vrai, le style et la pensée de Catherine sont difficiles à démêler ; pourtant, il semble que la mort de Darnley ait été annoncée au roi de France par du Croc lui-même, venu tout exprès d’Ecosse. Et comme du Croc se trouvait être l’homme de la situation dans une conjoncture aussi grave, il fut, quelques heures ou quelques jours après 57, appelé en toute hâte auprès du roi et expédié en Ecosse sans délai 58. Il n’eut que le temps de se démettre de ses dignités de premier échanson de la reine Marie Stuart 59 et de gouverneur et maître de la garde-robe du marquis d’Elbeuf 60, pour redevenir ambassadeur de France en Ecosse, charge qu’il devait remplir officiellement et effectivement jusqu’à la fin de juin de cette même année. A la suite du meurtre de Darnley, on connaît quels déplorables événements marquèrent cette funeste année 1567 : le mariage avec Bothwell, le déchaînement furieux des passions politiques plus aiguës que jamais, les hostilités ouvertement déclarées entre le parti de la
reine et les seigneurs écossais, enfin Marie Stuart tombée au pouvoir de ses adversaires et détenue captive au château de Lochleven. Nous verrons plus loin comment, dans de telles circonstances, du Croc s’efforça de jouer jusqu’au bout son rôle de conciliateur. Ce fut en vain, et il quitta l’Écosse au début de juillet, malgré le désir exprimé par Charles IX et Catherine de Mécidis de le voir demeurer à son poste 61.
ll revint à Paris le 12 juillet, rendit compte au roi du fâcheux état 62 où se trouvait, à son départ, le royaume de Marie Stuart et se retira dans son château d’Auvergne. Mais il ne devait pas tarder à en être rappelé pour le service du roi.
On sait comment, trompant la vigilance de Ta vannes, le prince de Condé et l’amiral Coligny quittèrent Noyers, le 23 août 1568, pour La Rochelle, où ils organisèrent l’armée protestante qui devait livrer la bataille de Jarnac. Le maintien dans la fidélité royale d’une province telle que l’Auvergne était d’une importance capitale et cela ne pouvait échapper à la Cour, toute surprise qu’elle eût été par les événements : le 5 octobre 1568, le roi prescrivait 63 à du Croc d’aller incontinent rejoindre M. de Saint-Hérem, lieutenant général au gouvernement d’Auvergne, « pour la garde et conservation en mon obéissance de mond. pais d’Auvergne ».
Et voilà notre gentilhomme parti pour de nouvelles aventures. Était-il à Jarnac ? à Moncontour ? Il est plus vraisemblable que Catherine de Médicis l’ait utilisé pour ses innombrables négociations. Au début de 1570, il est à La Rochelle, d’où Jeanne d’Albret lui donne un passe port pour revenir auprès du roi 64. Le 4 août, de concert avec Dolu » conseiller du roi et secrétaire de ses finances, il est chargé de négocier, pour Charles IX, un emprunt auprès des notables parisiens 65. Au commencement de décembre 1571, il est envoyé auprès des ducs de Guise et d’Aumale et du marquis du Maine, pour leur signifier, de la part du roi, qu’ils aient à s’abstenir de venir à la Cour en trop nombreuse compagnie 66.
En 1572, nous le retrouvons en Écosse, où il est envoyé 67 comme ambassadeur avec mission de travailler à l’apaisement des querelles de partis et de conclure entre eux une suspension d’armes d’abord, puis une paix générale ensuite. Le représentant de la France en Angle terre est alors Bertrand de Salignac de La Mothe-Fénelon, avec lequel il échange une volumineuse correspondance 68 depuis longtemps imprimée et que nous regrettons vivement de n’avoir pu utiliser. Aussi passerons-nous rapidement sur cette ambassade de 1572 en nous bornant à signaler, d’après le plan que nous nous sommes tracé, que le mémoire de Sandret apporte sur ce sujet une contribution de trois pièces inédites, savoir : deux lettres de Catherine, du 22 avril 69 et du 26 juin 70, et une du duc d’Anjou elle aussi du 26 juin. Enfin, la présente publication ajoute huit textes nouveaux touchant cette ambassade.
Du Croc paraît être rentré en France au début de novembre 1572 71. Il se retire dans sa province natale qu’il semble bien n’avoir plus
quittée jusqu’à sa mort. En ce qui concerne ces dernières années de sa vie, quelques documents seulement nous permettent de jalonner sa biographie : si peu nombreux qu’ils soient, ils suffisent cependant pour nous autoriser à affirmer que, dans sa retraite, l’ancien ambassadeur continua de jouer le même rôle de conciliateur qu’il avait eu si fréquemment l’occasion d’assumer.
Le 27 mars 1575, nous le trouvons 72 à Lezoux, où il procède à un échange de biens avec Jean de Senetaire, seigneur de Fontenille. Il est à ce moment qualifié de chevalier de l’ordre du roi, seigneur du Croc, de Ligonne 73 de Fontenet 74 et du Fieu 75.
L’année suivante, le duc d’Alençon lui envoie des instructions 76 touchant le choix des députés pour les États généraux de Blois.
En 1578, il offre ses bons offices à Marie Stuart, par l’intermédiaire de l’archevêque de Glasgow ; mais la reine est aigrie contre lui, elle le rend responsable de la situation douloureuse où elle se trouve ; elle répond, parlant de son ancien échanson : « Je ne m’y veulx, en façon que ce soit fyer, la preuve que j’en ai faicte m’ayant cousté trop cher par le passé 77 ».
En 1583 78, il est chargé par M. de Saint-Hérem d’apaiser un conflit entre plusieurs gentilhommes d’Auvergne 79.
Lors des troubles de la Ligue, en 1585, Henri III lui écrit 80 pour faire appel à sa fidélité. Le 20 juin de cette même année, François de
Bourbon, duc de Montpensier et Dauphin d’Auvergne, le remercie des bons offices que les habitants de Thiers ont souvent reçus de lui et de son fils et le prie de vouloir bien les continuer à l’avenir 81. Il fait son testament le 2 mai 1587 82 et meurt quelque temps après, la même année que Marie Stuart.
Les services qu’il avait rendus paraissent lui avoir valu plus de considération que de richesses. Charles IX lui avait promis, par lettres patentes du 20 mai 1573 83, une pension de deux mille livres en faveur d’un de ses enfants ; mais cette promesse demeura sans effet. C’est seulement en 1578 que le roi Henri III lui accorda une pension de six cents livres sur la recette des finances de Riom 84.
La récompense était minime, pour des services aussi longs et aussi dévoués. Ceux-ci du moins eurent le privilège de garder intacte la mémoire de Philibert du Croc, en dépit des années et des siècles, du moins jusqu’à notre génération. En 1870, en effet, Sandret peut écrire 85 que « le souvenir de son mérite et de ses services s’est perpétué jusqu’à nos jours dans son pays natal aussi bien que dans l’Écosse, où il exerça les fonctions d’ambassadeur. » Et une note précise : « Le portrait de Philibert du Croc figure dans les galeries de tableaux historiques de plusieurs grandes maisons d Écosse, et sa mémoire est popularisée dans les notices sur Maiie Stuart, qui se distribuent aux visiteurs d’Holy-Rood et des autres lieux illustrés par la résidence de cette princesse. »
À suivre : LE CARACTÈRE DE PHILIBERT DU CROC ET L’IMPORTANCE DE SON ROLE
1 Sandret (L.), Ambassades de Philibert du Croc en Écosse (1565-1572). Elude historique, suivie d’une notice sur la maison du Croc, en Auvergne. Paris, J.-H. Dumoulin, 1870, in-8, 40 p. (Extr. de la Revue historique nobiliaire, septembre et novembre (1869). — Ce mémoire est très rare, du moins sous la forme de brochure tirée à part, si bien qu’il a échappé aux investigations des éditeurs des Lettres de Catherine de Médicis. C’est pourquoi nous avons cru devoir reproduire, en notes, les documents inédits qu’il publie.
2 Tome II, pages 56-57, note (Collection des Documents inédits).
3 Contrat reçu Chopin, notaire, cité par Courcelles, op. cit., page 4.
4 Preuves de Malte de Guillaume du Croc : déposition de Pierre de Chauvigny, seigneur de Blot-l’Église.
5 Voir plus loin, document n° I. — Le brevet ne mentionne pas que du Croc ait été antérieurement pourvu d’une charge ni d’une dignité quelconque.
6 Pièce sur parchemin, du fonds du Bourg de Bozas. D’autre part, le chevalier de Courcelles, dans la Généalogie (page 4), fixe aussi au 15 mars 1546 un hommage rendu au Dauphin pour la seigneurie du Croc. Plutôt qu’une confusion entre les deux seigneuries, il paraît plus vraisemblable d’admettre que, le même jour, Philibert du Croc aura profité de sa présence en Auvergne pour mettre en ordre toutes ses affaires. Courcelles, en effet, semble n’avoir pas eu connaissance des documents que nous publions ici, ni même de
l’inventaire des titres de noblesse produits, en 166(1, par Charles et Gaspard du Croc, devant M. de Fortia, intendant d’Auvergne (Bibliothèque de Clermont-Ferrand, manuscrit n° 553). Cet inventaire, en effet, signale, outre la plupart des documents ici publiés, le contrat de mariage et le testament de Philibert du Croc, ainsi que le dénombrement pour la châtellenie d’Usson.
7 Trigneux ou Tridieux, hameau de la commune de Brenat, Puy-de-Dôme, arrondissement d’issoire, canton de Sauxillanges. La carte au 1/80.000“ porte le château de Tredieu.
8 Puy-de-Dôme, arrondissement d’issoire, canton de Sauxillanges.
9 Voir le texte du brevet, document n° II.
10 A. Teulet, Relations politiques de la France et de l’Espagne avec l’Écosse au XVI° siècle, tome 1, Paris 1862, in-8, pages 355, 360, 361, 373.
11 Lettres de Catherine de Médicis, tome II, pages 56 et 57.
12 C’est aussi l’opinion de Sandret : « Il [du Croc] paraît avoir été employé d’abord comme secrétaire d’Antoine de Noailles », (op. cit., p. 3). lit Sandret renvoie à Teulet, op. cit., tome I, page 351 et 356. Or, l’édition de Teulet que nous avons eue entre les mains (Paris, 1862, in-8) mentionne bien du Croc aux pages 355, 360, 361 et 373, mais c’est au chapitre de l’ambassade de Gilles de Noailles, abbé de l’Isle, et notre diplomate agit alors comme émissaire de Marie de Lorraine, régente d’Ecosse. — Ajoutons que le comte de La Ferrière paraît bien avoir ignoré la publication de Sandret.
13 Les deux lettres sont datées du 20 octobre. Voir documents n 03 III et IV.
14 La même qualité est donnée par Marie Stuart à du Croc. Voir plus loin lettre de mars 1563.
15 Document n° V, du 6 novembre 1558.
16 Lettre du 11 novembre 1558. Document n° VI.
17 Voir document n° VII.
18 Ce seigneur de Layac paraît être demeuré à peu près inconnu à la Cour de Marie Stuart : le brevet de du Croc laisse en blanc son nom. Dans ce mot, le c final n’était pas prononcé et l’on trouve le nom de l’échanson écrit Laija dans l’état de la maison de Marie Stuart (1560) publié par Louis Paris : Négociations, lettres, etc., relatives au règne de François II, page 746 (Collection des Documents inédits). Cette considération phonétique nous incline à rapprocher la seigneurie de Layac des noms de lieux Layat que l’on trouve à plusieurs exemplaires dans la Loire et le Puy-de-Dôme. — Notons que Teulet (op. cit. tome I, page 552) indique M. de Layac comme courrier entre Gilles de Noailles, ambassadeur en Angleterre, et Nicolas de Pellevé, évêque d’Amiens, envoyé en Écosse. Lettre du 17 septembre 1559.
19 Loiret, arrondissement d’Orléans, chef-lieu de canton.
20 Eure-et-Loir, arrondissement de Chartres, chef-lieu de canton.
21 Eure-et-Loir, arrondissement de Châteaudun, chef-lieu de canton.
22 Loiret, arrondissement et canton d’Orléans.
23 Voir document n° VIII.
24 « ... La lettre que m’avez escripte, et que m’a rapporté [de votre part, à son retour par deçà, le sieur de Cros... » Texte donné par LabanolT, Lettres de Marie Stuart, I, page 118. Nous citons d’après L. Sandret, op. cit., page 3.
25 Son passeport date du 25 juin. Document n° IX.
26 Passeport du maréchal de Bourdillon, 10 septembre 1562. Document n° X.
27 Cf. Lettre de Marie Stuart à Catherine de Médicis, mars 1563 : « Madame, la démonstration qu’il vous a plu me faire en depeschant du Croc pour me consoler de la perte sy grande que j’ay faite par la mort de feu M. le duc de Guise, mon oncle... ; je prie le sieur du Croc de vous dire de ma part, quel je vous prie croire comme moy-mesme de tout ce qu’il vous dira..., remetant sur sa suffisance, que je trouve très grande pour estre emploié en trop plus grande chose, qui me faira vous prier le favoriser toujours comme l’un de vos meilleurs subgects et serviteurs. » — Lettre publiée par L. Sandret, op. cil, pages 3-4.
28 Voir l’abrégé des lettres de Randolph, écrites d’Écosse à sir W. Cecil, ministre d’Élisabeth d’Angleterre. Nous citons d’après L. Sandret, op. cit., page 4 :
« Le 15 mai, arrivée de du Croc en Écosse. Sa mission consiste à sonder l’esprit de la reine touchant son mariage avec le plus jeune fils de l’empereur, projeté par le cardinal de Lorraine, son oncle... »
« Le 20 mai, départ de du Croc, qui avait l’ordre de faire part à la reine d’Angleterre de sa mission en Écosse... »
29 Lettres de Catherine de Médicis, tome II, pages 56 et 57.
30 II s’agit ici de Bernardin Bochetel, neveu de Jean de Morvilliers, évêque d’Orléans. Bochetel fut d’abord abbé de Saint-Laurent, au diocèse d’Auxerre, actuellement au département de la Nièvre. Il fut ensuite nommé, mais non consacré, à l’évêché de Rennes, qu’il résigna .en 1566. Il joua surtout un rôle important dans la diplomatie, en Suisse d’abord, puis en Allemagne. — Dès 1561, Bochetel avait reçu de la reine-mère des instructions pour manœuvrer contre le projet de mariage entre la reine d’Écosse et l’archiduc Charles (Lettres de Catherine de Médicis, tome I, page 186).
31 Lettres de Catherine de Médicis, tome II, page 97.
32 Lettre du 18 octobre 1563. Document n° XI.
33 Nous savons cependant que, le 4 juillet 1564, il est à Lezoux (chef-lieu de canton du Puy-de-Dôme, arrondissement de Thiers) où il fait dresser la copie en forme d’un contrat de vente du 11 octobre 1526. Cf. Arcli. dép. Nièvre, 2 F, fonds du Bourg de Bozas, v° Lezoux.
34 L. Sandret, op. cit., page 4, d’après Labanoff, Lettres de Marie Stuart, tome VII, page 63.
35 Récit du meurtre de Riccio. Document n° XII. — Du Croc se trouvait en Angleterre en même temps que Bertrand de Salignac de La Mothe-Fénelon.
36 Lettre de Catherine de Médicis à du Croc, du 10 mai 1566. Cf. Lettres de Catherine de Médicis, tome II, page 359.
37 Lettre de l’archevêque de Glasgow à du Croc, du 12 juillet. Document n° XIII.
38 12 juillet 1566. Document n° XIII.
39 2 novembre 1566. Document n° XVI.
40 12 juillet 1566. Document n° XIII.
41 Des correspondances échangées à cette occasion, nous ne connaissons actuellement que le texte de la réponse du comte de Lennox, publié par Sandret, d’après l’original (op. cit., pages 6 et 7). [Adresse au dos :] « A Monsieur du Croc, ambassadeur de la Majesté du Roy très crestien.
« Monsieur du Croc, je n’ay non seullement receu la lettre que m’avés escrite ensemble une aultre de mon frère d’Aubigny, pour lesquèles je vous remercie de bien bon cueur, mais aussy une lettre de la Majesté du roy très crétien vostre maistre, pour laquelle je le remercie très humblement. Et quant au contenu d’icelle, Sa Majesté pourra bien estre asseuré que je ne fauldraj’ à accomplir son désir touchant mou debvoir envers ma souverayne, et serois bien mary que Sa Majesté eust aultre opynion de moy, sj r non que de demeurer tousjours fidelle serviteur et subget envers ma dicte soverayne, et aussy tousjours prest à honorer et servir Sa Majesté selon mon povoir.
« Oultre plus j’ay aperceu, tant par la lettre de mondict frère d’Aubigny que par mon serviteur Nesebet, la bonne affection que portés envers moy et les myens, dont je me tiens grandement obligé envers vous ; et povés bien estre asseuré que, s’il y a plessir que je vous puise fère, vous me pourés emploier comme ung des plus proches amys que ayés. Et remercie Dieu que j’ay a ceste heure mon désir, en ce que j’ay tousjours souhaité ung tel personnage que vous estes près des Majestés de la royne et du roy mon fils, portant la bonne affeccion que je congnois parfaitement que avés envers eulx. Je vous envoye la response de
la lettre que mon frère m’a escrite, laquèle je vous prie de luy envoier par le premyer [courrier] que vous despêcherés en France ; qui sera la fin, après me est rerecommandé très afectueussement à vostre bonne grâce, je prieray Dieu, monsieur du Croc, vous avoir en sa saincte garde.
« De Glasquo, ce XIIII e jour de juillet.
« Vostre bien bon et aseuré ami,
[Signé. ] « Mathieu Lennox. »
42 C’est un des gros griefs que Darnley formule contre la reine, son épouse ; « ... qu’il n’est suivy de personne et que toute la noblesse a abandonné sa compagnie... ». Cf. Lettre adressée par les seigneurs du Conseil privé d’Écosse à Catherine de Médicis, 8 octobre 1566, dans Teulet, op cit., tome II, page 288.
43 C’est Lennox lui-même qui annonce à Marie Stuart l’intention où se trouve Darnley de quitter l’Écosse, intention qu’il s’est efforcé de combattre : « ... nonobstant toutes les remontrances qu’il luy ayt faictes, qu’il n’avoit peu gagner ce point de luy faire changer d’oppinion... ». Cf. Lettre susdite, du 8 octobre 1566, eodem loco, page 285.
44 Lettre publiée par Sandret, op. cit., pages 7 et 8. Nous reproduisons ici le texte donné d’après un original endommagé.
Adresse au dos :- droys bien que vous prinsiés la peine de vous enquérir si c’est [pjour chose si importente que je ne puisse différer d’icy à deux [ou trois] jours. Autrement je y provoyerés, encores que je me trouve pas [très bien. Adjjousté que l’on m’a promis de me guérir. Je seroys bien ayse que vous [me disie]z vostre oppinion par mon frère de Moras qui, je pense, partira demain [pour ve]nir icy, ou autrement vous pourrés dire à monsieur de Itosse, et il [me le dirja. Pryant Dieu, monsieur du Croc, qu’il vous doinct très longue vie. [D’Alloa, ce] 28* jour de juillet 1566.
« Votre bien bonne amye,
[Si’yné :] « Marie, R. »
45 Le fait est connu par une lettre de D. Francès de Alava, ambassadeur d’Espagne à Paris, adressée à Philippe II, à la date du 10 novembre 1566. Voici le texte des paroles de Marie Stuart, telles qu’elles ont été traduites par le diplomate espagnol : « Embaxador, la voluntad de I)ios es que yo saïga deste mundo, y assi yo voy alegreinente à sus pies de misericordia. Heos embiado a llamar para que scrivais al Re r mi hermano y à la Renia mi madré, como muero creyendo y manteniendo lo que hizieron mis antecessores, que es en la fee catholica. » Cf. Teulet, op. cit., tome V, page 18.
46 Lettres de Charles IX et de Catherine de Médicis, en date du 2 novembre 1566. Documents nos XV et XVI.
47 Lettre de du Croc à l’archevêque de Glasgow, ambassadeur d’Écosse à Paris. Cette lettre est partiellement reproduite par Sandret (page 11), d’après Keith, op. cit.
48 Lettre de Charles IX à du Croc. Document n° XIV.
49 Détail donné par Sandret (page 11), d’après Keith, op. cit.
50 Lettre du 26 décembre 1566, reproduite par Sandret (pages 11-12), d’après Keith, op. cit. Cette lettre nous apprend que la reine elle-même a voulu que le prince reçût le prénom de Jacques en même temps que celui du roi de France, « parce que, disait-elle, tous les bons rois d’Écosse, ses prédécesseurs, les plus dévoués à la couronne de France, ont porté ce nom de Jacques ».
51 Lettres du 26 décembre 1566 et du 27 janvier 1567, publiées par Courcelles, op. cit., pages 14 et 15. — « ... J’ay un tel déplaisir d’estre privé de votre compagnie que je ne m’en puys consoler, sinon par lettres... » (26 décemdre 1566). — « ... Je me tiens tant obligé à vous qu’il ne sera jamais que je ne m’en resente envers vous ou les vostres, je n’obliray à le recongnoistre... » (27 janvier 1567).
52 Voir lettre de Charles IX, du 19 janvier 1567. Document n° XVIII.
53 Sandret, op. cit., page 12, d’après Keith, Ilistory of Scotland, pages 360 et 369. C’est d’après une lettre de sir W. Cécil qu’au dire de Keith, du Croc se serait trouvé à Londres le 10 février 1567.
54 Voir la lettre de Charles IX, du 19 janvier 1567. Document n° XVIII.
55 Voir Courcelles, op. cil., pages 14 et 15. La lettre est, à tort, datée de 1566. En réalité, elle est de 1567. N’oublions pas que nous nous trouvons, à ce moment, juste aux années où le style de la Circoncision est substitué à celui de Pâques, ce qui provoque de nombreuses erreurs de chronologie.
56 Lettres de Catherine de Médicis, tome III, page 14.
57 Lettre de Catherine de Médicis du l* r mars 1567, suivant Courcelles, op. cit., page 15, ou du 8 mars 1567 d’après le comte de La Ferrière, tome III, page 16. Courcelles semble publier cette lettre d’après l’original, tandis que le texte des Documents inédits est établi d’après une copie du Record Office.
58 « ... Cependant je feray tenir vostre despesche, affin que vous ne perdiez point de temps... ». Lettre du l er -8 mars 1567.
59 II figure encore comme premier échanson sur l’état des gages alloués aux dames
et aux officiers de la maison de Marie Stuart, daté du 13 février 1567. (A. Teulet, Négociations
politiques de la France et de l’Espagne avec l’Ecosse au xvi e siècle, tome II, Paris, 1862,
in-8°, page 270). Un de ses fils est en même temps panetier de la reine.
60 Voir lettres patentes du 4 juin 1578. Document n° XXXIX.
61 Lettre du 29 juin 1567. Document n° XXV. Le 5 juillet encore, Catherine de Médicis lui fit écrire par son secrétaire, de L’Aubespine, la lettre suivante, reproduite d’après Sandret, op. cit., pages 17 et 18 :
« Monsieur, je ne fais doubte que l’occasion pour laquelle vous escripvez tant de vostre partement de là ne soyt à vostre jugement et à la congnoissance que vous avez des affaires qui se présentent bien pertinente. Mais comme l’on n’a pas délibéré icy de les laisser ainsi pour les mouvements qui en peuvent advenir, Leurs Majestés désirent singulièrement que vous n’en partiez pas encores pour les raisons que vous entendrez par leurs lettres et estoyent preste de faire partir ung gentilhomme pour aller devers vous, lequel suivant vostre advis ils retardèrent jusques au retour du sieur de Villeroy que nous attendons bientost ; estant bien marry de vous veoir en ceste peine et avecques si peu de
moyen. A quoy je feray pourveoir par l’aller dudict gentilhomme à rembourcer les deux voyaiges que avez paiez tant à Vincent que à Mingnon et si je povois vous faire plus de service, esloignez que nous sommes, croyez, je vous supplie, que ce seroyt de bien bon cueur, duquel je me recommande humblement à vostre bonne grâce. Ja3 r mis dans ce paquet deux lettres de M« r le cardinal de Lorraine, l’une à la royne sa niepee, et l’autre à vous. Par où vous sçaurez assez comme ceste voye luyr desplaist.
« De Saint-Germain-en-Laie, le V e juillet 1567.
« Votre humble serviteur,
[Signé :] « I)e L’Aubespine. »
62 « ... Le piteux estât auquel y sont les affaires... » Voir Teulet, op. cit., tome II, page 328. — En dépit de la réserve observée par du Croc, ou plutôt à cause d’elle, l’ambassadeur d’Espagne en France avait deviné juste : « Llego ayer el embaxador ordinario que este Rey tiene en Escosia à grau diligencia, tant ccrrado que no se le puede sacar palabra : que es argumento claro que no veen las cosas de aquel reyno como aqui dessean. » Lettre du 13 juillet 1567, dans Teulet, op. cil., tome V, page 28.
63 Document n° XXVI.
64 11 février 1570. Document n° XXVII.
65 Voir document n° XXVIII. — Par ailleurs, nous savons qu’en 1570 un du Croc assiste, à Clermont, à un conseil tenu pour la défense du pays (Teilhard de Chardin (E.), De la conduite de Gaspard Monlmorin Saint-Hérem, gouverneur d’Auvergne, après la Saint-Barthélemy, dans Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, série, 1897, page 206, note 3.
66 Lettre du 2 décembre 1571. Document n° XXIX. C’est le moment où Catherine de Médicis se rapproche pour quelques mois du parti protestant.
67 Son passeport est en date du 8 février. Document n° XXX. — Dès le mois de novembre précédent, Charles IX était décidé à envoyer du Croc en Écosse : voir lettre du 2 novembre 1571, citée par Sandret, op. cit., page 20, d’après la Correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon. Le 30 octobre, le roi avait adressé à du Croc la lettre de convocation suivante, que nous reproduisons d’après Sandret, eod. loco.
[Adresse :] « A Monsieur du Crocq, mon conseiller et maistre d’hostel ordinaire.
« Monsieur du Crocq, ayant à vous employer en quelque affaire qui importe grande ment au bien de mes affaires et services, je vous prye que incontinent la présente receue vous montez à cheval pour me venir trouver la part que je seray. A quoy m’asseurant que ne ferez faulte, je ne vous diray riens davantaige, ains prieray Dieu, monsieur du Croc, qu’il vous ayt en sa saincte garde.
« Escrit à Vaujour, le XXX« jour de octobre 1571.
[Signe’ :] « Chaules. »
68 Voir : Correspondance diplomatique de Bertrand de Salignac de La Mothe-Fcnelon, ambassadeur en Angleterre de 1568 à 1575, publiée par M. Charles Purton-Cooper, Paris, 1838-1840, 7 vol. in-8.
69 Voir Sandret, op. cit., page 26.
[Adresse :] « A M. du Croc, chevalier de l’ordre du Roy, maistre ordinaire de son hostel et son ambassadeur en Écosse.
« Monsieur du Croc, pour ce que le Roy, monsieur mon fils, vous faict entendre la conclusion du traicté d’entre luy et la Royne d’Angletterre, et que le sieur de Lamothe-Fénelon vous envoira les articles faisant mention de l’Escosse, je ne vous feray plus longue lettre, m’asseurant que vous n’oublircz rien de tout ce qui vous a esté cy-devant mandé, et que vous nous tiendrez ordinairement adverty de tout ce qui se passera par delà. Priant Dieu, monsieur du Croc, qu’il vous ayt en sa saincte et digne garde.
« Escript à Bloys, XXII » jour d’avril 1572.
[Signe :] « Catherine. »
70 Voir Sandret, op. cit., page 29.
[Adresse :] « A mons. du Croc, chevalier de l’ordre du Roy, son conseiller, maistre d’hostel ordinaire et son ambassadeur en Escosse.
« Monsieur du Croc, vous verrez par les lettres que le Roy, mon seigneur et frère, vous escript, ce qui se peult pour le présent respondre à voz dernières despesches, ayant advisé mon beau frère, monsieur le duc de Montmorency, du peu de moyen que vous voyez de réconcilier les subjecte d’Escosse, afin qu’il regarde ce qui se délivra faire pour parvenir à cela ; cependant je vous prye, suivant le contenu de ses lettres, advancer tousjours ce que vous pourrez en cest affaire, et s’il est possible amener lesdicte Escossois à suivre l’intention du Roy, mondict seigneur et frère, laquelle ayant bien considérée ils trouverront ne
tendre qu’à leur salut commun. En quoy m’asseurant que vous ferez tout ce que nous attendons de votre dextérité, je prieray Dieu, monsieur du Croc, qu’il vous ayt en sa saincte garde. Escript au chasteau de Bouloigne, le XXVI e jour de juin 1572.
« Vostre bon ami,
[Signé :] « Henry. ».
71 Courcelles, op. cit., page 18, date, à tort, du 25 avril 1573 une lettre adressée par Charles IX à du Croc. L’erreur s’explique, du fait qu’avec les chiffres arabes de cette époque, il est difficile de distinguer le 2 du 3. Mais il faut lire 1572 : outre que le texte le veut, la lettre est datée de Blois et, au 25 avril, la Cour est à Blois en 1572 et à Fontainebleau l’année suivante. Voir Y Itinéraire, dans Lettres de Catherine de Médicis, tome X, page 583.
72 Arch. dép. Nièvre, 2 F, fonds du Bourg de Bozas, v° Lezoux.
73 Ligonnes, Puy-de-Dôme, commune et canton de Lezoux, arrondissement de Thiers.
74 Fontanet, Puy-de-Dôme, commune de Saint-Georges-ès-Allier, canton de Vic-le-Comte, arrondissement de Clermont-Ferrand.
75 Le Fieux, Puy-de-Dôme, commune d’Isserteaux, canton de Vic-le-Comte.
76 Lettre du 19 septembre 1576. Document n° XXXVIII.
77 Texte reproduit par Sandret, op. cit., page 35, d’après Labanoff.
78 On trouve, au fonds du Bourg de Bozas, un registre intitulé : « C’est le receu des cens et rantes deuz à puissant seigneur messire Phelibert du Croq, chivallier de l’ordre du Roi, seigneur dud. lieu, Ligonne, Fontanet, du Feo, dans la ville de Lezoux, Condourat, la Varnadel, Prasriche, Orlcat, Crevent, Dorât, Noalbat, Bulhon, Ravel, Sainct-Jelhan-d’Eurs, à commansés à lever par Jeban Bezot, recepveur par led. seigneur pour les années mil V e soixante dix neuf, quatre vingtz, quatre vingtz une. Bezot. » Une feuille de papier, épinglée au verso du premier feuillet, porte cette inscription, qui paraît être de la main de Philibert du Croc : « J’ay vérifié le receu de Bezot jusques à Anthoynette Voyzère. »
79 Lettre de du Croc à M. de Saint-Hérem, du 16 avril 1583. Document n° XLI.
80 Lettre du 30 avril 1585. Document n° XLII.
81 Cité par Courcelles, op. cit., page 4.
82 Ce testament, reçu Vinzelle, notaire, est signalé par l’inventaire des titres de noblesse produits devant M. de Fortia (Bibliothèque de Clermont-Ferrand, manuscrit 553, fol. 140-149).
83 Ces lettres patentes sont rappelées par celles de 1578.
84 Lettres patentes des 4 juin et 17 juillet. Documents n° » XXXIX et XL.
85 Sandret, op. cit., page 37.
Philibert Du Croc : un diplomate français du XVIe siècle / par Paul Destray, avec une préface de M. Ch.-V. Langlois. Texte édité en 1924 disponible sur Gallica.