La Commune, elle souffla aussi à Thiers - 4 : interrogatoire de Mosnat

Cette semaine, quatrième livraison de l’histoire de la Commune de Thiers avec l’audition du gars Mosnat !

À lire précédemment : Le procès : interrogatoire de Faye

Suite de l’audience du 21 août

D. Vous êtes forgeron et vous avez une nombreuse famille.
R. Oui, j’ai six enfants.
D. Eh ! bien, malgré cela on vous représente comme un paresseux et un ivrogne. Vous êtes comme vos co-accusés, vous prétendez n’avoir pris aucune part à l’insurrection ?
R. Oui, je vais vous raconter comment j’ai passé ma journée.
(L’accusé prend sa journée dès la pointe du jour et entreprend une narration ornée de tels détails que M. le président est obligé de l’arrêter à 9 heures du matin).
D. Tout cela n’a pas trait à l’accusation. Si ce pouvait être utile pour votre défense, je vous laisserais continuer, mais cela n’a aucun rapport avec les faits qui nous occupent ?
R. Ça viendra bien à son tour ; mais puisque vous le voulez, je vais couper plus court et je vais aller tout droit à la sous-préfecture. Vers 5 heures, je passais devant la poste, un garde national, causant avec un autre, dit en me voyant passer ; j’en ai déjà compté 15, mais celui-là fait bien le 16°. Je continuais mon chemin. Mais un moment après, réfléchissant à ce propos, je tins à savoir ce qu’il signifiait, et je revins vers celui qui l’avait prononcé et je l’ai un peu engueulé. À ce moment, j’ai vu le sous-préfet, mais il ne vous dira pas que lui ai parlé malhonnêtement, au contraire ; puis je me suis retiré et je n’ai pris aucune part à l’émeute.
M. le président cite ensuite plusieurs fait que l’accusation reproche à Mosnat, entr’autres celui d’avoir, avec Chassaigne et St-Joanis, sauté sur le fusil d’un garde national et l’avoir désarmé.
L’accusé nie d’une façon absolue les faits qui lui sont reprochés. Nous les négligeons donc, comme dans la plupart des interrogatoires, car ils seraient d’une longueur fastidieuse ; lorsque les témoins appelés à déposer de ces faits seront entendus, ils viendront d’une façon bien plus complète, contradictoirement et par conséquent auront pour le compte-rendu plus d’intérêt que de seules questions sans réponse.
D. Je dois appeler votre attention sur un fait qui vous est plus particulier. Qu’était-ce que cette veste de hussard dont vous étiez vêtu ?
R. Je ne l’avais pas, le soir.
D. Il est donc vrai que vous avez une veste de hussard ?
R. Oh ! Ce n’est pas rare ; vous en trouverez comme ça 5 à 600 dans la commune, des vestes de hussards ou d’autres ; mais je ne la portais pas, le soir.
D. Vous êtes accusé d’avoir jeté la première pierre contre la sous-préfecture ?
R. Je n’en ai pas jeté du tout.
D. Vous avez crié : Vive la commune ?
R. Non. D’ailleurs, on ne peut pas dire que je suis républicain, je ne suis rien du tout.

À suivre : le procès : interrogatoire de Chassaigne.

Merci à Georges Therre pour nous avoir confié ces documents.