La Commune, elle souffla aussi à Thiers - 18 : audition des témoins : incident

À lire précédemment : Audition des témoins : colonel Giraud Pine

Suite de l’audience du 24 août.

À la reprise de l’audience, on entend un témoin infirme qui a besoin de se retirer.
C’est le nommé Jacques Saint-Joanis Maubert , coutelier.
Au mois d’octobre ce témoin a assisté à une réunion chez Bouchet, composée de 12 à 15 personnes. On proposa une cotisation à 45 c. par mois pour payer le local, l’éclairage et les journaux. Chomette présidait ; il se mit parler d’Adam et Eve. Le témoin n’y comprit rien et se retira.

Incident.

Le commissaire de police de Thiers monte vers la Cour, une des feuilles de notre publication à la main. Il vient de se plaindre une inexactitude. La Cour lui répond naturellement que cela ne la regarde pas, et invite le témoin à se retirer.
Puisque le commissaire de police de Thiers a cru pouvoir soulever à l’audience un incident en dehors des débats, nous demandons la permission à nos lecteurs d’en soulever une aussi en dehors du compte-rendu.
M. le commissaire de police de Thiers a besoin de savoir que si la presse a le devoir d’être exacte en matière de compte-rendu, elle a aussi le pouvoir de se servir de ses armes pour se défendre.
Puisque M. le commissaire a tenu à dénoncer publiquement une erreur dont on a pu juger le peu d’importance par l’erratum contenu dans notre précédente livraison, nous avons le droit de dénoncer publiquement aussi sa conduite dans cette circonstance.
À l’issue de l’audience de ce matin, M. le commissaire de police de Thiers, en compagnie de M. le colonel Giraud-Pine, est venu nous signaler que c’était par erreur que, dans sa propre déposition, nous lui avions fait dire que M. le colonel était présent à une réunion qui eut lieu chez M. le procureur de la République. Il n’y avait là rien de bien terrible.
Nous offrîmes spontanément, néanmoins, une rectification dans la plus prochaine livraison, ce qui eut lieu, en effet, une heure après.
Nous eûmes donc une surprise très grande de voir le commissaire donner à ce modeste incident déjà réparé la solennité d’une plainte en pleine audience.
Mais il n’y avait là qu’une inconséquence à laquelle nous ne nous serions nullement arrêté si ce Monsieur s’en fût tenu là.
Mais, en sortant de l’audience, où il venait de nous quitter et où il savait que nous étions, par conséquent sans autre but que de produire un scandale, il est allé dans nos bureaux avec deux témoins, nous demander.
On lui répondit naturellement que nous étions absent, et alors qu’il vociféra contre nos employés qui ignoraient ce dont il s’agissait, en nous accusant d’avoir falsifié sa déposition, d’avoir commis un faux, et annonçant qu’après en avoir référé à la Cour, il était convenu qu’il allait nous assigner en réparation et qu’on aurait de ses nouvelles.
Nous les attendons, mais en attendant nous croyons devoir révéler le fond même de ce minime incident et rendre juge l’opinion publique, ainsi que les nombreuses personnes auxquelles il en a fourni une interprétation erronée, de l’étrange conduite de ce fonctionnaire.

PS : Au moment de mettre sous presse, nos employés et ouvriers nous révèlent des faits plus graves :
- 1° lLes deux prétendus témoins amenés par le commissaire seraient ses propres agents ;
- 2° Ce fonctionnaire aurait poussé l’audace jusqu’à permettre d’aller - avant l’incident - dans notre atelier, avec la prétention d’arrêter le tirage !
Pour un commissaire de police, et en présence d’un aussi puéril mobile, de pareils procédés sont graves !

À suivre : .

Merci à Georges Therre pour nous avoir confié ces documents.