La Commune, elle souffla aussi à Thiers - 12 : interrogatoire de Vedel
À lire précédemment : Le procès : interrogatoire de Chomette
Suite de l’audience du 22 août
D. Vous êtes marchand de fer et de vins en gros.
R. Oui.
D. Ces deux commerces vous mettent en rapport avec la classe ouvrière.
R. Pas seulement la classe ouvrière.
D. Il n’y a rien à dire contre votre moralité. Vous êtes seulement signalé comme dangereux par vos opinions exaltées. Vous posez comme libre-penseur.
R. J’ai mon opinion, mais je ne suis pas un coureur de rues ni de cafés et je ne fais pas de propagande.
Ma maison est fréquentée par une classe immense d’ouvriers qui viennent y chercher les métaux qui leur sont utiles. J’ai plus de 8 000 clients. Nous sommes, de père en fils, graveurs sur métaux depuis plusieurs siècles.
D. Vous ne pouvez pas nier vos opinions politiques exaltées puisque vous avez été compromis en 1851.
R. Quelle opinion exaltée fallait-il donc pour être compromis en 1851 comment 1871, sans y penser ?
D. Il y a cependant contre vous des charges graves.
R. Indiquez-les, je chercherai à les combattre.
M. le président pose à l’accusé une série de questions relatives à la présence de Vedel à la réunion de Clermont.
L’accusé répond que sa présence à Clermont a été due au hasard.
D. 15 jours avant l’insurrection n’avez-vous pas, avec Chomette, suivi, maison par maison, le village Chez Boulay ?
R. C’est faux ceci, je suis allé un dimanche soir à ce village comme cela m’arrive souvent et ne suis entré que dans une seule maison, je n’ai nullement préparé l’insurrection, je n’agis pas dans l’ombre. Chez moi, on ne trouve que de bons conseils, jamais de mauvais, je ne cache pas mas vie. Depuis 24 ans que je suis dans les affaires on peut chercher tous mes actes et on ne trouvera rien à me reprocher.
D. Vous avez concouru à l’organisation des réunions publiques et en rapprochant ces faits de vos antécédents, l’accusation prétend que vous prépariez l’émeute.
R. Oui, mais l’accusation a doublement tort. D’abord de s’adresser où il y a de la probité et ensuite de supposer à ces réunions un autre but que celui qu’elles avaient.
À suivre : interrogatoire de Chauffriat.
Merci à Georges Therre pour nous avoir confié ces documents.