L’argent de poche
Synopsis
La vie des enfants de la ville de Thiers à l’école à la fin de l’année scolaire nous est montrée. La plupart des enfants vivent une vie sereine enjolivée par la patte caractéristique de Truffaut, mêlant petits événements, tracas et peines, et surtout pour les enfants, apprentissage de la relation à l’autre, sous le regard des adultes. Un seul d’entre eux vit l’horreur au quotidien.
À la fin du film, cet enfant, Julien, est sauvé des griffes de ses parents maltraitants, c’est l’occasion pour l’enseignant de faire un cours sur son engagement auprès des élèves. Il a choisi d’enseigner pour lutter contre les injustices faites aux enfants. L’arrivée de l’été et de la colonie de vacances sera l’occasion des premières amours de Patrick, comme une conclusion en forme d’espoir.
La distribution
Jean-François Stévenin, Philippe Goldmann, Bruno Staab, Geory Desmouceaux, Laurent Devlaeminck, Nicole Félix, Chantal Mercier, Virginie Thévenet, Tania Torrens, Marcel Berbert, René Barnérias, Sylvie Gresel, Katy Carayon, Jean-Marie Carayon, Annie Chevaldonné, Francis Devlaeminck, Michel Dissart, Michele Heyraud, Paul Heyraud, Jeanne Lobre, Vincent Touly, Pascale Bruchon.
Le réalisateur
François Truffaut, né le 6 février 1932 à Paris et mort à 52 ans le 21 octobre 1984 à Neuilly-sur-Seine, est réalisateur et scénariste de cinéma.
Il a également été acteur et avait été préalablement critique de cinéma. Il fait partie du groupe de cinéastes issus des Cahiers du cinéma, qui ont constitué la Nouvelle Vague. Il a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma.
François Truffaut publie des articles pour les Cahiers du cinéma puis entre à la revue Arts en 1953. Au sein de ces revues, il est de la jeune garde constituée autour d’André Bazin, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Jacques Demy, Eric Rohmer, Jean-Luc Godard... Son pamphlet Une certaine tendance du cinéma français dit avec éclat ce que pensent ces cinéastes tout bas. L’année suivante, il réalise un bout d’essai, Une visite, son premier court métrage, rédige le scénario de A bout de souffle. En 1955, il réalise ses premières interviews avec Alfred Hitchcock puis publie une nouvelle, Antoine et Colette.
En 1959, il tourne Les Quatre Cents Coups, transposant certains épisodes de sa vie et son personnage d’adolescent dans celui d’Antoine Doinel. Ce film devient un succès immédiat, ouvrant la porte au mouvement de la Nouvelle Vague et à sa carrière mondiale. Il n’arrêtera plus de tourner par la suite jusqu’en 1983 période pendant laquelle il tournera une quinzaine de films, tous plus ou moins considérés comme des films majeurs, la plupart d’entre eux ayant été multi-récompensés (Les Quatre Cents Coups, Baisers volés, Le dernier métro...).
En 1977, il accepte de jouer dans Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, dans le rôle du scientifique français Lacombe. Spielberg est en effet un grand passionné de la filmographie de TrufTruffaut et voulait absolument que ce dernier vienne jouer dans son film.
Le film
Extraits tirés de l’ouvrage François Truffaut, par Antoine de Baecque, Serge Toubiana / Gallimard NRF, coll. Biographies, 1996
Après avoir raconté l’obstination amoureuse et la folie d’une jeune femme (Adèle H), François Truffaut entreprend un film avec des enfants (L’argent de poche) qu’il a prévu de tourner en juillet 1975, pendant les vacances scolaires. Pour établir le scénario il a d’abord consigné quelques petites histoires, souvent vraies, autobiographiques, tirées de faits divers, ou simplement inventées.
A la fin de l’année 1972, le projet n’existe qu’à l’état de synopsis, une dizaine de pages écrites en collaboration avec Suzanne Schiffman. A ce moment-là, Truffaut envisage un “ film à sketches illustrant différents aspects de l’enfance “, avec comme point commun “ la grande faculté de résistance et de survie des enfants “. Avec ironie, il envisage même de titrer son film La peau dure … Au début de l’été 1974, Truffaut décide de reprendre ce projet en le retravaillant avec Suzanne Schiffman. Son intention n’est pas d’écrire un vrai scénario, car il préfère être libre d’improviser avec les enfants qui joueront dans son film.
En avril 1975, après quelques repérages dans le centre de la France, Truffaut décide de tourner son film à Thiers, dans le Puy-Dôme. Fin mai, commencent les essais et les auditions des enfants dans les bureaux de sa société de production, Les Films du Carrosse. Trois cents enfants défilent alors, parmi lesquels quinze interpréteront les principaux rôles de L’argent de poche. Certains enfants d’amis feront partie des élus. Les filles de Truffaut font aussi leurs vrais débuts à l’écran.
En juin, Truffaut s’installe à Thiers et engage des écoliers de la ville pour les rôles de figuration. Certains de ses techniciens (dont Roland Thenot) font de la figuration et le maire de Thiers de l’époque, René Barnérias, joue un petit rôle.
Le tournage de L’argent de poche débute le 17 juillet 1975 et va durer deux mois. Truffaut retrouve Pierre-William Glenn, le chef opérateur de La nuit américaine, pour ce film qu’il veut tourner sur un rythme rapide.
Parce que c’est le plein été et que les enfants sont au centre du film, il règne une ambiance de vacances. Truffaut écrit ses dialogues à la sauvette, recueillant, de-ci de-là, les expressions qu’il entend dans la bouche de ses “acteurs “. Plutôt gai, mais épuisant physiquement, à cause de l’attention permanente portée aux enfants, le tournage de L’argent de poche, le laisse de nouveau dans un état de grande fatigue.
Fin octobre 1975, un rude travail de montage l’attend, car il s’agit de ramener le bout-à-bout de L’argent de poche de plus de trois heures à une durée d’une heure quarante. Six mois après l’échec de L’histoire d’Adèle H. Truffaut renoue cependant avec le succès. La sortie de L’argent de poche, le 17 mars 1976 dans dix salles parisiennes, est un triomphe.
Une fois encore, le public plébiscite un « petit » film de Truffaut après boudé une oeuvre plus ambitieuse. L’argent de poche réalise 470 000 entrées en six mois d’exploitation, égalant le succès des Quatre Cents Coups. Même phénomène à l’étranger.
Une semaine après la sortie parisienne, Truffaut est fier de montrer L’argent de poche aux habitants de Thiers. Accompagné de Roland Thénot et de Suzanne Schiffman, il est reçu par le maire, René Barnérias, le député Michel Debatisse, le sous-préfet et les 272 enfants invités.
Truffaut fait un tabac, et dans le mois qui suit, 7 744 personnes voient le film, ce qui représente un succès indéniable dans une ville qui ne compte que 17 000 âmes.
Autour de L’argent de Poche, ce qu’en dit le réalisateur :
Extrait de : Entretien de François Truffaut avec Claude Marie Trémois /
Le cinéma selon François Truffaut / textes réunis par Anne Gillain,
Cinémas Flammarion, 1988
Les enfants, vous les avez choisis d’après leur physique, ou d’après leurs affinités avec le personnage ?
C’était d’après leur tenue devant la caméra. Je leur ai fait tous apprendre la tirade d’Harpagon dans l’Avare – ça me donnait un petit test – et puis je leur posais des questions ; nous avons fait des essais dans la cour d’école à Thiers, et c’était en fonction de leur vivacité, de leur vocabulaire, de l’envie qu’ils avaient de jouer – ça intervient aussi – et même de leur disponibilité. J’ai commencé exprès par les scènes de classes ; il y avait une classe avec trente-cinq élèves, une autre avec vingt-cinq, plus petits ; ça me donnait le temps de les étudier ; je ne voulais pas avoir de regrets, avoir à me dire : « Celui-là, j’aurais dû lui donner un grand rôle… » Ça s’est bien passé. C’est ça aussi qui a amené l’importance des deux petits Italiens ; il n’était pas du tout prévu que ces deux petits frères tiennent une telle place dans le film ; ils n’avaient pas de personnage, il ne leur arrive pas grand-chose dans le film ; mais ils étaient tellement intéressants, et ils voulaient venir tous les jours, et je m’arrangeais toujours pour trouver quelque chose pour eux.
Informations collectées par Christophe Jeanpetit - Directeur de Ciné-Parc
Article paru dans CentralParc en mai 2012.