Un anarchiste à Paris - 2ème partie
Fernand Planche : émouleur et écrivain par Georges THERRE
Dans toute cette période, Fernand publie des articles, s’intéresse à la propagande et au journalisme, mais ne songe pas à la littérature pour lui-même. Il a été le rédacteur en chef d’un périodique libertaire, intitulé La Conquête du Pain, d’après le nom d’un livre de Kropotkine, qui paraît à peu près régulièrement d’octobre 1934 à 1935 ; il comptera 42 numéros. Si son ami Berthier y collabore régulièrement, Fernand, lui, se charge essentiellement de réunir des textes et de diffuser le journal. Il signe un seul article, qui se révèle un véritable poème humaniste, sûrement des plus beaux textes consacrés à l’anarchie.
(à consulter en pièce jointe, manuscrit, mais avec quelques blancs pour les mots coupés sur la droite.. voici le texte que nous a communiqué un des lecteurs d’Escout’ Moi Voir, Patrice : )
Ce texte a été publié dans La Conquête du Pain (1934) -
Ce texte situe Fernand Planche : ce n’est pas un militant intransigeant et catégorique, c’est avant tout un rassembleur. Vers 1930, il est secrétaire de la Synthèse Anarchiste qui essaie de réunir les trois courants anti-étatistes qui sont constamment au bord de la rupture :
le socialisme libertaire,
l’anarcho-syndicalisme,
l’individualisme anarchiste.
Ce sera, je crois, sa vocation : réconcilier les irréductibles.
Mais l’époque n’est pas à la tendresse. La violence éclate dans les paroles et dans les actes, et se cristallisera dans la terrible guerre civile en Espagne, en 1936. Là, les anarchistes à la fois feront preuve de leur importance en créant de véritables groupes de combat, et verront le glas de leur mouvement ; en raison des énormes pertes subies dans la lutte contre l’armée franquiste et dans celle contre leurs propres compagnons de route, les communistes. Un anarchiste thiernois, son grand ami, Rémy Dugne, s’est engagé dans ces troupes, et est revenu en raison de sa mauvaise santé. Nous savons par Berthier que Fernand Planche, lui aussi, est parti, (sans doute en simple observateur) pour Barcelone où il est arrivé le 24 juillet 1936. La victoire est encore possible, et Planche est alors optimiste.
Mais c’est dans ces circonstances qu’on reconnaît son tempérament pacifique et humain : les exécutions sommaires auxquelles ont procédé ses compagnons l’ont attristé, et surtout, le cas d’un prêtre, à qui on promit la vie sauve s’il donnait des renseignements, et qu’on a fusillé quand même, l’a laissé tout à fait bouleversé. C’est sûrement le problème majeur pour tous ces idéalistes qui se sont tournés vers l’anarchie : faut-il seulement faire de la théorie, et convertir les esprits lentement, trop lentement, ou se déclarer partisan de la violence, de l’action directe comme on dit déjà alors ?
Ce problème a agité les libertaires déjà au temps de Ravachol, et n’a jamais été résolu.
L’anecdote semble prouver que Fernand Planche, très à l’aise pendant l’agitation parisienne, lors des grèves de la même année 1936, et fort clairvoyant, n’était pas fait pour la violence meurtrière. Il ne sera jamais d’ailleurs accusé du moindre écart physique.
Nous allons voir qu’en revanche, il donne libre cours à sa verve lors des affrontements verbaux.
Georges Therre
A suivre... La Polémique Brugerette
De la meule à la plume, causerie sur Fernand Planche, émouleur et écrivain - par Georges THERRE - 1984 - Un anarchiste à Paris - deuxième partie.