On peut se poser des questions
Bien sûr qu’il y a toujours (et heureusement) des choses qui vont bien dans ce monde où nous vivons : le bonheur des familles et leur santé sans oublier une certaine harmonie dans la plupart des cas, des victoires et la joie qu’elles apportent (y compris durant les jeux de Paris), les découvertes dans tant de domaines, les progrès scientifiques, l’allongement de la durée de vie, sans parler des diverses assistances dont nous pouvons bénéficier dans notre pays. Malgré tout, à voir la marche du Monde en général aujourd’hui, on est en droit de se poser des questions ! Pour autant, je ne suis pas en train de penser que ‘’c’était mieux avant’’. Sénèque déjà écrivait en son temps :’’ regretter le passé et craindre l’avenir’’ (le constat n’est pas nouveau) ! Pour arriver à un regard sur le fondement de l’état de notre société (là où je tente de mener mes lecteurs), n’assistons-nous pas à la fuite de certaines valeurs, ce qui revient à dire un dysfonctionnement des valeurs traditionnelles ? Pour autant que je sache, comme l’a si bien dit Gustave Mahler ‘’la tradition n’est pas le culte des cendres mais la préservation de la braise’’ : donc la reprise possible d’un feu.
On se plaint souvent mais on ne voudrait pas revenir en arrière. Est-ce que les rapports entre les êtres sont au mieux pour être considérés comme des relations normales ? On peut se poser la question. Une chose est sûre, il est beaucoup plus sain d’envisager l’autre que le dévisager !
Un certain comportement qui n’est sûrement pas toujours bienveillant envers les autres peut créer un déséquilibre préjudiciable à notre société qui met aussi en exergue l’affligeante vulnérabilité de notre civilisation. Notre société matérialiste ne supporte pas la contrariété et toute forme d’opposition, on souhaite tout et tout de suite, l’argent devient la première valeur et un but pour beaucoup d’entre nous. Certains ego sont sans limite. Sans réaction constructive, n’adhérons-nous pas à l’émergence d’un monde sans idéal, alors que nous devrions participer à un renouveau du progrès humain à la suite de l’humanisme de la Renaissance et du Siècle dit des Lumières ? Il est grand temps de bâtir dans ce Monde trop souvent en détresse. C’est incontestable, nous faisons des progrès immenses, mais pas dans tous les domaines. La raison appuyée sur la science a permis de lever une partie des mystères auxquels l’homme s’est trouvé confronté (et ça n’est pas fini) mais ne soyons pas hypnotisés par la science. Gardons toujours à l’esprit qu’une croissance sans fin pourrait nous mener à la fin par des dérives mortifères du culte de la croissance justement (sans parler de la croissance démographique). Je sais, d’aucuns clament qu’aller de découvertes en inventions devrait permettre à la lumière de cesser de clignoter pour briller sans cesse mais méfions-nous de certaines illusions et artifices, nous pourrions nous noyer dans la futilité et le matérialisme car c’est là que se situe le royaume de l’éphémère.
On entend de-ci de-là que le Monde est fait de noirceur mais cette noirceur est-elle en chacun de nous ? N’y a-t-il pas malgré tout une conscience collective capable de nous mener vers un renouveau, vers des rivages d’un nouveau Monde ? C’est à chacun de nous de prendre ce train car enfin, si aujourd’hui tout se transforme à la plus grande vitesse, cet effondrement de la société occidentale ne participe t-il pas (au bout du bout) lui-même au renouveau dont je parle et qui se mettra en place d’une manière ou d’une autre ?
Ce grand changement viendra (entre autres) si l’humanité met un terme à la guerre, dans le cas contraire, c’est la guerre qui mettra un terme à l’humanité comme nous l’a dit un certain J. F. Kennedy. Aujourd’hui, nous constatons que le Monde géopolitique se dégrade, certaines parties du Monde sont dans une instabilité en partie due à la violence, ce qui mène aux massacres, au terrorisme, aux famines, à la pauvreté, la liste est sans fin, sans parler de la pollution, du réchauffement, de la déforestation et autres crises économiques. Alors, serait-ce la fin de tout ? Le Monde a toujours été tragique, pour autant devons-nous haïr notre époque ?
Oserais-je dire maintenant, après cette lugubre énumération, que malgré tout nous faisons des progrès ? Nous vivons en Europe une longue paix (malgré les terribles brasiers que nous connaissons) depuis 1945, ça n’avait jamais existé aussi longtemps. Il y a quelques explications à cela. Les comportements humains ont changé : la guerre de conquête est terminée (en principe), plus de gloire à en tirer, plus d’héroïsme à y voir, l’exaltation dans ce domaine a plus ou moins disparu. Il faut dire que les 18 millions de morts de 14-18 ont donné à réfléchir, la dernière n’était pas mal non plus, l’espèce humaine nous a montré de quoi elle était capable ! Une nouvelle sensibilité a développé de nouvelles valeurs (même si d’autres ont disparu), le contrôle de soi a atténué les affrontements, (même s’il y a encore beaucoup à faire), la justice personnelle a disparu. Les supplices, les gibets, les bûchers n’existent plus sur la place publique, l’esclavage a (pratiquement) disparu, même s’il perdure sous d’autre formes.
Les violences envers les femmes (et les enfants), même si elles sont encore hélas bien présentes ne sont plus admises aujourd’hui, souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, elles étaient banalisées, ce qui nous semble insupportable de nos jours ne provoquait ni opposition ni émotion.
La vitesse de l’information a rebattu les cartes, le Monde est un village et dans ce Monde en mutation tout est possible. L’écologie qui est sur les fonts baptismaux est en passe de devenir une nouvelle religion. Bon gré mal gré, l’école est toujours la base de l’éducation, elle est le point de départ du savoir (la connaissance viendra plus tard), elle fixe les bases du comportement, elle est souvent la béquille de certains parents (hélas) déficients.
C’est seulement dans la durée que l’on se rendra compte des améliorations et des changements qui en découleront, un nouveau progrès continu apparaîtra, quand je dis cela, je pense être animé d’un optimisme réaliste. Il faut rêver d’un autre Occident, d’une ‘’Constantinople ‘’comme une nouvelle Rome ! Si nous ne croyons pas à cet espoir lucide l’humanité risquerait de perdre sa dignité ! Il est temps de lever les yeux vers le Monde qui vient.
Souvenons-nous, nous ne perdons jamais : soit nous gagnons soit nous apprenons ! (Nelson Mandela).
Jean-Paul Gouttefangeas
Crédit photo : Jean-Luc Gironde.