Léonard Cohen est un chat, je l’ai rencontré…
La lune semble s’échapper de l’horizon. Doucement, comme une plume, elle s’élève. Comme tous ces fous qui aiment la lune, il me fallait y aller. Depuis le port du Pirée, le bateau glisse sur l’eau. Il file vers ce qui sera un grand matin. Le sablier se vide, j’ai l’impression douce de me noyer dans le vent qui souffle sur cette petite île grecque. A Hydra, seuls les ânes et les mulets ont droit de se faufiler dans les ruelles étroites qui serpentent à travers des maisons blanches et paisibles. Le maître du temps, caméraman divin, a appuyé sur pause. Dans l’une d’elle, posée en haut de marches interminables, Léonard Cohen y est resté 7 ans... Il y écrivit des romans et, sans doute, ses plus belles chansons. Léonard avait tellement de fissures que la Lumière pouvait se voir en lui. Sa maison ne se visite pas mais sur un papier posé sur la porte, une écriture manuscrite, demande « S’il vous plaît, merci de ne pas frapper ». Peut-être Léonard est-il en train de dormir… Ce lieu magique, aux maisons accrochées les unes aux autres, posé dans le golf Saronique, avec ses coquelicots d’un rouge profond, presque carmin, qui jaillissent au milieu d’Euryops d’or et se courbent comme une chevelure sous le vent, est un bel endroit pour se débarrasser de sa vieille peau. Et peut-être, se retrouver. Ici, les mots ne sont pas muets. On peut parler aux dieux et, rêver qu’ils nous écoutent. On est hors du temps. On est bien. Je me suis demandé si je ne devais pas rester là, y finir sous ce voile si doux qui ressemble tant à la sérénité parfaite. Quelle paix ! Alors, je me suis dit que j’allais faire de ce moment un de mes plus beaux souvenirs et avant de quitter l’île, je me suis étendu sur un mur des remparts du fort, près d’un canon. Alors, un chat a grimpé sur moi. C’était un chat tigré, double masculin de mon amoureuse féline, Marcelle, loin, si loin de moi, en ce jour d’avril. Il accepta avec une douceur tendre, mes caresses. Sur moi, il s’est lové, abandonné. En cet instant précis, nous étions faits l’un pour l’autre. Et puis, il s’endormit, posé sur moi et doucement, a glissé dans l’astral, m’emportant avec lui. Peut-être était-ce la réincarnation de Léonard Cohen car jamais mon sommeil ne fut traversé d’une telle élégance ! C’est ça, Léonard est un chat et je l’ai rencontré ! So long…
Jean-Luc Gironde
PS : Dans l’avion qui me ramenait à Paris, ma voisine de siège, une jeune américaine, m’a regardé longuement avant de me dire « Mais je vous connais ! » » J’étais interloqué, alors elle a pris son téléphone, a cherché dans ses photos et m’a montré une image qu’elle avait prise quelques jours auparavant. On y voyait un homme en noir avec un chat. Les deux dormaient sur un rempart ! C’était moi et le mystérieux félin. Elle m’a demandé l’autorisation de publier sur ses réseaux, la photo. J’ai écrit sous la photo avec mon doigt, comme on le fait quand on reçoit un colis « Ok for publishing », je n’ai pas osé « Sincerely, Leonard Cohen » !!!
Pour bien comprendre l’allusion à Cohen, faut lire (et écouter) cette beauté pure chantée par Damien Rice, il dépasse le maître !
It’s four in the morning, the end of December
I’m writing you now just to see if you’re better
New York is cold, but I like where I’m living
There’s music on Clinton Street all through the evening
I hear that you’re building your little house deep in the desert
You’re living for nothing now, I hope you’re keeping some kind of record
Yes, and Jane came by with a lock of your hair
She said that you gave it to her
That night that you planned to go clear
Did you ever go clear ?
Ah, the last time we saw you you looked so much older
Your famous blue raincoat was torn at the shoulder
You’d been to the station to meet every train, and
You came home without Lili Marlene
And you treated my woman to a flake of your life
And when she came back she was nobody’s wife
Well I see you there with the rose in your teeth
One more thin gypsy thief
Well, I see Jane’s awake
She sends her regards
And what can I tell you my brother, my killer
What can I possibly say ?
I guess that I miss you, I guess I forgive you
I’m glad you stood in my way
If you ever come by here, for Jane or for me
Well, your enemy is sleeping, and his woman is free
Yes, and thanks, for the trouble you took from her eyes
I thought it was there for good so I never tried
And Jane came by with a lock of your hair
She said that you gave it to her
That night that you planned to go clear
Sincerely, L Cohen