Le temps de Noël
Nous retrouvons chaque année le temps de Noël, c’est immuable, à cette occasion un temps nouveau arrive. Qu’on le veuille ou non on participe à l’événement. Bien sûr, il y a ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas, mais c’est pourtant bel et bien une fête religieuse au départ (depuis 2000 ans), même de grande espérance pour certains. Ce temps, avec de grandes différences, qu’elles soient de tradition, familiales, de piété ou de ferveur est fêté d’une manière ou d’une autre sur la plus grande partie du globe. Solstice d’hiver, c’est aussi une autre espérance, celle de voir les jours rallonger, d’aller vers plus de lumière.
C’est souvent un temps de joie dans les familles, les enfants étant souvent les plus intéressés. Les décorations abondent, les sapins sont toujours les rois dans la maison (après l’avoir été dans la forêt) et parfois ils sont aussi installés à l’extérieur, devant la maison ou dans le jardin. Dans certaines régions on fête saint Nicolas et partout le Père Noël toujours jeune, on le voit même grimper après les façades (tout ça pour redescendre par la cheminée) quelle santé !
Les villes et les villages participent aussi, bien sûr, à cette décoration, d’ailleurs cette pratique est si ancrée dans les mœurs qu’aucune municipalité ne se risquerait à ne pas « marquer le coup ! ». Outre le traditionnel sapin implanté au centre de la cité, c’est toute une panoplie d’arcs lumineux, de guirlandes et autres brillants motifs électriques qui décorent les villes et les villages. D’ailleurs, à ce sujet, il n’est pas rare que ces décorations soient rachetées par des villages, pour une deuxième vie, à des villes plus riches qui, elles, les trouvaient obsolètes ou démodées face aux « inventions » nouvelles et aux propositions ‘’tendance’’ !
Pourtant un changement est en train d’apparaître, nous nous en rendons compte d’année en année : sur nos carrefours c’est moins brillant ! Mais l’idée est plus lumineuse ! Il suffit de contourner les ronds-points de Thiers pour s’en rendre compte. Finie la débauche d’ampoules électriques, de guirlandes et des dispendieux portiques de lumière, pratiques d’un temps révolu où l’énergie était dépensée sans compter ! Il n’y avait qu’à « brancher » et hop, la fée électricité faisait le reste ! Aujourd’hui un grand nombre d’évocations de Noël se situent sur la pelouse du rond-point lui-même. Sur celui du Moutier, à partir de rondins de bois, de planchettes de récupération et de beaucoup d’imagination, les services techniques de la mairie ont su par leurs créations et leur esprit imaginatif, éveiller en nous des images liées à l’enfance et à cette période de Noël. Des bonshommes tout en blanc en chapeau haut de forme et veston à trois boutons, des cerfs aux bois démesurés, de sages nounours avec leurs petites oreilles rondes, jusqu’à une cabane (dite au Canada !) avec ses deux stères de bois empilés (c’est l’hiver !) et, devant la porte, une table et de gros sièges sont disposés attendant peut-être des jours plus chauds (car ils reviendront). A côté d’un petit castor à l’air particulièrement espiègle, j’ai noté un précieux panneau indicateur mentionnant des directions on ne peut plus importantes : la cascade givrée, le bonhomme de neige, l’ange de Noël et enfin le Père Noël lui-même ! Autour, des sapins, des vrais et des faux. Oh ! pour les faux qui scintillent encore grâce à de minuscules ampoules c’est peut-être un dernier tour de piste, on sent bien qu’ils ne sont là que pour la transition avec l’apparition en force de leurs frères d’armes faits à partir de planchettes de palettes, le tout mêlé à quelques vrais sapins. J’avoue que je suis plutôt favorable à ces petits bouleversements, en souhaitant cependant toujours voir le grand sapin sur la place, parce que c’est lui le vrai symbole de décor de la fin de l’année dans nos villes et dans nos villages ; que voulez-vous je suis de l’école ancienne et je trouve que j’ai déjà abandonné pas mal de mes traditions face à ce que l’on appelle le « monde moderne » qui, il faut bien le dire, a aussi beaucoup de bon.
Pour revenir à nos décorations de Noël dans nos villes, cette démarche du retour « au naturel » (et à l’abandon progressif de l’électricité) s’inscrit parfaitement dans l’air du temps et ce dans beaucoup de domaines. Pourtant que c’est beau ! Cette féérie de brillance, ces avenues illuminées, ces motifs scintillants ces guirlandes électriques, ces couleurs clignotantes qui transforment nos rues. J’ai emprunté (entre autres rues) la route de la Vallée, j’ai pu voir encore tout l’effet décoratif des motifs électrique suspendus à distance régulière et répétée.
Cette fête des lumières malgré tout perdurera mais sûrement avec une recherche d’économie de consommation. C’est à nous tous de réinventer un tas de choses et de comportements. Même les feux d’artifice sont remis en question devant leur prix exorbitant. Commencent à se mettre en place des effets de drones lumineux qui, eux, sont renouvelables d’année en année, ça existe déjà et c’est très spectaculaire. Il faut maintenant, c’est une nécessité vitale, que nous nous occupions de notre planète, si nous ne le faisons pas c’est elle qui va s’occuper de nous et ça ne va pas être beau ! Mais avouez que l’on s’est habitué au confort, à la facilité. Les plus anciens se souviennent, il y a un demi-siècle (ça n’est quand même pas le Moyen Age) on nous disait : le pétrole, une énergie pratiquement inépuisable (enfin certains commençaient à poser des questions), achetez des véhicules Diésel, c’est propre, ça ne pollue pas ! Dans les grands palaces, on pouvait prendre un bain dans une baignoire qui se remplissait de 500 litres d’eau en moins d’une minute, quel pied ! Et pour l’utilisation du bois en général, celui qui sert dans la construction de nos maisons et de nos meubles, il paraît que c’est plus économique de le faire venir du Canada, de la Carélie ou de je ne sais trop où plutôt que le couper et le débiter à Saint Victor Montvianneix, Vollore-Montagne ou au col de Saint Thomas ! On fait venir de Chine des pavés de pierre pour les cours et les places, etc..... la liste est longue et il nous est parfois compliqué de comprendre le bien-fondé des pratiques. Nous commençons cependant à déchanter. Le montant des factures que nous devons régler en matière d’énergie (entre autres) nous aide à réfléchir (pourvu qu’il ne faille pas un jour payer l’air que nous respirons !).
Allez, c’est la fin de l’année, les décorations de Noël y afférant ne doivent pas me ramener à des considérations purement « matérielles » au contraire, j’ai découvert toujours en face du rond point du moutier (sous les bambous) une petite table ronde et deux sièges au dossier très renversé pour prendre des rafraîchissements durant l’été prochain ! (le tout fait en bois de récupération), merci aux concepteurs pour leur optimisme et leur humour.
Ah, une chose encore, joyeux Noël sous les sapins, quels qu’ils soient, vrais ou faux !
Jean Paul Gouttefangeas