Le pied
Plutôt que rester mes deux pieds dans le même sabot, les doigts de pied en éventail, j’ai préféré faire un croche-pied à la morosité et au risque de vous paraître un peu casse-pied, comme je chante comme un pied, j’ai décidé de vous parler. Encore faut-il avoir quelque chose à dire sans trop se prendre les pieds dans le tapis ! Et si je vous entretenais de la joie de vivre. Là, je vais y aller sur la pointe des pieds, c’est risqué par les temps qui courent mais je suis prêt à le tenter avant que nous ne perdions pied. Dans ce monde, depuis le temps que ça dure pour moi, sans trop de risques j’ai, si je puis dire, un pied dans la place, comme certains d’entre vous mais hélas, nous ne sommes pas tous sur un pied d’égalité et cela en plein de domaines !
Ce monde dans lequel nous vivons a toujours été plus ou moins difficile, mais il est aussi très beau malgré la souffrance. Notre vie se déroule avec les autres, au milieu d’eux et c’est une des clefs du bonheur, pour mettre les pieds dans le plat, justement, le bonheur c’est les autres. Quand à certains moments dans notre vie ça n’est pas vraiment le pied, il est bon d’avoir autour de nous un ami ou plusieurs pour nous remettre sur pied, ou mieux, comme l’on dit nous mettre le pied à l’étrier. C’est au milieu de nos nuits parfois que l’angoisse nous étreint, nus et plus habillés de pied en cape, alors on ne croit plus à grand-chose. Au pied du mur une question nous taraude : qu’est ce que je fais là ? Je ne vais pas revenir sur la question existentielle mais notre incroyable et miraculeuse présence ici-bas prête (depuis longtemps) à un questionnement qui est toujours resté sans réponse. Il faut avouer que dans ce domaine, nous faisons le pied de grue pieds et poings liés !
Surtout, bannir de nos pensées que c’était mieux avant. Non, c’était différent, pour autant ça n’était sûrement pas toujours le pied. Souvent nous avons dû faire des pieds et des mains pour nous extirper de situations très compliquées, ne sachant pas toujours sur quel pied danser, au risque de perdre pied. Un sentiment primordial doit nous animer : l’espérance. Il y a beaucoup de bonheur dans cette existence à s’émerveiller d’être ensemble, à admirer tous ces êtres, à en aimer le plus possible et notamment ceux qui vivent autour de nous. Qu’aiment-ils ? Leur conjoint, leur famille, la nature avec ses arbres et ses animaux, les arbres, la neige, la musique, le vin, peut-être Dieu, le soleil et tant de choses encore. Ayons de l’admiration pour les Hommes et gardons les pieds sur terre pour ne pas râter le train de la vie en disant merci. Merci à cette existence de nous permettre de rire, merci pour les roses, merci pour le printemps, merci en cas de coups durs de la vie de nous aider à repartir bon pied bon œil, à pied, à cheval (c’est peu probable !) ou en voiture en faisant un pied de nez à la guigne !
Restons à pied d’œuvre mes amis contemporains, pour garder entre-nous intact et augmenter encore ce sentiment de fraternité que nous devons développer pied au plancher en confiance et en espérance. Continuons d’échanger, de travailler ensemble sans traîner des pieds en vivants joyeux.
La vie est un don merveilleux, oublions la vallée de larmes, accrochons-nous toujours à quelque chose ou à quelqu’un car c’est ainsi que nous progresserons pour exister, pour grandir.
Alors, nous atteindrons de pied ferme une suite que nous nous efforcerons de rendre plus belle, en faisant un pied de nez aux brumes de la mélancolie, sans angoisse de partir les pieds devant, étant un peu rassurés de savoir que d’autres nous succèderont au pied levé dans le grand cycle de la vie.
C’est Jean d’Ormesson qui disait : « la mort doit être délicieuse, la vie est belle parce que nous mourrons ».
Jean Paul Gouttefangeas