La Faye, Couvent des Capucins, SELM 1962
SELM : Société des Etudes Locales et du Musée (de Thiers).
Les relations ayant existées entre les propriétaires du Château de la Faye à Olmet et la ville de Thiers sont nombreuses, outre le fait qu’il existe une chapelle de la Faye, située à gauche du cœur dans l’église Saint-Genès :
Guillaume de Montrevel aurait fait ses études « aux écoles de l’abbaye du Moûtier gouvernées par son oncle maternel » (Lucien Drouot, le chartrier de la Faye -2007 page 10)
L’hôtel du Pirou, improprement dénommé château du Pirou, construit avant 1410, porte aussi le nom d’hôtel Boulier du Chariol. Guillaume du Boulier du Chariol l’achète en 1423.
La famille en fut les propriétaires jusqu’à la fin des années 1970.
Aujourd’hui intéressons-nous au seigneur de la Faye au tout début du XVIIème siècle dans le bulletin de la Société des Etudes Locales et de Musée de Thiers N° 22 publié en 1962 à propos d’une inscription trouvée à Thiers, dans l’ancien Couvent des Capucins.
« Au début du XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIII, en 1606, était fondé à Thiers un monastère de Capucins.
Exerçaient alors la charge de Consuls, pour l’administration de la ville : (convocation des assemblées générales, défense de la ville, police, travaux publics etc.) Messires Guillaume Sandry, Imbert Chavalier et Pierre Bonniere, marchands.
Le couvent qui venait d’être fondé, en vertu d’un traité passé avec les Consuls de Thiers, le 11 octobre 1606, était situé dans la rue Bartasse (actuelle rue de Barante). On l’avait construit en dehors des remparts de la ville, exactement sur l’emplacement d’un cimetière qui avait servi à ensevelir les pestiférés.
La rue Bartasse, conduisant au nouveau couvent, tirait son appellation du bas latin Barta ou ou Bartassa. On rencontre ce vieux mot dans nombre de chartes du Moyen-Âge. Il signifiait : taillis de buissons.
Les petites gens de Thiers eurent vite fait de débaptiser cette rue. Ils l’appelèrent désormais la rue des Capucins. C’est dire combien ces religieux étaient connus dans les milieux populaires.
Les Capucins se livraient à Thiers aux « Œuvres de miséricorde ». Ils visitaient notamment les prisons et assuraient « l’instruction des prisonniers ».
De plus, fidèles à l’esprit de Saint-François d’Assise, ils tendaient une main secourable aux malheureux qui venaient frapper à la porte de leur couvent : journaliers mal payés, chômeurs contraints à la mendicité, miséreux affamés, nombreux à cette époque, surtout durant les grandes famines de 1694, 1709 et 1710.
Les Capucins de Thiers se consacrèrent à cet apostolat pendant 184 ans. Quand leur couvent fut fermé en 1790, ils étaient au nombre de sept, cinq Pères et deux Frères.
Aujourd’hui en 1962, l’ancien couvent des Capucins est en voie de démolition. Sur l’emplacement va s’élever la nouvelle sous-Préfecture de Thiers.
Dans les démolitions en cours, Monsieur Beaujeu-Aiguebonne, Président de la Société des Etudes Locales de Thiers, a eu la bonne idée de retirer un tronçon de pierre passablement effrité sur lequel était gravée une inscription. Les caractères usés du texte s’avéraient difficiles à défricher. Monsieur Beaujeu voulut bien les soumettre à la sagacité de Monsieur Albert Benoit de Cusset et à Monsieur l’Abbé Gagnaire, curé de Saint-Rémy-sur-Durolle.
Et voici les parties du texte telles qu’elles ont pu être reconstituées :
MESSIRE ANTH(OINE) DE CALARD, (seigneur) DE LA FAYE…ES…. JEANNE DE LA FAIETTE SA CONJOINTE, ET FEUE PEYRONELLE DE CALARD LEUR FILLE UNIQUE, ET CHRISTOPHE DE CHALMASEL, DICT L’HERMITE DE LA FAIE, LEUR PETITFILS, FONDATEURS.
Sur un tronçon de pierre, malheureusement enchâssé dans la nouvelle construction, Monsieur Beaujeu, avait relevé la date de 1606 et probablement le sigle de l’Ordre mineur des Capucins : O.M.C.
Les deux tronçons ajustés l’un à l’autre constituaient primitivement un seul bloc de granit de forme quadrangulaire. – 41 Cm. de côté et 17 cm. d’épaisseur – Le bloc comportait une croix gravée à chaque angle, et une autre au centre.
Le relevé de l’inscription confirme les renseignements que nous possédions déjà sur la fondation du couvent des Capucins en 1606. La « Gallia Christiana » et les coutumes d’Auvergne de Chabrol mentionnent, en effet, Anthoine de Calard et Jeanne de La Fayette comme fondateurs du Couvent. Par ailleurs une magnifique pierre gravée, actuellement au Musée de Thiers, relate en ces termes cette fondation
« Puissant seigneur Anthoine de Calard, dict l’Hermite de la Faye, seigneur de Freissonnet, et illustre Dame Jehanne de la Fayette, sa femme, fondateurs du Couvent, en l’année 1606. »
A ces deux noms s’ajoutent, sur la nouvelle inscription découverte, le nom de la fille d’Anthoine de Calard et de Jehanne de la Fayette, Peyronnelle de Calard, et le nom de leur petit-fils, Christophe de Chalmasel.
A noter que la pierre sur laquelle se trouve ce dernier texte est moins belle et de moindre dimension que, la pierre gravée et armoriés du Musée de Thiers. – Celle-ci devait être la pierre de fondation du couvent proprement dit, l’autre, supposons-nous, la pierre de fondation de la chapelle du couvent. Les deux pierres, en ce cas, ne faisaient pas double emploi.
Quoi qu’il en soit, au moment même où disparaissent les bâtiments de l’ancien couvent des Capucins, il était indiqué semble-t-il de faire un bref retour sur le passé, en rappelant l’œuvre charitable des Pères Capucins de Thiers, durant près de deux siècles, et les noms des généreux fondateurs du couvent de la rue Bartasse.
Pour conclure, serait-il sans intérêt de signaler que lesdits fondateurs, Anthoine de Calard et Jeanne de la Fayette, comptèrent dans leur illustre famille, un aïeul de haute bravoure : Guillaume de Montravel, dit l’Hermite de la Faye, châtelain de Thiers ?
Guillaume de Montravel, au début de la guerre de cent ans, fut choisi par Louis II de Bourbon, beau-frère du roi Charles V, pour bouter les Anglais hors d’’Auvergne, « en vrai Français et fidèle sujet du roi « qu’il était. Et il eut pour compagnons d’armes, dans cette lutte contre l’envahisseur, d’autres « vaillants hommes d’Auvergne », et le plus grand soldat de cette époque, Bertrand Du Guesclin. (*)
Cette gloire ancestrale de la famille de la Faye aurait suffi à auréoler les noms des fondateurs de la célèbre Maison des Capucins. »
Pierre GAGNAIRE
(*) Bertrand Du Guesclin est né vers 1320 et mort le 13/07/1380). Guillaume de Montrevel est mort le 19 décembre 1413 .
COMMENTAIRES SUR LA PIERRE ARMORIÉE DE 1606
Le graveur sur pierre qui a réalisé le travail s’est permis quelques libertés pour la représentation des blasons des époux, à moins que ceux-ci n’aient eu qu’une idée imprécise de ce qu’était la représentation des blasons de leurs ancêtres ?
Il n’en demeure pas moins que la représentation est simplifiée et inexacte.
Bref rappel héraldique :
- - 1. Le blason d’Anthoine de Calard est un écartelé de celui de ses ancêtres et se décrit ainsi : « écartelé, en un et quatre du Charriol : de gueules à la croix ancrée d’argent, en deux et trois de Montrevel : de gueules semé de croisettes d‘or au lion de même, brochant sur le tout, au centre de Calard de Frissonnet : d’or à un olivier arraché de sinople fruité de sable ».
© Daniel Juric
- - 2. Le blason de son épouse Jehanne Motier de la Fayette : « de gueules à la bande d’or et à la bordure de vair »
© Daniel Juric
Représentation sur la pierre de 1606 :
- - 1. La représentation du blason d’Anthoine de Calard est simplifié car les croisettes ne figurent pas sur l’écartelé en 2 et 3. La représentation centrale de l’olivier est dite » terrassé », et non « arraché ».
-
© Daniel Juric
- - 2. La représentation du blason de Jehanne Motier de la Fayette qui s’inscrit dans un carré est différente dans la disposition des vairs et de la bande.
Pour être complet, sur le dessin de reconstitution présenté dans le bulletin de la Société des Etudes Locales et de Musée de Thiers N° 22 – 1962, les croix gravées sur la pierre sont des croix pattées.
La croix pattée était utilisée comme signe de représentation et de reconnaissance par les ordres religieux et militaires comme celui des Templiers et des Chevaliers Teutoniques. Elle a peut-être été utilisée comme signe de reconnaissance de l’Ordre mineur des Capucins ?
La croix ancrée quant à elle est représentée sur les blasons des du Charriol et des Damas de Couzan du Forez qui s’illustrèrent durant les croisades.
Ce blason est la seule représentation héraldique encore visible au château de la Faye. Il se trouve sur une des consoles des mâchicoulis du donjon. Il est sculpté dans la pierre. A l’origine il devait être peint.
CF L’Ordre Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem…mais pas que !
Daniel GROISNE
La FAYE association
L’illustration "THIERS COUVENT DES CAPUCINS" est tiré de l’ouvrage de Lucien Drouot, le chartrier de la Faye 2007.
Voir en ligne : Le site internet du Château de la Faye