L’ours et l’éléphant
Ça n’allait pas si mal pour eux, ils suivaient la même piste, ensemble depuis déjà pas mal de temps, ils s’accordaient comme on dit, se complétaient même, l’ours était espiègle et l’éléphant placide et d’humeur agréable. Ils marchaient en file, d’ailleurs d’autres espèces avaient rejoint l’étrange convoi, curieusement, un petit avion (assemblage des plus incongrus) était du voyage ! L’étrange caravane était très appréciée, surtout par les enfants, autour régnait une ambiance festive, voire envieuse tant ce défilé était joyeux. Il faut dire que tout autour, là où la foule était dense, des camelots avaient planté leur échoppe pour la circonstance et notamment une baraque de confiseur où l’on trouvait toutes sortes de bonbons, barbes dites ‘’à papa’’, pralines et puis d’une grosse marmite en cuivre au contenu bouillant s‘élevaient des odeurs de sucre et de miel, ce qui n’était pas pour déplaire à notre ours qui, il faut bien le dire, avait gardé toute sa vie son âme d’enfant. On voyait même une étrange pâte colorée en ‘’rubans’’ qui répondait au doux et sirupeux nom de guimauve, suspendue à un crochet et semblant animée tant elle s’étirait sans fin avant que d’être coupée par les experts ciseaux du confiseur pour devenir des bâtonnets. Pour compléter le tout, le bruit ambiant participait à la fête, une musique (voire plusieurs) égrenaient des notes gaies et de circonstance.
Les petits ne se tenaient plus de joie car il était prévu qu’à chacun des arrêts qui étaient nombreux, ils puissent participer à l’événement en montant sur le dos des animaux, sur l’ours et l’éléphant bien sûr mais aussi sur l’autruche, sur le gros canard blanc et sur un des nombreux chevaux qui étaient de la partie, les garçons souvent les préféraient, de même d’ailleurs que s’installer dans l’habitacle de l’avion. Les fillettes, elles, jetaient de préférence leur dévolu sur un cygne dont le cou était d’une majesté sans pareil !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette scène inédite se passait à Thiers place de la Mairie un jour de fête dont j’ai oublié le nom.
Mais, emporté par mon enthousiasme dans la description de ces scènes, j’ai complètement oublié de vous dire que je vous parlais d’un manège et que tous ces ‘’véhicules’’ étaient en bois !
Mon souhait est que ma trahison ne vous déçoive pas trop et que durant ces quelques lignes, votre imagination vous aura ramené des souvenirs liés à quelques années en arrière, du temps où vous étiez encore des enfants. J’espère que l’ours et l’éléphant (qui peuvent parfois être associés !) continueront de vous faire rêver. Mais par ailleurs, rien ne vous empêchera d’aller voir ‘’en vrai’’ les éléphants en Asie et en Afrique et les ours dans le Grand Nord, (enfin, dépêchez-vous tant qu’il est encore temps !)
Jean Paul Gouttefangeas