L’enchantement de mai
Que ce soit dans son jardin ou en mettant le nez hors de chez soi, la beauté du mois de mai enchante le regard, comble les narines par ses fragrances, la nature offre ce qu’elle a de plus beau dans son épanouissement naturel et enchanteur. Tout semble s’assembler pour une réussite de couleurs et de senteurs. À pied ou en voiture, le regard n’a de cesse d’être appelé par tout ce qui est fleuri le long des routes et des chemins, comme si tout s’endimanchait. C’est justement la période où l’on repère le plus les variétés d’espèces grâce aux fleurs des plantes et des arbres. Passées les floraisons, le vert dominant tout, l’uniformité s’imposera, cachant plus ou moins à nos yeux la différence des espèces.
Vouloir tout décrire semble impossible. Dans ce feu d’artifice, les jardins ouvrent le bal. Les flammes incandescentes des tulipes rouges grimpent vers le ciel. Le discret muguet qui ne l’est pourtant nullement de par les senteurs qu’il dégage côtoie les opulentes pivoines, qu’elles soient arbustives ou pas, quant aux primevères, elles ne sont pas en reste pour mélanger le tout de leurs tendres couleurs. Dans les campagnes, c’est aussi la fête, des taches de couleur partout, c’est comme une ode à la nature qui se révèle, j’ai failli écrire qui se fait entendre ! Mais le printemps ne se remplit-il pas d’odeurs et de sons comme une preuve éternelle de volupté ? Le vent lui-même participe, amenant l’odeur des lilas et des cytises qui, depuis toujours, embaument nos jours. C’est aussi la saison des nids et des oiseaux qui, des arbres, nous font entendre des chants, le rossignol inspire les poètes, le coucou dit bonjour, le soleil sourit si bien qu’on le dirait parfumé. Ce mois de mai est gracieux comme un cygne, aucun doute, l’été déjà frappe à la porte. Tout semble rajeuni, les jours eux-mêmes, encore parfois lavés par les pluies, vivent plus longtemps. C’est certain le printemps est un tumulte, finies les rousseurs de l’automne et les rigueurs de l’hiver, c’est le temps du printemps renaissant, il jette des fleurs le long des routes parées des crachats jaunes des pissenlits. La nature nous appelle, plus, elle nous réclame par des sentiers qui appellent notre reconnaissance et demandent notre attention et surtout notre protection. C’est un comportement d’équité de notre part, éclos d’un désir de préserver le beau. Quand les frimas sont partis c’est notre âme qui rajeunit. Nous cueillerons des fleurs, nous ferons des bouquets, des couronnes et des diadèmes, nous chercherons des rimes pour faire des chansons d’amour car bientôt les femmes iront bras nus ! Peu importent les dernières averses et la date des grincheux saints de glace, sous peu, sans peur nous danserons sous la pluie, protégés par le grand chapeau de feuilles des arbres. Passée la nuit de l’hiver et du sommeil, les aubépines poudrées annoncent pour bientôt la blancheur des marguerites qui restent par leur simplicité des visions consolantes qui brillent sans jamais se lasser en refrains nouveaux ! Oui, un vent de renouveau souffle ‘’par les champs où la sève immense se pavane’’ (S. Mallarmé). Les saules se remettent à pleurer, c’est bon signe, ils font aussi partie de cette nature si diversifiée alors que, trop vite, les fleurs des irremplaçables cerisiers jonchent l’herbe qui pousse et ondule sans fin, enfin !
Mai enchanteur, tu fleuris le temps parce que tu sais souffler sur l’hiver, nous t’attendions comme si nous étions pressés de vivre, tu es perçu comme un signe de jeunesse, tu es un mois ami et tu es surtout un ami à moi.
Jean-Paul Gouttefangeas
Crédit photo Jean-Luc Gironde