L’âge dort
Je devrais plutôt dire l’âge où l’on dort, car il s’agit bien de cela. Il est une étape de la vie où l’on dort plus facilement, où l’on s’endort même ! Je ne me fais pas d’illusions, je sais que le thème de cette chronique n’intéressera pas les moins de 40 ans, mais je suis conscient que ma ‘’clientèle’’ ne se situe pas généralement dans cette tranche d’âge. Heureusement, il y a tous les autres, ceux qui prennent davantage le temps de s’intéresser aux réflexions, ceux qui font un peu de place dans leur for intérieur au sujet du temps qui passe. Quand les années qui s’accumulent sur les épaules pèsent de plus en plus jusqu’à parfois ressentir ce que l’on appelle communément la fatigue. Et puis on sent poindre, venant d’on ne sait où, des questionnements quant à la suite !
De quoi sera fait demain pour ne parler que des choses terrestres ?
Écouter les informations télévisées du soir avec le cortège de catastrophes, d’attentats, d’horreurs en tous genres ne réconforte pas beaucoup, à moins que, blasés de tout cela, nous ne finissions par nous endormir.
Le sommeil est un réconfort, il nous permet de recharger nos batteries afin d’être d’attaque pour les nouvelles aventures du lendemain et de la vie tout simplement. Franchement, ce moment du coucher, le soir, est un moment de bonheur. En un éclair, repenser les bonnes choses de la journée en tentant de se libérer l’esprit (tant que l’on est encore conscient) de ce qui était moins bon. C’est durant ce sommeil réparateur que nous rêvons, au point d’être parfois assaillis de rêves. Souvent, certains thèmes de ces rêves sont récurrents. Lorsque ces derniers sont agréables, on peut s’y complaire mais malheureusement ce n’est pas toujours le cas !
Le sommeil alors est troublé et le réveil est bienvenu quand, du fond de l’inconscient, il n’est pas ardemment souhaité. D’ailleurs il arrive qu’un élément violent du rêve provoque lui-même le réveil brutal. Il m’est arrivé souvent, au plus profond de mon sommeil, d’être au volant d’un véhicule dont les freins, soudainement, ne répondent plus ! Ou d’amorcer beaucoup trop vite un virage sur une route escarpée de montagne et de sentir ce moment fatidique où la voiture franchit le garde-fou et se précipite dans le vide, dans une envolée silencieuse et mortifère ! Là, dieu merci, je me réveille et je n’ai plus envie de dormir, craignant de retomber dans la suite de l’événement en m’endormant trop rapidement !
Au cœur de la nuit, si nous ne dormons pas (ce qui arrive), avez-vous remarqué comme les tracas du jour, les soucis et autres contrariétés prennent parfois des
proportions démesurées ? Une affaire que l’on pourrait traiter ou résoudre facilement dans la vie courante nous apparaît alors insurmontable, insoluble, voire dramatique. Vivement que l’on se rendorme !
La douceur du lit est un bienfait très tentant car le sommeil est une nécessité, un plaisir, un art. Un ami m’appelait, il y a quelques jours, en plein milieu de ma sieste. Je quittais mon fauteuil pour lui répondre sans omettre de lui dire que je dormais, c’est alors qu’il me dit sur le ton de la plaisanterie : ‘’comment, pour le peu de temps qui te reste à vivre, tu passes autant de temps à dormir ? Avouez que ça donne à réfléchir. 9 heures de sommeil de nuit, plus 1 heure 30, l’après-déjeuner, tout ça dans un cycle de 24 heures !
Malgré tout, sans pour autant être une marmotte, j’aime dormir, me coucher quand j’ai sommeil, éliminer définitivement le réveil-matin, retrouver chaque jour le temps des grasses matinées d’autrefois. J’ai cette chance de m’endormir facilement et partout. Il paraît qu’à partir de 55 ans, la durée de nos nuits se réduit naturellement. Je ne connais pas cette restriction et je m’y suis très bien adapté ! Et puis, finalement, le temps idéal que l’on passe à dormir est celui qui au petit matin nous éveille en pleine forme en nous gardant ainsi toute la journée (enfin jusqu’à l’heure de la sieste !). N’oublions pas que nous sommes tous différents en matière de durée du sommeil et que ses besoins sont en grande partie déterminés par l’hérédité. Ce petit détail change tout ! Je sais, il existe quelques ‘’anormaux’’ qui se contentent de 4 à 5 heures de sommeil, ceux que l’on appelle les ‘’petits dormeurs’’ mais ils ne font pas légion (4%). Pour tout dire, il n’existe pas de schéma normatif, l’idéal étant que le temps que nous passons à dormir soit en adéquation avec nos besoins (et nos envies).
Je ne peux pas conclure sans me référer aux dieux en ce qui concerne le sommeil. Longtemps encore, tombons dans les bras de Morphée, le dieu des rêves, qui n’était autre que le fils d’Hypnos dieu du sommeil et de Nyx déesse de la nuit.
Tout est réuni pour que je vous souhaite une bonne nuit en attendant le retour de la (très) petite enfance (car il reviendra) sans le ‘’doudou’’ peut-être, où nous pourrons à nouveau dormir de 14 à 17 heures par jour !
Jean-Paul Gouttefangeas
Photo de Vincent Treussier, extraite de l’album 500 jours à vélo.