Est-ce déraisonnable ?

Est-ce déraisonnable en cette période de vœux de penser qu’ils peuvent se réaliser ? Est-ce déraisonnable de souhaiter du bonheur aux gens ? Mais peut-on faire le bonheur des autres ? Je veux croire que nous pouvons y contribuer. Il tient à nous de progresser vers lui (le bonheur) en veillant à effacer les pseudo-bonheurs-illusions, la recherche du bonheur fait peut-être partie de la nature humaine, il nous faut saisir ce que parfois le monde met de joie à nos pieds en faisant fi (au moins momentanément ) des ciels d’orage car nous savons tous que la joie n’est pas un état stable, ce n’est qu’un passage, (il n’y a pas de recette miracle)mais si salvateur qu’il permet le retour du ‘’beau intérieur’’. C’est en effet le bonheur qui est divisé en petits morceaux, qui sait nous mettre en joie comme le dit si bien le poète : ‘’Y a de la joie, c’est du soleil dans les ruelles, la tour Eiffel part en balade’’ ! Cette joie se trouve à mi-chemin entre le bonheur et le plaisir.

Est-ce déraisonnable de croire pleinement aux vertus de la musique ?
Comment pourrait-on en douter en écoutant ‘’Le Messie’’ de Haendel, ‘’L’Hymne à la joie’’ de la neuvième symphonie de Beethoven ou les danses populaire hongroises de Brahms et tant d’autres, les ‘’flash mob ‘’ improvisés (aux yeux et aux oreilles du public qui est séduit). Ces moments de joie sont des émotions, des sentiments de satisfaction que l’on éprouve quand des instants de plaisir sont satisfaits d’une manière réelle (ou imaginés) , parfois sans rendez-vous apparent.

Dans d’innombrables domaines on peut trouver matière à être heureux, quand quelque chose nous mène au ravissement, au contentement, c’est un régal, un
délice et cela peut aller jusqu’à l’ivresse jubilatoire, la liesse, la félicité, voire la volupté et la béatitude. Dans tous les cas ‘’la joie est une émotion qui nous remet en état de marche’’ et c’est par la joie que nous augmentons nos ressources personnelles. Cette volonté de croire au bonheur fait grandir notre talent à accroître autant que faire se peut notre puissance d’agir sur ceux qui nous entourent en nous intéressant à eux. Il en va de même dans la nature : les plantes, les arbres cherchent à pousser coûte que coûte, les animaux pour survivre courent, hibernent, chassent pour manger, il y a partout une recherche de bien-être comme pour l’homme en quête de développement de ses talents propres.

Les plus petits instants de bonheur peuvent apporter de la joie et nous aider à vivre, un compliment sincère, encourager ses proches, le bébé qui sourit déclenche notre propre sourire, un chien et un chat qui s’aiment (ça existe), un faon qui vient de naître, voir le chasseur qui fait grâce au moment d’appuyer sur la gâchette. Et si je vous disais que, perché dans un cerisier (enfin c’était autrefois !) et manger des cerises (c’est là qu’elles sont les meilleures), était pour moi un moment de bonheur ! Aller les jeudis après-midi au cinéma ‘’du curé’’ (le Père Dacher), à l’asile (l’école) des faubourgs, à Courpière, participer à la projection, installer les bobines, recoller parfois le film sur un petit appareil à pression des mains, ces moments privilégiés de l’enfance m’apportent encore de la joie, rien qu’à les évoquer ! Je me souviens même du prix : 15 centimes de nos très, très anciens francs !

Est-ce déraisonnable de donner du goût à sa vie et de lui donner bon goût ? Et si c’était ça, le bonheur. Pour certains d’entre nous le bonheur n’est, paraît-il, pas un but de la vie ni un idéal mais complètement immanent à la vie elle-même, c’est-à-dire qu’il est contenu en nous et ne peut donc venir d’un principe extérieur, l’idée de dépassement étant déjà en nous. Là, je m’égare un peu dans les théories spinoziennes, mais cette recherche du bonheur est si importante qu’elle mérite bien quelques réflexions.

Être jovial, gai, enjoué, rend bien sûr la vie plus facile à vivre, comme l’amour qui nous rend content, plein d’entrain : l’entrain c’est la motivation, l’élan qui nous donne envie de faire des choses et peut-être de comprendre tout ce qui fait partie du monde. La joie agit sur nous comme un propulseur de l’âme, elle déclenche l’envie de sourire comme une envie de dire merci à la vie en étant content de se lever le matin, en s’acceptant et en s’aimant tel que l’on est.

Est-ce déraisonnable de montrer un visage heureux, d’être épanoui, de dormir, de prendre soin de soi, d’avoir un but, de reconnaître sa chance, d’essayer de vivre en paix, d’être à l’écoute de la marche du monde et d’y rechercher l’harmonie ?

Vous avez remarqué que, durant cette petite chronique, je n’ai jamais employé le mot tristesse, c’est qu’elle n’entre pas dans ce thème et puis, comme l’a dit le philosophe Alain : ‘’La tristesse n’est que maladie et doit être supportée comme une maladie’’. C’est lui encore qui écrivait : ‘’Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherchée’’, autrement dit le plaisir on le reçoit alors que le bonheur est le fruit d’un ‘’travail’’. Pourtant, il faut bien le reconnaître, l’équilibre de l’esprit et du corps passe par la santé et c’est sûrement le plus important dans notre existence. Essayer de faire la paix avec soi-même dans tous les états est un défi permanent mais indispensable au bonheur.

Pour conclure, je dirais que vouloir vivre heureux en permanence est une utopie car cet état dépend des événements et situations que nous subissons et des affects qu’ils provoquent en nous. Un vieux monsieur du quartier St Jean, à Lyon, m’avait dit, il y a fort longtemps : ‘’tout le monde peuvent pas être heureux tout le temps avec tout ce qui se passe, il en faut bien qui soyent malheureux’’) !

La définition philosophique du bonheur parfait tient en quelques mots : satisfaction complète caractérisée par sa stabilité et sa durabilité.

Est-ce déraisonnable de vous le souhaiter quand même pour cette nouvelle année ? Soyez donc heureux dans votre cocon familial car c’est là que réside le secret du bonheur. Si vous ne me répondez pas, ce n’est pas grave, nous savons tous que les gens heureux n’ont rien à dire !

Jean-Paul Gouttefangeas

Photo de Vincent Treussier, extraite de l’album 500 jours à vélo.