En feuilletant un magazine

J’étais au bar-tabac (pas celui de la rue des Lombards !), assis devant mon premier café noir, je feuilletais mon magazine du mercredi. C’est fou ce que chaque page peut évoquer en nous par les titres, les publicités et les photos, y compris celle de la couverture. Mais n’est-ce pas la plus accrocheuse, la plus au fait de l’actualité du moment : décès de gens plus ou moins célèbres, événements politiques, images de guerre, enfin quelque chose qui doit ’’faire vendre’’ tonnerre de Brest !

Pour les lecteurs, parcourir les magazines (certains) nous fait voyager. Le menu est varié et parfois inattendu, il abreuve nos pensées, il est capable de nous inviter à vagabonder à chaque page, dans un survol récréatif ou émotionnel et ce, dans tous les domaines. D’un article à l’autre, par ces titres qui accrochent, nous laissons saupoudrer nos pensées par des mots qui nous intéressent plus ou moins mais qui, nous le savons bien, ont un poids (d’autres revues en ont fait leur leitmotiv) que nous ressentons en tournant chaque page, comme nous pouvons aussi ‘’peser nos mots ‘’ !

Le défilé va très vite, on passe à toute allure des voitures aux marques bien en évidence (et dans une ambiance électrique !) aux ‘’médecins sans frontières’’ qui sont aussi en quête de clients (pour d’autres motifs), à la mode sous toutes ses formes (et pas toujours les plus gracieuses) pour la saison hiver qui va commencer. À une autre page, on nous parle encore d’Angkor et des trésors Khmers (pourquoi pas ?) et sur celle d’à côté de René Dumont, précurseur et chantre de l’écologie. Qui se souvient aujourd’hui, parmi les jeunes générations, qu’il fut candidat à la Présidence de la République en 1974 lui, que personne n’écoutait vraiment ?

Dans ce condensé d’informations si variées on trouve aussi pêle-mêle les préparatifs du prochain Prix Nobel de littérature et l’annonce tant attendue des nouveaux hamburgers de la chaîne ‘’Mâchemou-coulant’’. C’est sûr, certains articles n’ont souvent droit qu’à un survol de notre part, c’est comme dans l’art moderne au musée de St Etienne, il ‘’Fautrier’’ ! pour que lire reste un plaisir. En feuilletant, tout défile à grande vitesse devant nos yeux et dans la tête, toutes ces photos dont certaines peuvent causer un ‘’choc’’, (c’est bien connu et cela a déjà été dit !). Les images qui se succèdent, c’est certain, nous font aussi passer d’une idée à une autre en divertissant la pensée, voire en la bâtissant parfois.

Le garçon m’a servi un autre café, il avait de l’esprit (le garçon). Je passe en vitesse sur un article où il est question des ‘’purges’’ : (user légalement de la violence un jour par an par la police sur les citoyens) préconisées par un candidat à la Présidence (je vous rassure c’est aux U.S.) . J’en arrive aux pages consacrées aux expositions, à la musique, au théâtre, au cinéma avec ce qui sort en salles et enfin aux livres : un déluge de livres. À ce sujet c’est assez paradoxal, on nous dit que les jeunes ne lisent plus et qu’il y a de plus en plus de publications ! Heureusement, ce qui est une aubaine, c’est que tous ces jeunes ont toutes les chances de vieillir, alors il est permis de rêver ! Pour rester dans ce domaine de la littérature on voit un grand nombre de titres mêlés : un sur Alexandre Soljenitsyne (encore un homme qui a bouleversé le système), comme a marqué son temps un autre de ses compatriotes : un certain Rudolf Noureev, venu de sa Sibérie natale et né dans le transsibérien, en 1938, preuve que chez tous les êtres, le génie peut exister là où on s’y attend le moins. Noureev virevoltant au-dessus du plancher des plus grandes scènes, en ne se contentant pas d’un simple pas de deux, a conquis le monde de la danse en le sublimant. Il est question aussi d’un autre titre qui parle de Shakespeare, là aussi, je me souviens d’une visite faite, il y a bien des années, dans la ville de Stratford Upon Avon, où il est né, en 1564 et où il est enterré. Dans ce lieu marqué par l’architecture des Tudor, évidemment tout parle du génial dramaturge et du théâtre qui sait si bien mettre en lumière les choses de la vie qui ne sont pas toujours compréhensibles dans le réel.

’Allelujha’’ un autre ouvrage est annoncé sur Léonard Cohen l’homme à la voix mythique qui, comme un baume, sait soigner le cœur et l’élever jusqu’au ciel. Un autre de ces livres est consacré à Marlon Brando, l’acteur fracassant mais pas fracassé par son métier auquel il portait un intérêt relatif malgré la perfection de son jeu. Autant en emporte l’histoire !

J’en suis aux programmes télé. c’est le bien fondé de cet hebdomadaire, je les consulterai dans les jours qui viennent, à chaque jour suffit sa peine.

J’ai feuilleté, j’ai aimé ma revue, mon voyage papier est terminé je suis parvenu à la 154 ème page, oh c’est certain je n’ai fait que survoler des articles qui n’ont pas retenu mon attention, pourtant si je devais en extraire deux formules ce serait : ‘’face à la mère’’ et ‘’c’est bon d’être libre’’.

Je m’en vais car j’ai une chronique à terminer.
Garçon combien je vous dois ?

Jean-Paul Gouttefangeas

Crédit photo : Jean-Luc Gironde.