Château de Montguerlhe - 2.2 Autopsie d’une ruine
Première et deuxième enceinte
Quittons le donjon et descendons dans le fossé. Après en avoir en partie fait le tour (la zone Sud étant quasiment impénétrable) allons au Nord vers un passage situé dans la première enceinte. Après l’avoir franchi, un deuxième fossé se présente à nous. A gauche, on distingue nettement son commencement, et à droite, il entoure le premier fossé jusqu’au Sud-Est où il rejoint le premier. Cette forteresse possédait donc deux enceintes, tout du moins sur environ la moitié de sa circonférence (les côtés Sud et Ouest n’en ayant qu’une). Le côté Ouest, avec sa seule enceinte, possède en revanche un tertre plus imposant et était défendu par la tour située au Nord-Ouest. Au Sud, une pente abrupte ne rendait pas nécessaire la présence d’une deuxième enceinte. Quant au passage trouvé dans la première enceinte, il permettait apparemment d’accéder au second fossé : il s’agissait plutôt d’une simple poterne que d’une porte fortifiée (voir Fig. 28-29).
La zone située entre la première enceinte et le premier fossé s’élargit au Nord-Est pour atteindre une largeur d’une douzaine de mètres sur tout le côté Est avant de s’arrêter au Sud-Est. D’une superficie assez importante, au sol parfaitement plat, cette zone protégée à l’Est entre la première enceinte et le bâtiment principal, ou aurait très bien pu être utilisée comme basse-cour et aurait alors abrité écuries, soldats, voyageurs, animaux ou cabanes... ou pu être utilisée dans un but purement militaire (poste avancé sur le deuxième fossé).
Ces deux fossés étaient protégés de l’extérieur par une enceinte en pierre : les restes de celle-ci, constitués de pierres de même taille, plus ou moins enfouis sont encore visibles sur les tertres. Ces enceintes circulaires pouvaient être également constituées de nombreux pans de murs (chemise polygonale) renforcés aux angles par des contreforts (comme sur le château de Gisors dans l’Eure).
En s’éloignant du château vers le Nord-Est, on remarque, à une vingtaine de mètres, des tas de pierres assez importants (comme à de multiples endroits sur le site). A quoi correspondent ils réellement ? A d’anciennes bâtisses, à des restes du château éparpillés par les villageois des alentours ? Une chose est certaine, depuis que le château est abandonné, ses pierres ont servi à la construction de la plupart des maisons du voisinage (peut-être pour Fermouly) ce qui expliquerait le délabrement avancé de Montguerlhe.
La pierre à bassin
A proximité d’un imposant empilement de gros rochers ronds (voir fig. 29) se trouve une étrange grosse pierre, de forme arrondie, au sommet arasé, possédant une cuvette d’une soixantaine de centimètres de diamètre et d’une dizaine de centimètres de profondeur, avec une sorte de trop plein parfaitement bien dessiné sur un côté (voir fig. 26). Sa forme spécifique, certainement pas naturelle, pourrait être issue du travail de la main de l’homme. A première vue, il semblerait que cette pierre date de l’époque celte (gauloise). A-t-elle servi à des sacrifices d’animaux ou d’hommes ? Ou bien a-t-elle été utilisée pour tout autre chose ?
Son utilisation par les Celtes confirmerait une occupation du site vieille de plus de 2000 ans. Cette pierre a très bien pu être utilisée comme cuvette ou réservoir d’eau par les différentes civilisations antiques ou moyenâgeuse qui se sont succédées sur le site.
Une pierre à cupule, de forme ovoïde, aux contours encore mieux polis, se trouve à environ 500 mètres à vol d’oiseau au Sud-Est de la première ; sa cupule (15 cm de diamètre pour 5 à 7 cm de profondeur) possède une découpe quasiment parfaite en forme de demi-sphère (voir fig. 27).
La troisième enceinte : Alexandre Bigay avait raison !
Continuons et suivons la pente en plein Nord. Après 150 à 200 mètres, nous voici au bord d’un tertre imposant de 3 à 4 mètres de haut. En grattant un peu le sol, des pierres apparaissent, sans doute cette fameuse troisième enceinte (voir fig. 35) qui a fait couler un peu d’encre. Résumé de l’affaire...
Alexandre Bigay, dans « Le Vieux Thiers » nous dit :
« D’après un autre acte passé joint au baille et daté du 8 septembre 1670, le tour de cette enceinte mesurait 1332 pas, soit, à peu près un kilomètre.
Donc outre ces vieilles murailles plus ou moins écroulées qui sont encore visibles, il existait, entourant le château proprement dit à double enceinte, une troisième ligne de défense extérieure, laissant entre elle et le réduit central un grand espace. De cette vaste ceinture protectrice qui se dressait tout autour dans un rayon d’environ 150 mètres, il ne reste d’autre vestige qu’un tertre s’étendant sur une petite partie du circuit, les pierres de cette enceinte ayant été dispersées et employées à des constructions dans les villages voisins, tandis que la végétation recouvrait de son manteau les fondations pouvant apparaître au sol...
...Pour donner au lecteur une idée nette des points où ce rempart s’élevait, il ne sera pas inutile de préciser que le talus dominant le chemin qui monte de l’Obstancie (un peu avant que ce chemin arrive au niveau du plateau) faisait partie de l’enceinte, et que le chemin de la Grimardie à Escoutoux, qui traverse le plateau, longeait sur un parcours de 206 pas ladite enceinte qui s’écartait ensuite de ce chemin pour obliquer à l’Est... »
Les questions
Malgré un certain nombre de nouveaux éléments apportés par cette recherche, de nombreuses questions demeurent sans réponse. Essayons d’y remédier.
L’aspect du château ?
Montguerlhe est un château roman car contemporain à cette vague d’architecture et d’art du 10 au 12ème siècle que nous rencontrons surtout dans les églises (par exemple St Genès ou St Symphorien).
De taille modeste, la forteresse de Montguerlhe était formée d’un bâtiment central, compact, de forme rectangulaire (le donjon), ou plus complexe (polygonale : 5, 6, ... côtés ?) comme le laisse supposer l’angle de l’extrémité Sud du mur Ouest encore debout (voir fig. 42-43-44-45-46-47).
La hauteur de l’édifice semble avoir été assez importante : la tour carrée, par exemple, mesurait plus de 20 mètres de haut et le mur d’enceinte (mur Ouest sur la carte de 1904) s’élevait à plus de 5 mètres. On peut imaginer ce bâtiment central comme étant un gros donjon possédant au Nord-Ouest une tour carrée. Rien n’interdit de penser que trois autres tours similaires occupaient les autres angles donnant à Montguerlhe l’aspect du donjon de Chambois (Orne) constitué d’une imposante tour maîtresse rectangulaire à quatre tourelles - contreforts d’angle. La surface au sol de cet édifice est très voisine de celle du château de Montguerlhe (25m15m pour une hauteur de 26m).
Le château de Wineck (Haut Rhin), bâti aux alentours de 1200, possède également une tour maîtresse carrée, un fossé et une double enceinte circulaire.
Malgré l’absence de trois enceintes, le château de Roquebrune Cap Martin (Alpes Maritimes), de forme grossièrement rectangulaire présente de nombreuses similitudes avec Montguerlhe (voir fig. 32). En effet, ce petit château méditerranéen (seul château carolingien encore debout en France), construit à la fin du 10ème siècle possède une tour maîtresse ayant la forme d’un quadrilatère irrégulier (ni carré, ni rectangulaire) et intégrée au bâtiment (voir fig. 38). Sûrement une des meilleures représentations de ce qu’a pu être le château de Montguerlhe !
Un autre exemple de château est très intéressant. Il s’agit du château de Souternon (Sautrenon) extrait de « l’armorial d’Auvergne Bourbonois et Foretz » de Guillaume Revel (page 444). Ce dessin (voir fig. 33), réalisé vers 1450, montre un château bâti sur une butte ovale entourée d’un fossé lui-même bordé d’une enceinte en pierre. L’enceinte crénelée du château est de forme presque circulaire. Au premier plan, on peut voir une entrée fortifiée, composée d’une tour carrée avec bretèche, hourd et pont-levis en bois au-dessus du fossé défendu de palissades le long de sa partie fixe. A l’intérieur, une tour maîtresse de deux étages, percés de fenêtres à meneau et croisillon et coiffée d’un hourd avec toit, domine nettement l’ensemble. Les toits dépassant à l’intérieur de l’enceinte sont ceux des logis, des communs ou des écuries. Une échauguette en bois est visible au sommet de l’enceinte à l’angle Sud-Est. Deux latrines ainsi que de petites ouvertures sont présentes dans le mur d’enceinte. Ce petit château du Forez présente de nombreuses similitudes avec Montguerlhe, bien que légèrement plus grand ; voilà sûrement à quoi aurait pu ressembler le château de Montguerlhe si Revel l’avait dessiné...
Pour ceux qui ont la possibilité de consulter l’édition de l’armorial de Revel (l’intégralité de l’armorial de Revel est enfin disponible : voir bibliographie), les châteaux cités ci-dessous pourront aider à avoir une meilleure vision de l’aspect général de la forteresse de Montguerlhe. En effet, chacun d’eux possède un ou plusieurs éléments communs avec Montguerlhe qui a été bâti dans le même style que ses voisins du Forez et peut-être par les mêmes architectes.
Voici les forteresses les plus intéressantes :
Château de Saint Germain Laval page 440
Marcillieu le château (Marcilly le Châtel) page 441
Château de Souternon (Sautrenon) page 444
Château de Marclopt (Marclo) page 451
Château de Chambéon page 452
Château de Fontanès (Fontenees) page 457
Château de La Fouleuse (La Fouillousse) page 460
Château d’Issartines (Essertines) page 475
Château de La Bouteresse page 477
Les entrées du château ?
En se promenant dans ces ruines envahies par la végétation, il est très difficile d’imaginer où se trouvait l’entrée de la forteresse. Pourtant, avec un peu de logique, certaines pistes peuvent être écartées.
Au Nord et à l’Est, existait une double enceinte, avec vraisemblablement au Nord la poterne permettant de passer dans l’espace (fossé) séparant les deux enceintes. Difficile d’imaginer ici une succession de deux pont-levis enjambant les deux fossés, surtout lorsqu’on remarque que la couronne extérieure de la deuxième enceinte est bordée d’un tertre non négligeable qui n’aurait pas vraiment facilité l’accès aux attelages.
A l’Ouest, il est impossible de concevoir une entrée : un tertre immense et très pentu n’offre aucune possibilité d’accès.
Au Sud, la butte du donjon est beaucoup plus haute que le sommet du tertre de la première enceinte mettant en évidence un problème de niveau pour concevoir une entrée.
Mais alors, où était cette fameuse entrée ? Partons des fondations de murs perpendiculaires aux ruines trouvées au Sud-Ouest et marchons en direction du château qui est à moins de cinquante mètres. Malgré les ronces et les genêts, on remarque que le relief est en pente très douce et ceci jusqu’au bord du premier fossé. Arrivés près de celui-ci, à moins de dix mètres devant nous, se trouve l’extrémité Sud du mur Ouest. Entre nous et la ruine a du exister jadis un pont-levis permettant l’accès au château en enjambant le fossé (voir fig. 34). De l’autre côté, dans les ruines, on remarque, au Sud, à proximité de la borne IGN, une sorte d’avancée de la motte. L’extrémité Sud du mur Ouest rejoignait peut-être une porte fortifiée protégeant un pont-levis sur le côté Sud-Ouest.
Son aspect devait correspondre à l’entrée du château de Souternon du dessin de Revel (voir fig. 33-42)
En supposant que la zone protégée à l’Est, entre le bâtiment principal et la première enceinte, était effectivement une basse-cour (ou un poste avancé), on peut imaginer la présence d’une passerelle ou d’un pont-levis au-dessus du fossé pour se rendre du bâtiment principal à la basse-cour. Le plus logique, c’est que ce passage se trouvait sur le côté Est du château et que l’enceinte même de ce bâtiment était percée d’une poterne à l’Est. Au Nord-Est, une avancée de la butte, en forme de plate-forme (voir fig. 10-34) a pu recevoir cette poterne.
L’énigme de la troisième enceinte ?
L’une des choses les plus mystérieuses concernant Montguerlhe est l’existence de cette troisième enceinte. Quel a été son rôle, son aspect, son tracé, son âge, ... ?
Son tracé visible sur un tiers de sa longueur au Nord et à l’Est, montre une forme circulaire entourant le château. Il paraît logique que le reste de cette enceinte soit aussi circulaire sur l’ensemble de son tracé mais sur le terrain ne demeure aujourd’hui aucune trace, ni fondation de mur, ni tertre. Rien non plus ne peut interdire un tracé un peu plus anarchique au Sud et à l’Ouest.
Cette enceinte, bordée au Nord et à l’Est par un tertre imposant (voir fig. 35), d’une épaisseur voisine de celle du château était en pierre. Nous voici donc en présence d’un mur de pierres, circulaire, d’un kilomètre de périmètre. Etait-il gardé ? Possédait-il un chemin de ronde, des hourds en bois ? Etait-il flanqué, comme ce fut le cas dans les enceintes de Thiers, de tours défensives à intervalles réguliers ? Etait-il percé d’archères ? De nombreuses questions demeurent sans réponse.
Son rôle reste la plus grande énigme car cet immense mur d’un kilomètre entourait un vaste espace libre de plus de sept hectares ! Cette enceinte n’était pas, tout du moins dans l’esprit de ceux qui l’ont construite, un enclos. En effet, les bâtisseurs de l’époque l’ont dotée d’un tertre défensif afin de protéger la vaste zone encerclée. En la situant dans son contexte de départ (c’est à dire vraisemblablement au 10ème ou 11ème siècle), cette enceinte pouvait résister aux armes de son époque mais il en fut tout autrement avec l’arrivée de la poudre.
Mais que pouvait bien abriter cette enceinte ? En examinant de près cette zone, on remarque de nombreux tas de pierres au gabarit semblable, et ayant servi à des constructions. Peut-être existait-il à proximité du château de Montguerlhe, un hameau ou un village entouré par une vaste enceinte en pierres ? D’ailleurs, dans les diverses mentions écrites, ne parle-t-on pas de Montguerlhe comme de Vollore, de Celles ou de Thiers, c’est à dire sans rajouter « château de... » ou « chastel de ... » ? En tout cas, si ce fut le cas, ce hameau a disparu avec le château. Peut-être que cette vaste zone était la basse-cour du château ?
On peut aussi penser que cette enceinte est d’origine gallo-romaine (voire celte) et que les bâtisseurs de la forteresse au Moyen Âge l’aient utilisée, après l’avoir restaurée. En Alsace, sur le mont Saint-Odile (Bas Rhin), existe une immense enceinte, d’origine mystérieuse, de plus de 10 kms de périmètre appelé « Mur Païen ». On suppose que ce mur servait d’enceinte à un camp retranché celte ou gaulois. Un autre identique entoure également le château du Frankenbourg (Bas Rhin) : on estime que sa construction se situe entre l’âge de bronze et le bas empire romain.
Son rôle dans la guerre de cent ans ?
Alexandre Bigay nous dit que Montguerlhe résista victorieusement « ...aux assauts des Anglais pendant la guerre de cents ans... ». Si aucune trace écrite ne relate ces éventuelles batailles autour du château, on peut tout de même penser que ceci fut vrai.
En effet, le 9 janvier 1451 Charles VII constatait les dégâts causés par les Anglais sur le château de Celles : « au temps passé ledit lieu estoit fortifié de fossés, murailles, fortifications..., lesquels furent abattus et démolis par les Anglois, anciens ennemis de nostre royaume... ». Si les anglais ont sévi à Celles durant la guerre de cent ans (1337-1453), il semble logique que Montguerlhe, château voisin et dépendant de Celles, Vollore et Thiers, ait joué un rôle dans ce conflit. Deux incertitudes demeurent néanmoins :
l’ampleur de son rôle dans cette guerre,
son éventuelle victoire sur les assaillants.
L’Auvergne sortit de la guerre de cent ans dès 1392. On pourrait penser que ces batailles laissèrent derrière elles la forteresse dans un mauvais état.
Pourtant, le château de Montguerlhe a passé cette période difficile sans « trop de casse » comme l’atteste l’approvisionnement régulier en vivres jusqu’au 16ème siècle. Il est vrai que, sur le plan défensif, Montguerlhe semble un peu dépassé dès le 15éme siècle, car déjà au 14ème puis au 15ème siècle l’usage de la poudre à canon rendit bien difficile la résistance des vieilles forteresses du début du deuxième millénaire.
Origine du site ?
Si, à un siècle près, on peut dater l’origine des ruines actuelles aux environs du 11ème siècle, il n’est pas impossible que Montguerlhe remonte à une période plus ancienne. Vollore, ville romaine, n’est pas très loin de Montguerlhe. Existait-il une route reliant Vollore à Montguerlhe, lui-même relié à d’autres points importants ? Ce réseau romain a très bien pu être protégé par un castrum ou un oppidum (camp ou forteresse romaine) à Montguerlhe.
Par la suite, ce site pût être repris dès le haut Moyen Âge par les mérovingiens, puis par les carolingiens. De plus, rien ne peut interdire une occupation humaine aux époques gauloise, celte voire préhistorique... En effet, la présence de la pierre à bassin pourrait signifier une occupation celte du site (entre moins 500 avant JC jusqu’aux premiers siècles de notre ère), d’ailleurs Montguerlhe n’est-il pas un nom d’origine celte ?
Les fenêtres à meneaux de Fermouly ?
Plusieurs réponses peuvent être apportées quant à l’origine des fenêtres à meneaux de la ferme de Fermouly. Le plus logique, c’est que ces fenêtres sont originelles à la ferme. Elles datent du 15ème ou du 16ème siècle. Or, au 15ème siècle, le château de Montguerlhe existait déjà depuis environ 300 à 500 ans et possédait ses propres fenêtres, d’un style plus ancien, sûrement roman.
Le château, habité au moins par une petite garnison jusqu’au début du 17éme siècle, a pu faire l’objet, vers le 15ème siècle, d’une restauration (de toute façon, il a forcément été restauré régulièrement (toiture, crépis, hourds, etc.) pour pouvoir traverser tous ces siècles). Il est intéressant de signaler que le château de Roquebrune Cap Martin, construit à la fin du 10ème siècle, possède une fenêtre similaire rajoutée au 15ème siècle durant sa restauration et sa transformation en cachot, un destin différent de celui de notre château de Montguerlhe.
Signalons également que sur l’ensemble des représentations de châteaux de l’Armorial de Revel, les tours maîtresses carrées sont toutes percées d’une ou plusieurs fenêtres à meneaux ; néanmoins, certaines tours carrées (de flanquement) ne possèdent que de petites ouvertures carrées.
Alexandre Bigay écrit dans « Le vieux Thiers » que « Firmouly » a été acheté en 1661 par le docteur Jean Hermet, médecin à Thiers. Fermouly est également présent sur la carte de la dîme d’Escoutoux en 1568 ce qui nous indique que la ferme a plus de 430 ans.
Les légendes sur Montguerlhe ?
Quelques légendes et ouï-dire « tournent » autour du château de Montguerlhe. En voici quelques-unes :
Certains prétendent que le site de Montguerlhe a possédé son cimetière, ce qui est, après tout, fort logique. Son emplacement serait à environ 300 mètres au Nord-Ouest des ruines actuelles (voir Fig. 36-37). Physiquement il reste un carré d’environ 60 mètres de côté, le tout entouré par un petit muret de pierres. Une partie est sous les conifères, l’autre recouverte de fougères.
On parle également de nombreux souterrains entourant Montguerlhe et reliant ainsi les hameaux environnants au château. Il paraît même qu’une chèvre en or serait enfouie dans un de ces souterrains...
Les légendes sur les souterrains des châteaux sont apparues au 19ème siècle avec la vague romantique, car dans tous les cas, ces souterrains se sont malheureusement écroulés, et la dernière personne les ayant vus ou empruntés est morte « depuis des lustres ». On sait désormais que ces légendes trouvent leur origine dans la découverte accidentelle de « creusements » pratiqués dans le sol par les hommes à différentes époques, et destinés à fournir des pierres ou de la terre pour la construction, ou à créer des caves à température constante.
La présence de souterrains semble donc difficile à croire, surtout sur un plan défensif. En effet lors d’un siège, il aurait fallu que la sortie de ces souterrains soit très éloignée (plusieurs kilomètres) du château assiégé, sans quoi les assaillants auraient aussitôt fait de les emprunter pour l’envahir.
On raconte aussi que certaines personnes jouaient, dans leur enfance, dans des pièces souterraines à Montguerlhe, mais il est impossible à l’heure actuelle d’obtenir le moindre témoignage. La présence de salles souterraines telles que des caves ou cuisines est tout à fait envisageable, voire obligatoire pour un tel édifice ; reste à savoir si ces pièces étaient encore accessibles au milieu du 20ème siècle ? Il est possible aujourd’hui qu’une pièce souterraine soit encore enfouie sous les tas de pierres.
Les brochures n°11 et n°12 du « Pays Thiernois » nous relatent également une légende assez étrange concernant les « cingles » ou « simbres ». Les cingles étaient des serpents énormes comme le précisent certains témoignages du 20ème siècle. Un écrit nous dit qu’un habitant des environs de Montguerlhe, surnommé « Le Joseph », était régulièrement assailli par les cingles dans sa cave, creusée à proximité des souterrains infestés du château. Ces animaux mesuraient plus de 2 mètres de long, avaient la taille d’un tuyau de poêle et possédaient une couleur très foncée. Peut-être des couleuvres à collier (2 m), ou des couleuvres de Montpellier (2,5 m), ou une autre espèce inconnue de serpents cavernicoles...
Enfin la dernière légende concerne la source de Montguerlhe. Il paraîtrait que parfois, au sein même des ruines, on écouterait le bruit de l’eau qui coule. Si personnellement, je n’ai jamais rien entendu et n’ai jamais rencontré quelqu’un l’ayant écouté, cette légende n’est pas forcément à rejeter.
En effet, un château-fort tel que Montguerlhe, c’est à dire bâti sur un plateau rocheux, sans proximité de rivière ni de ruisseau, n’avait que deux possibilités pour s’alimenter en eau durant un siège : soit utiliser un réservoir enterré et récupérer les eaux de pluie, soit creuser un puits pour capter une source.
Si Montguerlhe possédait une source, il est possible que dans certaines conditions, on écoute encore le bruit de l’eau...
La brochure éditée par Escotal sur "Le château de Montguerlhe" a 20 ans cette année 2020 ! Auteur : Laurent Mosnier. A suivre : les mentions historiques.
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