C’était à Thiers en 1885...
Comme un autre auvergnat célèbre, le peintre thiernois Lavelle se prénommait Blaise. Né en 1816, mort en 1895, ce bitord à l’habile coup de pinceau fut aussi le créateur et le rédacteur-en-chef du Bon Sens, périodique républicain thiernois en 1848.
Passionné par sa ville, il peignit vers 1885 ce panorama de Thiers que l’on pouvait admirer dans la salle du restaurant Les Trois Canards à Pont-de-Dore. Il est aujourd’hui exposé chez son propriétaire...
Belle pièce que ce tableau, le plus important consacré à Thiers parmi les nombreux paysages de peintre encore visibles aujourd’hui, tant par la taille que par l’ampleur du sujet.
A l’analyse, cette œuvre est intéressante à plus d’un titre.
On remarque, par exemple, le vide laissé par la démolition en 1882, d’une partie de l’église du Moutier, décidée par la municipalité devant le mauvais état de l’ensemble de l’édifice et l’importance des frais de restauration.
On peut également être sûr que cette peinture est antérieure à 1885, puisqu’on ne remarque pas le nouveau collège Audembron, construit de 1885 à 1888 ; entre la rue Bartasse (rue de Barante) et la rue de la Gare (rue des Docteurs Dumas).
Quant à l’attribution de cette toile - non signée Lavelle - celle-ci ne fait aucun doute : la période, le sujet, le style et la prédilection relevée sur d’autres œuvres, de la chèvre, comme élément de décor, lèvent toute ambiguïté.
Pour ce qui est de la situation, il est probable que le peintre a posé son chevalet aux Belins et en deux endroits différents.
Tout d’abord vers la propriété Viallon pour la partie gauche, où est visible le portail ouest de l’église Saint-Genès, mais aussi vers l’entrée nord du village pour la partie droite où est visible le cimetière Saint-Jean, dans le détail de ses caveaux de pierre.
Sous ces angles, la profonde vallée de la Durolle Saint-Jean est invisible, et on croirait que la bergère à droite aux Belins n’a que quelques pas à faire sur le plat pour gagner cet édifice, ce qui offre quelque difficulté au familier des lieux.
Le panorama va du pont sur la Durolle où passe l’actuelle RN 89 jusqu’à l’église Saint-Jean. On ne peut voir la colline Saint-Roch.
Le tableau restitue bien l’aspect général des maisons gravissant les pentes, uniformément de tuiles rouges, sauf couverts d’ardoises, la propriété Courcon, près de l’église du Moutier et l’immeuble Favrot (actuel Trenslivre).
La tour de l’Horloge, à gauche de Saint-Genès, est bien plus élevée qu’aujourd’hui.
Grâce à leur forte inclinaison, on distingue les toits aigus de l’hôtel du Pirou.
Les vignes, au premier plan à gauche, et dans la pente sous l’hôpital, rappellent que notre département était alors un des plus gros producteurs de vins en France.
Les sites habituellement les plus repérables, tels que Franc-Séjour et l’Hôpital, sont visibles, mais traités sans souci du détail.
En bref, un instant de la vie thiernoise, à l’orée de la III° République.
Qui était Blaise Lavelle ?
Comme nous l’avons dit Blaise Lavelle est né en 1816 à Meilhaud et décédé à Thiers le 27 février 1895.
Très doué pour la peinture, il monta vers 1848 à Paris où il étudia sous la direction de Picot.
Créateur et rédacteur en chef du Bon Sens, un périodique républicain thiernois, il fut déporté en 1852-53 en raison de son attitude lors du coup d’état de Napoléon III.
Professeur de dessin au collège de Thiers, il a présenté ses œuvres aux expositions de Thiers en 1865 et 1884.
Il était surtout connu pour de nombreuses toiles et gravures représentant Thiers.
Le musée municipal conserva son portrait de Giraud, maire de la ville en 1848-49.
Différentes vues de ce tableau panoramique vous sont proposées dans le portfolio ci-dessous
Panorama de Thiers peint vers 1885. Article paru dans LA GAZETTE du jeudi 16 septembre 1993, rédigé par Jean-Luc Gironde.