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Bye, Bye Tibériade de Lina Soualem

Dans son premier documentaire consacré à l’histoire de sa famille paternelle - Leur Algérie - Lina Soualem retraçait l’histoire de ses grands-parents algériens venus en France dans les années 50. Dans son deuxième opus, Bye, Bye Tibériade, la réalisatrice -fille des acteurs Zinedine Soualem et Hiam Abbass- s’est intéressée à la branche maternelle, via l’histoire de sa mère, de sa grand-mère, de ses tantes natives de Palestine. Lina dit, alors qu’on la voit toute petite dans les bras de sa mère, filmée en 1992 par son père « Toute mon enfance, ma mère m’a amenée me baigner dans ce lac comme si elle voulait me plonger dans son histoire (…) Je suis la première femme de ma famille à être née loin de cette terre et loin de ce lac ». Alors Hiam, se raconte, montre de vieilles photos : la grand-mère, l’arrière-grand-mère, les tantes … Un long voyage mémoriel commence, l’histoire d’une terre bien sûr à jamais marquée mais aussi celle d’une femme qui aura bataillé pour se libérer d’une société traditionnelle où le pouvoir du père ne se discutait guère. Leurs voix si particulières se répondent et aux travers de toutes ces femmes évoquées (Um Ali, Neemat), on devine un esprit de résistance, une force qui, comme un fil rouge, les unit les unes aux autres et dans le temps et dans l’espace. L’histoire de ces femmes découle bien sûr de la grande Histoire celle de la Nakba* en 1948 avec son cortège de malheurs : l’exil, l’arrachement, la spoliation … Bye, bye, Tibériade a obtenu une foultitude de prix et ce n’est que justice. Mais il ne faudrait pas croire qu’il s’agit seulement d’un album de famille : dans ce documentaire de 82 minutes, Lina Soualem, à travers des exemples si personnels, si intimes, parvient à toucher l’universel. C’est réellement un grand, grand film, bouleversant d’humanité. Vous aurez la chance d’y assister, dimanche 10 mars, à 17 h, et à 20 h 30, au cinéma Le Monaco à Thiers, en présence de la réalisatrice (projection également lundi 11 mars, puis toute la semaine suivante, du mercredi 13 au 18 mars) ; la veille, il sera au cinéma Le Rio, à Clermont-Ferrand.

*Nakba : Signifie « la catastrophe » en arabe. C’est l’exode forcé des Palestiniens en 1948.

Jean-Luc Gironde