BRUGIÈRE - BARONS DE BARANTE - portraits IV
Du 23 au 25 mars dernier, 1350 lots de la bibliothèque du château de Barante – riche au XIXème siècle de quelque 60 000 ouvrages, ce qui en fit le fonds le plus important de France en mains privées- ont été mis aux enchères à Clermont-Ferrand. L’histoire de la famille de Barante est une histoire fascinante à laquelle, Georges Therre , professeur de Lettres en retraite et sans conteste le plus fin connaisseur de l’histoire thiernoise, a consacré une longue étude publiée par la Société des Études Locales de Thiers dans son bulletin N°54 de Janvier 2018. C’est cette saga que nous vous présentons au travers de huit portraits que nous publierons en plusieurs fois avec l’aimable autorisation de la SELT. Quatre textes suivront : le premier sur Barante au XXème siècle, le deuxième sur la bibliothèque du château, puis un texte sur les deux ventes aux enchères de 2016 et 2017, et enfin, le texte publié en introduction des trois superbes catalogues édités par l’étude de Maîtres Vassy et Jalenques, commissaires priseurs à Clermont-Ferrand, qui ont procédé à la dernière vente, les 23, 24 et 25 mars 2021.
À lire précédemment : BRUGIÈRE - BARONS DE BARANTE - portraits III
Claude-Antoine BRUGIÈRE de BARANTE (Lallaing 1851 - Paris 1925)
Petit-fils de Prosper et de Césarine de BARANTE, et fils de PROSPER II (qui fut préfet, député, sénateur), il a été employé à l’ambassade de Londres, sous-préfet, avant de se consacrer entièrement à ses travaux littéraires et historiques. Il a le culte de la famille, dont les phares sont Prosper, et l’extraordinaire bibliothèque familiale. Il écrit dans de nombreuses revues, et, grande tâche, il publie les Souvenirs du Baron de Barante son grand-père, de 1892 à 1900, en huit volumes. Grand bibliophile, il participe au moins à onze sociétés d’amis des livres, on lui doit la restauration du château de Barante, et c’est lui qui, en organisant, en une seule suite qui occupe tout la façade du rez-de-chaussée, la bibliothèque, s’applique à classer les 60 000 volumes amassés par dix générations. Chaque fiche, dit-on, est un monument d’érudition. Attaché à la famille de Louis-Philippe, il n’en recevait pas moins tous les hommes d’État sans distinction d’opinions. De son côté, son épouse, Louise LE BERTRE (1856 - 1936) à partir de 1895, a activement présidé à la transformation intérieure du château, mettant en valeur meubles et tableaux. De même, la chapelle, les routes du château, les terres agricoles, ont pris un nouveau visage. C’est donc à ce couple que l’on doit l’allure définitive du château et de ses dépendances, tels que l’ont connus les visiteurs avant 1914, et tels que nous sommes nombreux à les avoir vus plus récemment.
Prosper III de BARANTE, né à Paris en 1878, mort en 1939.
L’aîné des trois enfants de Claude et Louise de Barante a marché sur les traces de son arrière-grand-père Prosper. Il accumule les diplômes, voyage et embrasse la carrière diplomatique en 1901. On le voit successivement à Londres, Tokyo, Constantinople, Vienne, Buenos-Aires. Puis c’est le Maroc, à nouveau Londres en 1914, et Varsovie en 1919. À la mort de son père, il se retire avec le grade de Ministre plénipotentiaire. Dès lors, comme son père, il se partage entre les travaux historiques et les nombreuses sociétés de bibliophiles.
Ajoutons que les portraits que nous esquissons seraient bien pâles s’ils ne bénéficiaient des copieuses Notes généalogiques et biographiques sur les Brugière de Barante, que Prosper de Barante a publiées en 1936, en un volume de 91 pages tiré à ses dépens à cent exemplaires. La clarté et l’élégance de son style enchantent le lecteur.
Georges Therre
À suivre : BRUGIÈRE - BARONS DE BARANTE - Le vingtième siècle.