Accueil au jardin

Si j’avais été jardinier, je vous aurais parlé de la manière de cultiver les plantes mais je ne suis qu’un amateur de jardin !

Si j’avais été peintre, je vous aurais parlé des nuances et des couleurs du jardin, j’aurais même peut-être pu vous faire des aquarelles mais je suis daltonien ! De plus, le temps de la première exubérance des floraisons touche déjà à sa fin, comme vous, j’espère maintenant les excès, que dis-je les exubérances des fragrances du plein été, tout en sachant que l’espérance, si précieuse soit-elle n’est souvent qu’un charlatan qui nous trompe souvent.

Alors par quelques mots, je vais essayer de vous accueillir en vous faisant part de ma conception ou plutôt de ma perception des jardins car je suis de ceux qui croient que ces enclos sont des sanctuaires isolés et préservés d’un monde extérieur où sévissent trop souvent le bruit et la fureur. C’est dans ces lieux paisibles qu’il nous est permis de cultiver quelque chose d’irremplaçable : le beau ! Un concept mis en valeur par l’harmonie que nous savons y créer.
Le style du jardin n’a pas d’importance, il est le reflet de nos envies et de nos goûts. Quelques fleurs devant la porte, un jardin de curé, une grandiose perspective, un fouillis de jardin à l’anglaise en passant par les ambiances japonaises ou la plus classique des compositions, tous sont là pour donner du bonheur et de la paix pour l’esprit. Ces jardins, par l’intérêt, voire l’amour que nous leur portons, deviennent la réalité d’un monde à la fois naturel et domestiqué selon que nous les organisons et disposons à notre gré, pour notre bien-être et le plaisir des sens.

Je crois que le jardin nous mène par une sorte de rêverie bénéfique, par une promenade dans un ailleurs quasi sacré, propre à nous faire oublier un moment la dureté du temps. Espérons continuer longtemps à succomber au sortilège bénéfique des jardins en allant aux rencontres privilégiées qui existent entre les amateurs de jardins et les aménagements botaniques inattendus que nous pouvons y trouver.

Aimer manier, cultiver et choyer les plantes est pour les passionnés jardiniers une source permanente d’inspiration capable de mener à l’harmonie de l’être car ils agissent en magiciens de la nature capables de trouver dans la pénibilité de leur entretien un plaisir supplémentaire. Qui n’a pas éprouvé à la fin d’une journée passée à biner, à planter, à sarcler, à semer et enfin arroser les dernières plantations, ce plaisir unique de s’asseoir en contemplant l’œuvre accomplie ? Et déjà attendre ‘’ce qui va venir’’ car c’est là aussi un des plaisirs du jardinier.
Les jardins savent parfois être d’essence spirituelle imprégnés de senteurs et de silence qui ne sont pas sans rappeler la resplendissante image du Premier Jardin.

En plantant notre jardin, nous écrivons aussi notre ligne de vie, le soir et le matin, en le parcourant , nous faisons le plein de bien-vivre et quand l’adversité de la vie nous accable, nous pouvons y trouver un réconfort, parce que, comme le disait Alexandre Vialatte : ‘’Tout commence dans un jardin’’.

Alors, les jardins peuvent-ils nous rendre heureux ? Oui si l’on en croît le roi Louis le Grand qui en son temps, se promenant parmi les massifs de fleurs de Versailles en compagnie de son jardinier, eux deux, amoureux des fleurs et de leur mise en scène qui créèrent les plus belles réalisations dans ce domaine, au point d’impressionner même l’Empereur de Chine, lui disait : « Ah Le Nôtre vous êtes un homme heureux’’ !

Jean-Paul Gouttefangeas