Courtesserre ou Curta Serra : la commanderie du Château

A lire précédemment : Courtesserre ou Curta Serra : une bien belle histoire …

Deuxième partie

Château ou « maison forte » du village du Château

Le village :

Le village du Château, à 471 m d’altitude, se trouve à un kilomètre, au sud du bourg de Courtesserre et surplombe la vallée du ruisseau du Moulin de Layat, connu, en amont, sous le nom de ruisseau de l’étang de Saint-Flour.

Le village se situe avant celui des Batisses, dernier village de la commune de Courpière qui jouxte la commune de Trézioux.

Le château

Les habitants du village ont entendu parler de l’existence d’un château aujourd’hui disparu, mais peu connaissent son emplacement précis.

Il faut consulter l’ancien cadastre Napoléonien (*) daté de 1810 et accessoirement celui de 1991 pour le localiser.

Aujourd’hui, il ne reste qu’un terrain vague, relativement plat, tout au bout du village, à droite. Seules les traces d’un fossé comblé, au sud de la parcelle, sont encore visibles.

De l’ancienne construction rien n’apparaît en surface.

Une photo, prise au début du XX ème siècle, présente trois personnes qui posent devant un pan de mur relativement haut. On distingue une imposante ouverture.

Paul Valaude, professeur d’histoire au collège de Bellime, dans un article qui est consacré au château, dans les chroniques du GRAHLF, en 1998 tente une description sous le sous-titre :

Manoir ou château ?

« Nous pouvons l’imaginer en allant voir sur place deux commanderies qui se caractérisent par une grande unité dans l’architecture très influencée par un art de construction militaire, un plan carré, des bâtiments en hauteur avec tours et donjon. Ouvertures étroites, placées très hautes dans la muraille etc.
Nous voulons parler de la Commanderie hospitalière de Chauliac (ou de Chassaing) sur la commune du Broc, près d’Issoire et celle de Verrières dans la Loire
 ».



Commanderie hospitalière de Chauliac, Le Broc Issoire © page 43 article de Paul Valaude des Chroniques Historiques du Livradois-Forez N° 20 GRAHLF

Plus récemment, Lucien Drouot, en 2014, a recueilli, transcrit, dans NOTES ET DOCUMENTS du GRAHLF, document N° 8, des procès-verbaux de visites (1616,1642) qui nous permettent d’en savoir plus :

Samedi 8 juin 1616 :
« Avons visité le chasteau de ladite commanderie, fait en forme quarrée, entourné de quatre tours rondes et de faulces brayes alentour où il a quatre autres petites tours, entourné d’ung beau fossé remply d’eau à fond de cuve où il a une palle pour le vuyder ; et passant par un pont levis garny de ses brancards et chaines sommes entrés dans une petite basse-cour etc.  »

Le 12 juin 1616 :
« Sommes entrés dans la chapelle, toute carrelée, voultée et peinte de jaulne, bleu et rouge, une grande fenestre avec ses vitres peintes où est l’image de st Jean-Baptiste et les portraits de certains commandeurs etc. et n’y a aulcung clocher ny cloche »

Lundi 27 octobre 1642 :
« Sommes allés dans la basscour de lad. Maison au dessoubz de l’halle quy est au pié de la maison du mestayer etc. »
S’ensuit un inventaire des divers « bastiments contigus et en despandent : cuvaige, estables, éscurie et sa fenière, granges etc. »

Les commandeurs avaient, au château, leur propre chapelle placée sous le vocable de Saint-Jean le Baptiste, patron des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Au château le domaine agricole, exploité par un métayer, était entouré d’un verger, de vignes, de chènevières, d’un jardin à herbes, de prés et de terres labourées.
A noter, la présence d’un pigeonnier dans un des greniers.

Le château a donné son nom au village. Après La Révolution, il s’est appelé « Château Chalus » (**). Certains habitants, encore aujourd’hui, portent ce nom.
CHALUS, d’après Michel BOY (Page 96 Hors-Série N° 48 des Chroniques Historiques du Livradois-Forez : Les noms de lieux de l’arrondissement d’Ambert-2013) viendrait de Castellum qui désignait les aménagements fortifiés des débuts de l’époque féodale.

  • (*) Feuille DU CHÂTEAU (cote 55 FI 304 Archives départementales du Puy-de-Dôme).
  • (**) De même que le moulin du prieuré de Sauviat sur la Dore s’appelait « Moulin Chalus » après s’être appelé le moulin de l’oiseau à la Révolution.



A suivre :
-  Château et chapelle du village de Lodant,
- Eglise Saint-Martin du bourg de Courtesserre, bibliographie, archives et remerciements.