Transparents

Transparents. Ils vont devenir transparents les ministres. L’affaire Cahuzac a généré un tel séisme que le Président (normal) de la République a décidé que les ministres allaient illico presto rendre publique l’étendue de leur patrimoine. Après ce sera le tour de qui ?
La belle affaire de savoir que Mme Aurélie Filippetti est propriétaire de son appartement parisien de 70 m2, que Benoît Hamon pilote une modeste Opel Corsa ou que Mme Carlotti possède deux appartements, une maison et détient également des actions (quelque 2.500 euros), une assurance vie de près de 40.000 euros, cinq comptes courants ou d’épargne (près de 23.000 euros), et deux voitures. M. Fabius a aussi quelques tableaux de maître.
Et après... ça fait quoi à la personne qui est aux minima sociaux que de savoir ça ? Bel exercice de démagogie !
A ce compte là, on devrait leur demander s’ils roulent au diesel ou au sans plomb, s’ils font du vélo ou du roller pour gagner leur ministère, s’ils n’achètent pas de textile chinois, etc.
Il y a quelque chose de gravement poujadiste dans ce voyeurisme sordide. Cette transparence fait peur car elle confine à l’impudeur. Car au fond, on prend les enfants du bon dieu - en l’occurrence les citoyens - pour des canards sauvages. Personne n’est dupe que les plus hautes responsabilités de l’Etat sont confiées à des gens sortis des grandes écoles. Et qu’ils ne sont pas particulièrement malheureux ne serait-ce que par leurs émoluments. Le seul problème est celui de l’honnêteté. Cahuzac a menti sur son compte, il l’a lui même reconnu. Est-ce une raison de demander à toute la classe politique de se foutre à poil pour reluquer gratis ? La majorité des gens qui font de la politique - il y a quand même 36 000 communes en France - ne gagne pas un kopeck à s’occuper du bien public quand ils n’y sont pas de leur poche, se faisant engueuler par leurs administrés parce qu’un banc est bancale ou qu’un nid de poule tarde à être rebouché. Le vrai problème, ce sont toutes ces promesses que l’on fait pendant les campagnes alors que l’on sait très bien, ne pouvoir les tenir une fois élu. Pire, on fait ce qu’on l’on avait dénoncé. C’est ça le vrai mensonge, le vrai cocufiage qui alimente le « Tous pourris » et ce n’est pas de savoir qu’un tel ou une telle possède une belle maison qui va inverser la tendance. Le vrai mensonge, c’est de ne proposer que du rêve. Car la réalité est là et finit toujours par vous rattraper.

Une chronique de Jean-Luc Gironde.