Guillaume Antoniucci

Guillaume Antoniucci ne vous dit sûrement rien et pourtant ! Il est le créateur du couteau présent sur l’affiche Coutellia 2016. Son “Thiers” incrusté d’engrenage au look XIXème siècle a su séduire les organisateurs de l’événement.

Portrait paru dans CentralParc édition mai / juin 2016. Par Lucas FONTAINE

Ça a commencé comme ça. On s’est retrouvé dans un bistrot parisien alors on a bu et puis l’on a mangé. Et puis l’on a parlé, parlé… Guillaume Antoniucci est un être à part, une sorte d’Ovni dans le monde des couteliers d’art. Choisi pour dessiner le visuel de l’affiche du salon Coutellia 2016, ce garçon de 24 ans est né à Paris, vit à Thiers et travaille à Courpière. Etonnante et belle rencontre ponctuée d’une expertise en direct live du couteau d’un serveur et d’un coup de téléphone parce que Panda, sa chienne qu’il avait confiée à un ami pendant son court séjour parisien, s’était enfuie. Heureusement, on a fini par la retrouver… La vie coule dans cet homme de bien belle manière. Il parle vite, donne l’impression d’être incontrôlable, de se disperser comme une fleur de pissenlit disséminée par le vent. Une « pile » débordant de vigueur.
Et pourtant, Guillaume Antoniucci se connaît bien « ça m’arrive d’avoir des idées bizarres, un jour j’ai voulu faire un couteau avec une mâchoire mais c’est pas évident de plaquer une côte sur une mâchoire ». Sans doute !
C’est très jeune que Guillaume a commencé à se passionner pour la coutellerie : un opinel offert par son père, l’envie de voir comment ça fonctionnait, début d’une collection abondée à chaque anniversaire. Alors pour mieux comprendre la fabrication de cet objet extraordinaire qu’est le couteau, Guillaume rêve de devenir…armurier, parce que dans l’imaginaire de ce gamin parisien, un couteau ne peut être fabriqué que par un armurier ! Et puis, il apprend qu’un couteau, ben tiens, c’est fabriqué par un coutelier. Il dévore le manuel du coutelier de M.H Landrin et à 14 ans décide de partir à Thiers pour apprendre le métier.
Pas de bol, il n’a pas fini son cursus scolaire,- il était en 4ème- impossible dès lors de l’intégrer dans un CFA et il se retrouve à la case départ ! Pas démonté pour autant, il frappe à la porte des Compagnons du Devoir qui l’admettent et le mettent en apprentissage. « C’est auprès d’eux que j’ai appris la base, les rudiments, que j’ai appris à apprendre ». Viendra ensuite une longue période d’apprentissage à Thiers au Musée de la Coutellerie et chez Jean-Pierre Veyssere, célèbre coutelier thiernois à qui Guillaume doit beaucoup : « C’est Jean-Pierre qui m’a appris la finesse, qui m’a montré ce qui était minutieux, qui m’a donné confiance en me montrant que j’étais capable de faire quelque chose de bien. Moi, j’étais plutôt brut de décoffrage ! ». Pendant 9 ans, dans une cave mi-atelier mi-appartement, il travaillera sans cesse. Il fabrique des couteaux mais uniquement des fermants. Il leur donne des noms bizarres comme celui qu’il a baptisé Le Teigneux ! Une histoire de tire-bouchon… En fait, Guillaume Antoniucci croque la vie à pleine dent et en rit« Je fais ce que j’ai envie. Il y a un an et demi, j’ai décidé que je pouvais vivre de tout ce qui me passait par la tête. Par exemple, je suis en train d’apprendre la joaillerie, je me vois bien faire des bagues en damas, j’ai envie de fabriquer des arbalètes, des seringues vétérinaires hypodermiques parce que je trouve rigolo d’envoyer des seringues. Je réfléchis aussi à un pistolet qui enverrait des pics colorés. En fait, j’ai envie de vivre en m’amusant ! » Génial touche à tout qui doit en irriter plus d’un… ce dont il se contre-fout complètement. Et ce n’est pas son idée d’élever quelque 10 000 scarabées nécrophages dans un terrarium qui va le réconcilier avec ceux qui ne le comprennent pas. Le but : utiliser ces bestioles pour mettre à blanc des crânes d’animaux de manière impeccable. Les crânes deviendraient alors boîtes à bijoux ou marionnettes pour enfants ! Il s’amuse Guillaume, il cherche, il apprend, il invente. C’est un cabinet de curiosité à lui tout seul ! Dernier projet dans les cartons : « fabriquer un couteau capable de tirer des piles R6 parce que c’est pratique de pouvoir tirer des piles R6 en cas d’apocalypse et ce sont les seules qui correspondent au calibre anglais 51 Springfield ! ».Un brin provoc Guillaume ou alors gentil farfelu ? Ni l’un ni l’autre : il est d’une sincérité totale, se moque de l’argent, est très fâché contre ces laveurs de cerveaux qui pullulent depuis quelque temps et n’a pas envie de suivre un système économique qu’il ne soutient pas. C’est un jeune homme libre qui bouffe la vie et glisse ses rêves dans ce qu’il fabrique. Et puis il se projette toujours plus loin, rêve à cette Bretagne avec la mer, le souffle et ce sel qui sent la vie. Mais ça, c’est une autre histoire. Une histoire à écrire.
Guillaume est un insoumis. Ça méritait bien une deuxième tournée !

Guillaume Antoniucci a quitté Thiers pour s’installer à Courpière.
Tel 06 35 44 49 22

Coutelier, installé à Courpière.


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