Glozel, la drôle d’affaire

Lorsque, le 1er mars 1924, le jeune Emile Fradin ramena d’un champ qu’il venait de défricher à Glozel, près de Ferrières-sous-Sichon, dans l’Allier, des briques et galets gravés, des os taillés, des morceaux de poterie, il ne se doutait pas du séisme que sa découverte allait provoquer dans le monde scientifique et plus particulièrement chez les spécialistes de la préhistoire.

L’affaire dite de Glozel commençait. Et on y alla de bon coeur : articles de presse (pour ou contre) incendiaires, procès, re-procès … C’est que les enjeux étaient énormes puisque ces objets remettaient carrément en cause les assurances que l’on avait alors sur l’origine de l’écriture. En quelques mois, Glozel devint célèbre dans le monde entier. Emile Fradin accusé de contrefaçon par René Dussaud, conservateur au Musée du Louvre, porta plainte contre ce dernier pour diffamation et gagna son procès. Il fut également inculpé pour escroquerie mais bénéficia d’une ordonnance de non-lieu. Pendant des dizaines d’années la controverse de Glozel déchaîna les passions. En 1995, les conclusions menées sur la période 1983-1995 sous l’égide du Ministère de la Culture concluaient « qu’en l’état actuel des données, toute tentative de décrire et restituer une « civilation glozélienne » dans une perspective historique reposerait sur des bases extrêmement fragiles ». Il en aurait fallu un peu plus pour convaincre les nombreux « glozéliens » qui, loin des polémiques, souhaitent simplement savoir ce que signifie Glozel. Et là, le mystère demeure…

Pour bien comprendre cette passionnante histoire, il faut se plonger dans l’ouvrage remarquable publié aux éditions L’Aurisse intitulé Le temps enfoui – Glozel après-guerre. Il s’agit, toujours sous l’angle principal de l’histoire des sciences, de la suite de La préhistoire chahutée – Glozel (1924-1941) paru en 2003 aux éditions L’Harmattan.

L’ouvrage passe au crible une actualité sans cesse renouvelée, comme les tentatives de datation à partir des années 50, la promesse de nouvelles fouilles dans les années 80, des propositions récentes de déchiffrement du corpus glozélien ou encore l’émergence de structures associatives autour de Glozel.
Il est augmenté de quatre importantes annexes consacrées à l’historique des fouilles, aux causes d’erreur des datations des pièces de terre cuite, à la possibilité de datation des pièces en os, enfin à Glozel devenu référence culturelle avant-guerre.

Pour redonner la parole aux faits et replacer le débat sur le seul terrain scientifique, cette nouvelle étude a dû aussi tordre le cou à 40 ans de rétention et de désinformation. Car l’engagement de l’Etat au cours des quatre dernières décennies a contribué à stériliser la controverse en la réduisant à une simple bataille de communication. Pour ce faire, le recours à d’autres approches a été nécessaire, comme les techniques les plus offensives de l’investigation ou l’analyse critique du discours.

Ces travaux se sont appuyés, entre autres fonds, sur le dépouillement complet des volumineuses archives privées du Musée de Glozel et, non sans difficulté, sur l’accès inédit à des documents publics jalousement protégés. Ils ont également bénéficié du point de vue privilégié de l’auteur, témoin et parfois protagoniste de certains épisodes.

532 pages, 1411 notes livrant toutes les sources de façon à permettre au lecteur de poursuivre l’enquête, plus de 400 visuels dans 236 figures. Dos cousu pour une plus grande maniabilité de l’ouvrage, afin d’en faire un outil de recherche.

Ouvrage de Joseph GRIVEL, auteur de La préhistoire chahutée – Glozel (1924-1941), éditions L’Harmattan, 2003 et de Glozel avant Glozel – Confins et sanctuaires, éditions L’Aurisse, 2019.

Le temps enfoui – Glozel après-guerre peut être commandé sur le site internet de L’Aurisse.

L’auteur, Joseph GRIVEL

Né en Haute-Savoie
Études supérieures à Chambéry, Paris X, Aix-Marseille et Lyon
Docteur ès Lettres, agrégé de Lettres
Disciplines de prédilection : épistémologie et histoire des sciences
Poursuit à titre privé l’instruction du dossier de Glozel...

Le site internet de L’Aurisse

En photo, trois de découvertes de Glozel (dont l’urne en quatrième de couverture du livre), et une du champ de fouilles. Ces photos ont été prises par l’auteur, Joseph GRIVEL.