Billet vert : Viandes, la planète voit rouge
Que ce soit dit : l’homme est un carnivore, depuis la nuit des temps même à ce que l’on dit. Pour perpétuer la mémoire de nos ancêtres, nous en mangeons, donc, de la viande, et tous les jours qui plus est, nos ancêtres méritent bien ça.
Oui mais voilà, nos ancêtres, ils étaient quelques centaines par département à courir éperdument après des mammouths laineux surnuméraires. Aujourd’hui nous sommes plusieurs milliards, et le moindre de nos travers (de porc) peut avoir des impacts substantiels sur l’écosystème qui vent bien encore, pour quelques temps, nous abriter.
Il en va ainsi de la viande. Et parmi toutes les viandes, le bovin tient le haut du pavé.
Je vous propose donc aujourd’hui de nous pencher sur son cas.
Une consommation en hausse
Eh oui, car nos parents et grands parents, plus vertueux que nous, mangeaient moins de cette viande qui nous occupe. Entre 1950 et 1994, la production mondiale de viande a presque quadruplé, augmentant plus rapidement que la population humaine. Du coup aujourd’hui, le poids combiné des 15 milliards d’animaux de ferme que compte la planète est maintenant 1,5 fois supérieur à celui de la population humaine, ça pèse lourd.
En France, nous sommes passés entre 1950 et 1996, de 44 kg/an à 85 kg/an/habitant, soit environ 200g par jour.
Quant au lait, l’augmentation est forte elle aussi, due essentiellement aux yaourts.
Mais quelles sont alors les conséquences de tout ça ? C’est ce que nous allons voir.
Impacts sur l’homme
Cocktail minceur : cholésterol et obésité
Je ne vous apprends rien, la viande n’est pas vraiment un as de la diététique : excès de protéines, de lipides, et particulièrement d’acides gras saturés, sources du fameux "mauvais cholestérol", la viande contribue allègrement aux risques d’ennuis cardio-vasculaires, d’obésité, de rhumatismes... Plein de joyeusetés.
Plus funeste encore, une récente étude européenne signale 40 % de risques supplémentaires pour ceux qui mangent 200 g de viande par jour, par rapport à ceux qui en mangent une à deux fois par semaine de contracter un cancer du colon. La vilaine
Vecteur la faim dans le monde
C’est que la viande, il faut se souvenir qu’ilo y a un animal derrière, e que l’animal il faut le nourrir. Or ces bêtes là sont particulièrement gourmandes. Ainsi, il faut ainsi environ 6 kg de céréales pour produire un kilo de viande.
Et les vaches ne mangent pas que du blé, elles aiment aussi l’herbe juteuse de nos prairies. Ainsi,environ un cinquième des terres de la planète sert de pâturage, soit deux fois plus que la superficie consacrée aux cultures ( FAO, 1997 ).
Inégalités sociales
Et qui profite de ce détournement des cultures vivrières, je vous le demande ?
Ce sont évidemment les riches qui mangent le plus de viande, souvent au détriment des personnes pauvres qui dépendent de plus en plus, pour nourrir le bétail, de céréales dont ils pourraient s’alimenter.
Impacts sur pour l’environnement
Réchauffement climatique
Déjà, dans son ensemble, l’agriculture est responsable de 25% des émissions de gaz à effet de serre en France, plus que l’industrie, et ce essentiellement à cause de l’élevage.
Pour nourrir les bêtes, rien de tel en effet qu’une bonne agriculture intensive à base d’engrais et pesticides dont la fabrication consomme de l’énergie fossile.
Plus en aval dans la chaîne, les déjections et les flatulences des bestiaux produisent aussi leur lote de méchant gaz, méthane notamment, au pouvoir réchauffant 23 fois supérieur au CO2.
Au final, produire un kilo de boeuf engendre de 50 à 100 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que de produire un kilo de blé, et représente l’équivalent de 60 km en voiture. Un rôti, un aller/retour Clermont-Thiers.
Consommation de ressources
Qui dit vaches dit céréales, et qui dit céréales dit agriculture, et donc ce qui suit : il faut utiliser 500 l d’eau pour faire un kg de patates, mais de 20.000 à 100.000 litres pour faire un kg de boeuf avec des céréales venant de cultures irriguées.
Déforestation
Pour nourrir ces vaches et viandes sur pattes de toutes sortes, il faut de plus en plus de terre. Plus du tiers des forêts de l’Amérique centrale a ainsi été rasé depuis le début des années 60, alors que les pâturages ont augmenté de 50% ( FAO, 1990)
Impacts sur l’animal
C’est vrai, nous l’aurions presque oublié celui-là, quel importun. Qui se rappelle il est vrai, devant une barquette immaculée et plastifiée d’un supermarché au sol javellisé, que le morceau de viande qu’elle contient provient d’un animal qu’on a dû tué. Et qui parfois, a été élevé dans les conditions paradisiaques de l’élevage industriel. Les plus durement touchés sont les veaux et les vaches laitières, passant une bonne partie de leur vie dans des box exigus, sous une lumière artificielle, nourris d’aliments qui ne ressemblent plus que de très loin à l’herbe verte et joyeuse des pâturages.
Beaucoup des produits d’origine animale que nous consommons (yaourts, beurre, veau) traînent avec eux leur lot de souffrance animale. Mais cela se passe loin de nous, il est donc facile de l’oublier.
VOUS POUVEZ AGIR
Sans devenir végétarien, il est quelques efforts que nous pourrions tous faire sans trop se léser.
Remplacer une fois par semaine la viande du repas par des protéines végétales permet de réduire son empreinte écologique de façon substantielle.
Supprimer 2 steacks par semaine (soit 300 g par semaine) induit, à la fin de l’année, environ 50 kg d’économies en équivalent carbone.
Bonne journée forte comme un boeuf.
Un billet vert de Didier Schott sur la consommation de viande.