Exposition universelle de 1855 : deuxième partie

Exposition universelle de 1855. Rapport de M. le Cte Martha-Beker, approuvé par le comité du Puy-de-Dôme. Extrait. Auteur : Martha-Beker, Félix-Victor (1808-1885). Edité à Clermont en 1855.

La papeterie de Thiers

Cette fabrication, dont l’origine paraît être contemporaine de celle de la coutellerie, et dont l’importance est d’environ un million de francs par an, est à peu près restreinte aujourd’hui au papier à timbre, qui lui est concédé par le Gouvernement. Cependant on y fait aussi quelques autres variétés, spécialement le papier carton bois , dont M. Ballande-Fougedoire a envoyé une caisse. Son papier carton, ou carton bois, a beaucoup de consistance, la surface en est satinée, il est imperméable à l’eau. Fait avec 1/3 de vieux cordages et 2/3 de bois de saule ou de peuplier, il sert à la reliure, à l’encadrement des tableaux ; la colle y prend mieux que sur le carton ordinaire, il ne se tourmente ni ne se gerce, préserve de l’humidité les marchandises qu’il recouvre, et se vend 2 fr par 100 kg de moins que le carton ordinaire.

Couvertures de Maringues

Cette ville, dont la tannerie est l’industrie principale, ne sera représentée que par ses couvertures de laine. La fabrique de MM. Teissier et Cie, d’une importance de 150 000 francs par an, occupe 80 ouvriers, à l’aide d’une force hydraulique de 15 chevaux. Les quatre couvertures qu’elle expose se font remarquer par leur blancheur, par la bonté du tissu, la modicité des prix, ce qui leur permet de soutenir la concurrence, dans les qualités ordinaires, même avec les produits similaires anglais. Quant aux couvertures surfines avec dessins, elles se font sans recourir au mode dispendieux de la broderie à l’aiguille.

Rubans de laine de Courpière

M. Gatteirias-Giraud de Courpière expose cet article, qui offre les qualités signalées dans le ruban d’Ambert, solidité de l’étoffe et de la teinture.

Terres réfractaires

Le canton de Courpière livre au commerce un produit d’une haute importance pour l’art métallurgique et pour les verreries. Deux exposants, M. Dumas-Giraud et MM. Rocher-Cousin exploitent en grand, surtout depuis une quinzaine d’années, une terre connue sous le nom de terre réfractaire d’Auvergne , qu’ils tirent du terrain tertiaire ancien. Il n’en est point qui soit plus propre à la fabrication des creusets destinés à supporter les hautes
températures des feux de forge. Tous ceux qui sont initiés à la métallurgie connaissent les difficultés que l’art rencontre dans l’emploi des creusets. M. Maury, en 1827, a le premier reconnu les qualités réfractaires de cette substance. M. Dumas et M. Rocher ont donné une vive impulsion à cette exploitation. Ils ont à lutter contre des obstacles sans cesse renaissants, que leur persévérance sait vaincre. Les couches d’argile sont recouvertes par des
nappes d’eau considérables, le terrain mouvant cède sous les pas, écrase les puits et les galeries, s’ils ne sont exécutés avec beaucoup de soin et par suite à grands frais. C’est à Courpière que s’alimentent en creusets les aciéries et les verreries de la Loire , le Dauphiné, le Creuzot, etc. L’exploitation peut s’élever à 2 000 tonnes.

Tuiles romanes de Lezoux

Les tuiles romaines, exposées par M. Bonnefond de Lezoux , sont destinées à remplacer les tuiles plates et les tuiles creuses, en leur substituant un système de tuiles à fond plat, à rebord saillant, liées ensemble de manière à rendre tout déplacement impossible. Ce système offre des avantages réels, justifiés par l’expérience, et exige moins de pente que la tuile plate.

Vin mousseux de La Dore

Depuis plusieurs années, M. Constant se livre avec succès à la fabrication des vins mousseux dans la commune d’Escoutoux, sur les bords de la Dore. Leur réputation est due au choix des plants que cet habile agronome a tirés des crus les plus renommés, et à l’emploi des meilleurs procédés usités en Champagne. Ses vins blancs et ses vins roses ou ambrés peuvent rivaliser avec plusieurs
bonnes qualités de la Champagne, et la différence, le plus souvent imperceptible, n’est pas toujours à l’avantage de ces derniers. M. Constant fait chaque année un triage de 30 000 bouteilles qu’il livre au commerce au prix de
2 francs à 2,50. Une caisse destinée à l’Exposition universelle permettra de vérifier et justifiera cette appréciation.

À lire précédemment : exposition universelle de 1855, première partie

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