Le lilas pousse en avril

Je les hais ces jours qui ont changé nos jours. Rien ne va plus. Le lilas pousse en avril et les bistrots sont fermés. Les restos aussi. Et les librairies. On ne peut plus embrasser les gens que l’on aime, du moins ceux qui sont loin… si loin. On fait tout en virtuel, enfin, presque tout… Les ours n’aiment pas les fils de fer barbelés, les « ausweis » à présenter à la maréchaussée. C’est quand même une drôle d’époque où nous voilà obligés de sortir notre propre autorisation de sortie, dûment datée, signée, pour pouvoir circuler, aller acheter ses carottes et ses navets, voir son médecin ou promener son chien. Sans parler des masques qui n’ont pas l’élégance de ceux du carnaval de Venise et que l’on doit porter ou devra porter à moins que l’on ait encore changé d’avis, ce qui est fréquent en cette période. Il n’y a que mon chat ou plutôt ma chatte, Marcelle, qui se fout royalement de ce qui se passe vu qu’elle a l’habitude d’être confinée. Elle en a de la chance. Elle évite ainsi d’écouter les menteurs et menteuses de tout poil et de toutes les régions du monde qui après avoir dit une chose attendent le lendemain pour dire le contraire. Ça ressemble à un jeu sinistre. Et là, on peut donner la queue du Mickey à la porte-parole du gouvernement à qui l’on doit reconnaître une chose : elle est restée fidèle à son interview donnée à l’Express en date du 12 juillet 2017 où elle affirmait : « Pour protéger le Président, j’assume parfaitement de mentir » ! Il y a aussi les Chinois qui sont pas mal et le président américain décoloré Donald Trump qui s’interroge sur l’opportunité de mettre les malades au soleil ou de leur laver les poumons ! Et il ne rigole pas… Voilà le bateau ivre dans lequel nous sommes tous embarqués. Chez nous, c’est pas mal non plus : École, pas école, chloroquine, pas chloroquine, nicotine, pas nicotine, masque, pas masque, gants, pas gants… Pendant ce temps, plein de vieux sont morts seuls et les vivants qui les aimaient n’ont même pas pu les accompagner. C’est ça le monde de tout de suite. Et puis, il y a tous ces gens que l’on a envoyés au casse-pipe, sans protection aucune. Maintenant l’addition commence à être lourde. Mais tous les soirs à 20 heures on les applaudit. Et c’est bien. Ce sont les mêmes qui, il y a quelques mois réclamaient des moyens pour uniquement faire correctement leur travail. Ils avaient goûté des gaz lacrymogènes si ma mémoire est bonne !
Alors, le monde d’après … Sur les plateaux de télé, chacun ou chacune y va de sa recette. On n’a jamais vu autant de savants ou prétendus tels, donner leur avis. Le problème, c’est que beaucoup de ces gens souffrent d’ultracrepidarianisme. En clair, ils donnent leur avis sur des sujets sur lesquels ils n’ont aucune compétence. Mais ça passe, allez…
Marcelle, elle, a une autre idée. Elle pense bêtement (elle me l’a dit) que l’on devrait commencer par acheter des tomates ou des fraises quand c’est la saison des tomates ou des fraises, arrêter d’envoyer à pétaouchnok un sapin pour qu’il revienne après 15 000 km, transformé en table ou en parquet !

En fait, on n’écoute jamais assez les animaux et beaucoup trop les experts.

La chronique de l’ours, une chronique de Jean-Luc Gironde.