La peau des couilles.. ou l’appeau d’Hécouye ?

En automne 1820, le duc de Mirnouf, passionné de chasse, imagina qu’il devait être possible de fabriquer un outil capable de lui faciliter la tâche et rendre plus plaisante sa traque des animaux.

Il convoqua tous les artisans de la contrée pour les mettre au défi de concrétiser cette idée et fabriquer le plus inventif et le plus efficace des appareils.

A peine une semaine plus tard, un marchand du nom de Martin Hécouye, se présenta au château disant qu’il possédait ce dont le duc rêvait, appareil qu’il avait dénommé ’appeau’ (venant de ’appel’). Il obtint sans peine une audience auprès du noble et s’empressa de lui faire la démonstration de sa merveille.
Devant une assemblée dubitative mais curieuse, il sortit de sa poche un minuscule sifflet et le porta à la bouche pour produire un son bizarre qui aussitôt imposa le silence parmi les personnes présentes.
Quelques secondes plus tard, des dizaines d’oiseaux virevoltèrent autour de lui, attirés et charmés par cette étrange mélodie. Le duc imagina sans peine le profit qu’il pourrait tirer d’un tel accessoire. Il s’éclaircit la gorge et ne prononça qu’une seule phrase :
’Combien cela va-t-il me coûter ?’

Martin Hécouye, sûr de lui, répondit qu’il accepterait de se séparer de son ’appeau’ en échange de la moitié de la fortune de son interlocuteur. Cette requête fit sourire l’assemblée mais le duc garda tout son sérieux et accepta la transaction.

La nouvelle fit grand bruit et se répandit vite bien au delà des limites du duché :
’Un marchand avait vendu un sifflet pour une somme astronomique au Duc ! ’
Cette anecdote a subsisté dans la langue française pour qualifier les objets hors de prix, au travers de l’expression : ’Coûter l’appeau d’Hécoute’...

Un internaute averti nous signale qu’il n’en est rien, et que la véritable origine est la suivante :

Coûter/valoir la peau des couilles/fesses
Cette expression serait la déformation de "l’appeau d’Ecouille" ou de "l’appeau d’Ephèse". Mais c’est un vieux canular de potaches - la vérité est beaucoup plus triviale. Il suffit pour s’en persuader de consulter un des rares sites (Expressio) ayant relayé la véritable origine de l’expression ou de se pencher, comme nous l’avons fait, sur des ouvrages de référence en la matière.
Et que nous ont appris ces vénérables grimoires ?
D’abord que l’expression n’apparaît qu’à la fin du XIXème, sous la plume d’Alphonse Allais notamment (en 1897), et sous une forme raccourcie : "coûter la peau" (d’après le "Dictionnaire historique de la Langue Française"). Aucun lien avec un quelconque "appeau" donc, ni avec le Moyen-Age.
Ensuite qu’elle trouve sa forme étendue actuelle vers le milieu du XXème siècle. Ainsi, d’après le "Trésor de la Langue Française", l’expression "ça vaut la peau des fesses" est attestée dans un article du "Nouvel Observateur" du 12 janvier 1976. Claude Duneton et Sylvie Claval, les auteurs du "Bouquet des expressions imagées", l’ont retrouvée quant à eux sous la forme "ça coûte la peau des fesses" dans "Les Ruskoffs" de Cavanna, publié en 1979.
Cette extension de l’expression s’explique peut-être par contamination d’autres expressions comme "je vous attraperai par la peau du cul", qui se retrouve par exemple dans "Travelingue" de Marcel Aymé, publié en 1941 (d’après la deuxième édition du "Grand Robert"). A noter que ce type d’expression était déjà en usage du temps d’Alphonse Allais : on trouve la phrase "à moins que je vous prenne par la peau du cou" dans "L’Embrasseur", une histoire du recueil "A se tordre" publié en 1891.
Source : http://www.hoaxbuster.com/hoaxliste/canulars-linguistiques