Joli mois de Mai...

Mai bon dieu, mai c’est bien sûr !

Et qu’est-ce que c’est beau. Le lilas et son odeur que les parfumeurs essaient d’enfermer dans des fioles à je ne sais plus combien d’euros le millilitre. Honte à vous fesse-mathieu mercantiles qui emprisonnez les fleurs comme le génie dans la lampe d’Aladin. Le lilas, ça se mérite. On hume, on suit les fragrances et puis on coupe, avec délicatesse. On offre ou l’on met en vase. On peut même faire les deux. Tout dépend du degré d’intimité que l’on a avec la personne. Mais en mai il y a mieux : vous en connaissez beaucoup de mois qui commencent par un jour chômé ? Une bonne grasse matinée gratos, sans avoir le tôlier sur le râble, comme du temps où la vie était belle et douce, simplement parce que l’on n’avait pas besoin de la gagner, sa vie. L’ours –et seulement celui du Livradois-Forez- sait cela. Et il apprécie. D’abord pour des raisons personnelles –c’est le mois de son anniversaire- et puis parce que pour être honnête le mois de mai c’est, pour lui, toute l’année. Franchement, vous avez déja vu travailler un ours ? Peut-être sur des photos jaunies, un anneau passé dans les naseaux, avec au milieu une corde et au bout de la corde un quidam ? Généralement l’olibrius tortionnaire portait un chapeau et des sabots de bois. C’est dire si ça remonte à loin. Au moins au temps où il y avait des ours. Et fier qu’il était le dompteur, comme un bar tabac. Entre-nous qui était le plus fort, qui dépendait le plus de l’autre, l’ours ou le montreur d’ours ? Si vous trouvez la bonne réponse vous avez gagné le droit de revenir en deuxième semaine ou de contempler un tableau où l’on aperçoit un éléphant violet sur fond de paysage alpin. ( Il paraît – mais n’en parlez surtout à personne- que l’on compte réintroduire l’éléphant –celui d’Hannibal- dans les Alpes ! Le problème est que les seuls spécimens disponibles portent sur le flanc une marque de chocolat. Indélébile. Certaines vaches souffriraient du même mal. Les savants se perdent en conjectures. Les enfants aussi. On n’arrête pas le progrès. L’ours rigole.)

Ces digressions mises à part, l’ours se réjouit de la venue de ce joli mois. Il va enfin pouvoir chausser sa paire de tongs et se la couler douce au bord de la piscine, une bonne bouteille de Badoulin à portée de patte. Cette année, il a pour projet de s’acheter des lunettes. C’est qu’il veillit et comme il compte bien lire le journal pour connaître le nom du nouveau président, mieux vaut s’équiper. Déjà qu’il lui arrive de confondre le jour et la nuit, il ne manquerait plus qu’il prenne la droite pour la gauche !
Allez, mai c’est simple et doux comme une conjonction que l’on écrirait au singulier. Un peu comme le temps des cerises et ses pendants d’oreille que l’on mordrait à pleine bouche !
Tout un programme. Comme n’ont jamais dit les autres ! Et pourtant …

Jean-Luc Gironde