GEORGE ONSLOW 1784-1853, un Enfant du Pays

Compositeur demeurant à Clermont où il était né un 27 juillet, il avait épousé à Paris en 1808 Charlotte de FONTANGES qui lui survivra jusqu’en 1879. De cette union naîtront trois enfants Louis, Georgine et Henriette 1814-1883 mariée à Joseph de PIERRE 1808-1885, propriétaire du château d’Aulteribe, situé à deux heures de cheval de Thiers sur la commune de Sermentizon. C’est cette union qui explique la présence fréquente de George ONSLOW dans les murs de l’ancienne demeure restaurée et transformée dans le goût romantique de l’époque par ses enfants. Une grande partie des meublants du château provient d’ailleurs du fonds patrimonial du musicien dont le piano de 1846, ce qui n’a rien d’étonnant quant on sait qu’il possédait les châteaux de Chalendrat à Mirefleurs, où il aimait cultiver la vigne et de Pérignat sur Allier (aujourd’hui détruit) où il vivait en gentleman farmer, sans parler de ses appartements de Clermont où il résida, d’abord place Michel de l’Hospital puis plus tard au 2 de la rue B. Pascal où il décèdera des suites d’un accident de chasse. On notera au passage qu’un premier accident du même type survenu en 1829 le rendit sourd de l’oreille gauche, ce qui ne l’empêcha pas comme d’autres musiciens célèbres de composer de grandes œuvres musicales. Il évoque dans une de ses œuvres son drame dans un quintette au nom évocateur dit : ‘’De la balle’’ aux mouvements explicites qu’il nomme : Allegro, douleur, convalescence et guérison.

Ce n’est pas seulement Clermont et toute la région qui eurent à se louer de l’œuvre et de la personnalité de George ONSLOW, c’est tout un pays, voire au-delà des frontières, c’est tout le monde musical qui lui est reconnaissant. On sait que son génie de compositeur ne sera découvert qu’au-delà de sa jeunesse. Ce jeune homme issu de haute naissance anglaise avait reçu une éducation des plus complètes et accomplies en son temps : outre l’étude du piano et de la musique dans son ensemble, il étudia les mathématiques, l’histoire, l’escrime, l’équitation et le dessin. Deux de ses frères furent d’ailleurs de bons peintres très connus dont les œuvres sont recherchées en Auvergne.

Malgré toutes ces connaissances musicales et diverses, les parents ne lui reconnaissaient pas (dans ce milieu) une compétence professionnelle, tout au plus un talent de salon !

Alors qu’il ne s’était jamais produit dans un récital en tant que pianiste, il se découvre à 22 ans à l’aube du Romantisme un talent de compositeur. Il devient alors un maître de la musique de chambre alors que la mode et les goûts changent et que la musique instrumentale dite savante reste plus confidentielle. ‘’D’apprenti’’ en musique, il devient effectivement maître, il a pour amis MENDELSSOHN et BERLIOZ (entre autres). Son répertoire côtoie ceux de MOZART, HAYDN, BEETHOVEN. Au cours de sa vie il produira 4 opéras, 4 symphonies, 36 quatuors et 34 quintettes.

Comment expliquer une telle connaissance de ce monde musical et cet esprit créatif ? Curieusement, il la doit à l’exil de son père. Ce dernier Edward (1758-1829), descendant d’une lignée prestigieuse de l’aristocratie anglaise qui a donné à ce pays nombre de personnages politiques à la Chambre des Communes (entre autres) dut fuir son pays, suite à un scandale familial, pour s’installer à Clermont. C’est donc en Auvergne qu’il se maria à Rosalie de BOURDEILLE, riche héritière de la famille de BRANTÔME par la branche cadette de l’écrivain.

Durant la période révolutionnaire et la Terreur, Edward ONSLOW inquiété de par ses origines de noblesse fut suspecté d’activités contre-révolutionnaires et un temps emprisonné. Il dut se résoudre une fois de plus à l’exil jusqu’en 1806, bien qu’ami de COUTHON, franc-maçon dans la même loge que lui à Clermont-Fd.

George, le fils, fut emmené avec les bagages du père, il avait 13 ans. Pour ce jeune homme, ce n’était pas un exil mais plutôt une initiation, un long voyage d’étude de la musique à travers toute l’Europe : Londres, l‘Allemagne, l’Autriche, qui l’éduqua jusqu’à faire de lui l’instrumentiste chevronné qu’il était devenu à son retour à Clermont, à 22 ans, en 1806. Conscient qu’il manquait quelque chose à sa formation, il choisit d’apprendre la composition musicale auprès d’un grand maître : ANTON REICHA, celui là-même qui dirigea LIZT, BERLIOZ, FRANCK et GOUNOD.

Durant la plus grande partie de son existence le ‘’Beethoven français’’ put donner libre cours à son humanisme et à ses talents dans la société qui l’entourait. Membre de l’Institut et de l’Académie des Sciences et Belles Lettres de sa ville, en 1825, Chevalier de la Légion d’Honneur, conseiller municipal de Clermont, il fut aussi maire de Chalendrat. Dans le domaine musical, il était membre de la plupart des sociétés philharmoniques d’Europe, Londres, Berlin, Copenhague, Rome et créa celle de la capitale auvergnate en 1839, sous la présidence de Hippolyte CONCHON, alors malheureux maire de Clermont (victime de sédition). Les sociétés musicales aussi le sollicitèrent, notamment le cercle lyrique d’Aurillac. Il est alors au faîte de sa carrière lorsqu’il prend la tête de l’Académie des Beaux-Arts, succédant ainsi à Luigui CHERUBINI (1760-1842), ‘’l’homme aux 300 œuvres’’ le grand compositeur d’opéras qui, venant d’Italie, s’installa en France en 1787, pays qui lui fit des obsèques nationales.

George ONSLOW fut apprécié pour sa générosité dans tout le département, pour sa participation aux bonnes œuvres, donnant moult concerts de bienfaisance.

Doté d’un caractère courtois et affable, Georges ONSLOW fit rejaillir sur toute la région et au-delà tout le prestige de son nom. Nombre de municipalités donnèrent son nom à des rues, places et autres. Ainsi une esplanade à Mirefleurs, des rues à Clermont, Gerzat, Montpellier, Pertuis, un collège à Lezoux etc.

Il repose au cimetière des Carmes, sa tombe côtoyant celle de plusieurs grandes familles de l’Auvergne. On peut lire, inscrite sur sa pierre tombale cette épitaphe de 1829 empruntée à Hector BERLIOZ : ‘’Depuis la mort de Beethoven il tenait le sceptre de la musique instrumentale’’.

Il faut pourtant reconnaître que son œuvre (jugée difficile) fut un temps délaissée, alors que de son temps les plus grands interprètes puisèrent abondamment dans son catalogue de musique de chambre. Heureusement, depuis 1970, quelques partitions furent remises un peu sur les pupitres par quelques ensembles et interprètes : Laurent MARTIN en tête, CARL de NYS (1917-1996), musicologue, homme de radio et prêtre, les quatuors PARRENIN, de BUSSY, d’OXFORD. Mais parmi les noms de tous ces musiciens qui reviennent souvent dans notre région et bien au-delà, celui du grand pianiste Laurent MARTIN figure en bonne place, lui, qui sans compter participe à la diffusion du génie de l’œuvre de ONSLOW, en la sortant grandement de l’ombre. De très nombreux concerts eurent lieu à l’occasion de la commémoration des 150 ans de la mort du compositeur.

On peut dire pour conclure que George ONSLOW, un homme si attaché à son Auvergne était vraiment un ‘’enfant du pays’’.

Jean-Paul Gouttefangeas

Crédit photo Jean-Luc Gironde.